Faut-il se convaincre définitivement que l’Algérie est devenue une «maladie» bien marocaine ? Un fantôme que le royaume voit partout au point de développer une espèce de schizophrénie ? On ne peut s’empêcher de penser à une possible dimension pathologique de ce «tropisme»négatif du Maroc en direction de l’Algérie. Il ne se passe pratiquement pas un jour sans qu’un responsable du makhzen ne se fende d’une «éructation» contre notre pays, ou qu’un journaliste de palais ne trempe sa plume dans la haine crasseuse de l’Algérie pour montrer le plus platement possible son allégeance à son roi.
C’est à cet exercice indigne et ignoble que s’est livré le directeur général de l’agence marocaine de presse (MAP) M. Khalil Hachimi Idrissi. Dans un éditorial qu’il a signé jeudi 23 juillet et consacré aux «exploits» de la diplomatie de son pays à l’occasion de la fête du Trône, le porte-plume de M6, ne s’est pas gêné pour saucer sa littérature à l’argumentaire pour le moins aléatoire. Sans doute que pour Khalil Hachemi, la meilleure façon de défendre le royaume et son souverain, pour être dans ses bonnes grâces, c’est précisément de laisser couler sa haine sur l’Algérie.
Dans son long texte, le DG de la très royale MAP est ainsi revenu sur l’épisode du Conseil de sécurité d’avril dernier, qui a failli adopter une résolution prévoyant que la MINURSO puisse surveiller les droits de l’homme au Sahara occidental. Il se félicite de ce que «la diplomatie royale a sauvé la mise du pays au Conseil de sécurité des Nations unies» Mais Khalil Hachemi Idriss ne se contente pas de cette génuflexion. Pour plaire au roi, il a outrepassé les règles élémentaires de l’étique journalistiques et violé le sacro-saint principe du bon voisinage qui veut qu’on ne s’attaque pas aussi bêtement et (bassement) à un pays voisin.
Génuflexions à la diplomatie royale
«La diplomatie royale s’est érigée en rempart inexpugnable pour défendre les intérêts de la Nation lorsqu’il a fallu barrer la route à une manœuvre algérienne déguisée, maladroitement et insidieusement, en proposition américaine – un vrai cheval de Troie – pour introduire abusivement un instrument de contrôle des droits de l’Homme, dans la mission de la Minurso dans nos provinces du Sud. Cette manœuvre attentatoire à notre souveraineté nationale», puisque nos instruments nationaux, endogènes, perfectibles et transparents, sont suffisants, selon les normes internationales les plus avancées, a été avortée».
Ainsi donc, c’est l’Algérie qui était derrière la fameuse proposition d’élargir la mission de la MINURSO à la protection des droits de l’homme et non pas les Etats-Unis ! Si c’est le cas, il faut vraiment tirer chapeau à la diplomatie algérienne qui a fait chanter le géant américain… Aussi, soutenir que cette proposition est une «manœuvre attentatoire à notre souveraineté nationale», est totalement faux, dés lors qu’aucun texte de l’ONU ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Faut-il rappeler à M. le DG de la MAP que le Sahara occidental est considéré comme un «territoire non autonome» et que à ce titre, son pays ne fait que le coloniser.
La langue de caniveau
Mais passons sur ces coups de bluff d’un serviteur du monarque qui avait à coeur de montrer patte blanche en noircissant au maximum l’image de l’Algérie. Et à ce jeu là, ce Khalil Hachimi Idrissi aura dépassé les bornes de la bienséance ; jugez-en : «Il a fallu faire basculer la balance de notre côté même si on ne pouvait exciper ni d’une rente gazière aux dollars impérieux et acides, ni de promesses de gros contrats d’armements aussi dérisoires que rémunérant pour les intermédiaires, ni d’un budget d’État faramineux détourné des causes vitales et essentielles d’un pays appauvri, car spolié de ses richesses» écrit le journaliste de service. Et de se prosterner : «C’est, en fait – et c’est là où la notion de diplomatie royale prend tout son sens – le crédit personnel de Sa Majesté qui a fait la différence. Sa crédibilité personnelle».
M. Khalil Hachemi Idrissi qui a troqué sa fonction de journaliste contre le costume de porte parole du makhzen ou encore du palais royal, est assurément descendu trop bas dans la délation. «Ce sont les acquis de cette diplomatie royale qui nous permettent aujourd’hui de faire face aux crises quand elles surviennent, de gérer pacifiquement l’adversité paroxystique que nous inflige un voisinage irascible, d’élargir notre horizon vers des contrées heureuses et de multiplier les partenariats loyaux, équilibrés et mutuellement profitables».
L’AIPAC au secours de M6
Un propos bête, gratuit, disproportionné, et indigne. Il exprime une haine de l’Algérie dans laquelle il ne laisse aucune place à une éventuelle possibilité- du moins à moyen terme- de rouvrir les frontières entre les deux pays qui affole tant M6 et ses loyaux sujets corvéables à merci. Quant à ce prétendu «génie» de la diplomatie royale d’avoir empêché l’adoption d’une résolution contre le Maroc, le makhzen le doit surtout à son chéquier qu’il a sorti pour payer le puissant lobby juif américain AIPAC pour se payer ses services décisifs. Il suffit de consulter l’article de Mike Coogan sur le site d'information juif américain «Mondoweiss.com», pour comprendre comment et pourquoi John Kerry a fini par changer d’avis.
En effet, quelques jours après que Frank Wolf et Jim Mc Govern les deux coprésidents de la commission des droits de l’homme à la Chambre américaine des représentants, eurent envoyé leur lettre à John Kerry, une délégation composée de hauts responsables des services de renseignement et de sécurité marocains se sont rendus à Washington pour rencontrer des responsables du puissant lobby pro-israélien AIPAC, rapporte l'auteur de l'article.
Objet de la mission ? Bloquer le projet de résolution favorable à la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental. On aurait aimé que le patron de la MAP explique aux marocains que la diplomatie de sa majesté s’est, en réalité offerte les services du plus puissant lobby pro Israél au monde, l’AIPAC. Dans une telle démarche, il n y a eu ni «génie», ni «rempart», ni «crédibilité personnelle du roi». Il y a eu juste une liaison dangereuse d’un prétendu «Commandeur des croyants» avec l’entité sioniste qui prend en otage la politique étrangère américaine à l’égard du monde arabe et musulman. Cela ressemble à une haute trahison.