Rien ne semble pouvoir arrêter ou tout au moins freiner la spirale de l’importation à tout va à laquelle se livre les pouvoirs publics. Les derniers chiffres communiqués hier par les douanes mettent une nouvelle fois le doigt sur la plaie béante de l’économie algérienne : On ne sait quasiment rien produire en Algérie en dehors de la rente pétrolière !
En effet, la facture alimentaire a enregistré un boom durant les quatre premiers mois de 2013 avec un pic de 18,7% d’augmentation par rapport à la même période de l'année écoulée. Si sous d’autres l’attitude, la tendance est à la limitation au strict minimum des importations, en Algérie cela tient lieu de stratégie économique…
Les services des douanes expliquent cette folie à l’import par «une augmentation presque généralisée des importations du mois d'avril».
Et comme toujours depuis des décennies, il a été constaté que l’Algérie importe tout ce qu’elle mange. La facture des produits alimentaires, qui occupent la 3ème position dans la structure des importations globales algériennes, a bondi sensiblement à hauteur de 3,34 milliards de dollars (mds USD), contre 2,81 mds USD durant le même période de 2012.
Le mois d'avril dernier, aura enregistré un record en matière d’importation des produits alimentaires avec à la clé une augmentation de 36,2%, soit un total de 937 millions USD contre 688 millions USD durant le même mois en 2012, indique le centre.
Dans les détail, il y est précisé que quasiment tous les principaux produits alimentaires importés par l'Algérie en avril dernier ont augmenté «à l'exception du café et du thé» qui ont reculé de 36%, totalisant 21,9 millions USD.
On achète tout, on ne vend rien…
Dans le hit parade de ce bazar de l’import-import, les légumes secs tiennent le haut de l’affiche avec une hausse «la plus prononcée», commentent les douanes, de 91,2% pour un montant de 24,8 millions USD en avril dernier contre 12,9 millions USD au même mois de 2012.
Les importations de sucre ont aussi grimpé de 55%, pour une valeur de 141,9 millions USD, ainsi que celles des céréales, semoules et farines avec 40,5% pour 340 millions USD.
D'autres produits alimentaires ont aussi connu des hausses, à l’image des viandes (+9,74% à 18,48 millions USD) et des laits et produits laitiers avec une légère hausse de près de 2% totalisant 119 millions USD.
Désastre économique
Les douanes soulignent que «tous les groupes de la structure des importations ont également connu des hausses».
Et la plus «remarquable» augmentation, après celle des biens alimentaires, a concerné les biens d'équipement (+24,88% à 1,53 milliard USD), les biens de consommation non alimentaires (+19,43% à 965 millions USD) et enfin les produits destinés à l'outil de production (+6,57% à 1,39 milliard USD).
Les mêmes sources précisent que les importations réalisées en avril dernier ont été financées à hauteur de 50% par les lignes de crédits, soit une valeur de 2,42 mds USD (+24%), à 47% par cash, soit 2,28 mds USD (+16,7%) et le reste par le recours aux comptes devises propres et autres transferts financiers.
Plus généralement, les importations algériennes ont atteint 47,49 mds USD en 2012, enregistrant une légère hausse de seulement 0,51% alors que la facture des produits alimentaires avait baissé de 8,4% à 9,02 mds de dollars. Et voilà que celle-ci repart à la hausse de plus belle. De fait, le discours du gouvernement relatif à la limitation des importations s’avère trompeur. Les dispositions prises dans le cadre de la loi des finances complémentaires (LFC) de 2009, n’ont strictement eu aucun impact sur la facture d’importation de plus en plus salée.
Mais au-delà de cette saignée de devises pour des produits parfois de luxe, ces chiffres alarmants mettent à nue le désastre économique provoqué par l’usage qui est fait de la rente pétrolière.
Il est aisé d’imaginer les conséquences, si d’aventure les cours du brut venaient à chuter drastiquement. On n’en sera alors pas loin du scénario grec où les gens sortaient dans la rue ne trouvant pas quoi manger après l’assèchement des caisses de l’Etat.