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La diplomatie entre l’action et la réaction

27-04-2013 17:19  Rafik Benasseur

Une fois de plus le porte parole du ministère des affaires étrangères a pris sur lui de réagir au contenu il est vrai "explosif" du journal londonien "Al Quds Al Arabi", évoquant l’arrivée "prochaine" de 500 Marines et des avions militaires américains dans une base militaire en Andalousie pour surveiller la situation en Algérie.

L’information serait ainsi "totalement infondée et absurde", selon le département de Mourad Medelci et ne serait qu’un tissu d'inepties malveillantes et la référence fielleuse faite à la situation politique et à la stabilité en Algérie, est totalement infondée et absurde".

Soit. On devine que ce fameux article signé par un journaliste apparemment bien connu, a dû faire mal là haut, au sommet de la pyramide du pouvoir.

Le contraire aurait étonné les algériens dés lors que la substance sulfureuse de l’article d’Al Quds El Arabi inquiète au plus haut point.

En effet, découvrir qu’une puissance hégémonique comme les Etats-Unis, connue pour ses incursions sanglantes dans le monde ait mis ses troupes spéciales à un jet de pierre de nos frontières est loin d’être rassurant.

Il l’est d’autant moins que notre pays baigne dans une situation politique et sociale pour le moins confuse caractérisée par des déballages de scandales de corruption, et un flou pesant sur les prochaines élections présidentielles.

Ajoutez le fait que notre voisin de l’ouest ne nous fait pas de cadeau dans sa volonté de discréditer l’Algérie et pourquoi pas, semer la zizanie pour gérer comme il l’entend le dossier sahraoui.

Un ministère qui carbure en… diesel

Mais, gouverner c’est prévoir. Et ce genre d’attaques par presse interposée devrait être attendu et stoppé à temps. C’est la grande tare de notre appareil diplomatique qui développe un style de travail réactif au lieu d’être actif.

Ce brûlot d’Al Quds El Arabi est sorti mercredi dernier et son auteur est basé à Madrid. Que faisaient donc les représentants de l’Etat algérien à Londres et Madrid ? Bonne question, mais sans réponse.

Attendre trois jours après la publication de cet article au contenu gravissime pour réagir est en soi une preuve que le personnel diplomatique accrédité dans ces deux pays avait la tête ailleurs.

Sous réserves qu’ils aient donné l’alerte à la centrale, il s’agit bien d’une faillite en terme de communication. A moins que les responsables à Alger aient attendu la reprise des "infos" du journal londonien pour se décider à réagir.

La recette est simple : tant qu’aucun journal algérien ne relaie un article fâcheux sur le pays ou ses responsables, on fait comme si de rien n’était. Ni vu, ni lu ni entendu…

Tant çà vient d’ailleurs...

Mais dés qu’un canard reprend tout ou partie de la matière "incandescente" venue d’ailleurs, on s’empresse de démentir par le canal officiel de l’APS.

Et ce feuilleton de mauvais goût d’information-dementi, se poursuit depuis l’éclatement de la guerre en Libye. Faute de communication institutionnelle fluide et pérenne, le porte parole des affaires étrangères en est réduit à aller personnellement au charbon pendant que son ministre se pavane dans les salons d’honneur…

Sans doute que les efforts de M. Amar Belani sont méritoires et évidemment appréciés par les journalistes qui trouvent en lui la seule oreille attentive.

Mais il ne peut à lui seul, malgré sa bonne volonté, maquiller le fonctionnement "soviétique" aux affaires étrangères. Le fait est que ce département sensible était l’un des plus ouverts aux journalistes durant les années 90.

Chaque semaine un pool de journalistes y est accueilli pour un briefing hebdomadaire avec des spécialistes des dossiers. A l’époque on n'avait même pas besoin de démentis dés lors que les journaux avaient eux aussi leur "spécialistes", qui savaient faire le distinguo entre une information et une manipulation.

La nature ayant horreur du vide, la manipulation a investi insidieusement mais utilement le vide sidéral laissé par ceux qui sont payés pour défendre le pays. Réagir c’est bien mais agir ce serait mieux…



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