Les frictions au sein du Rassemblement national démocratique (RND) se font désormais entendre au-delà des murs de son siège national sur les hauteurs d’Alger.
Le chef des redresseurs, l'ancien ministre Yahia Guidoum, qui a réussi à avoir la tête de Ahmed Ouyahia en janvier dernier, commence à montrer des signes de colère face au coordinateur national, Abdelkader Bensalah. Ses griefs ? Il lui reproche de bloquer les instances du parti voire de le «saboter». Rien que cela ! D’après certains journaux, il lui aurait même lancé à la figure un cinglant : «Vous êtes un saboteur ! »
Il faut croire que la marmite du RND bouillonne en cette période de transition qui dure longtemps aux yeux de Guidoum et ses partisans.
Pour ce dernier, Bensalah et Ouyahia sont pratiquement les deux faces de la même médaille. Le chirurgien qui pensait pouvoir rapidement mener à bien son intervention sur un parti souffrant sous Ouyahia, s’aperçoit que ce dernier s’est multiplié dans tout le «corps» du RND. Les cadres des willayas fidèles de l’ex Premier ministre gardent en effet leurs fonctions au nez et à la barbe de Guidoum.
Ce dernier qui appelé à une purge en bonne due forme craint que Bensalah ne soit finalement un «homme» de Ouyahia, du moins son allié.
Le fait qu’il perde ainsi son sang froid est en tout cas significatif de la tension qui règne dans ce parti où le provisoire dure depuis six mois.
Yahia Guidoum est certainement dans son rôle d’exiger un retour à la légalité dans le fonctionnement du parti qui passe par l’élection d’un nouveau secrétaire général.
Les calculs de Bensalah, l’impatience de Guidoum
Cette revendication s’appuie sur un bon sens politique qui veut qu’un parti ne puisse fonctionner sans un chef de file dûment mandaté par les militants via un congrès électif extraordinaire.
Ceci dans la forme et les statuts. Mais Abdelkader Bensalah qui est aussi président du Conseil de la nation, c'est-à-dire le 3ème personnage de l’Etat, a certainement une autre feuille de route qui n’obéit pas aux mêmes exigences organiques.
En l’occurrence, le RND qui constitue avec le FLN, les deux béquilles politiques du pouvoir, n’est pas tout à fait libre de ses choix et décisions.
Dans un contexte politique marqué par la maladie du président, le Rassemblement national démocratique est appelé à jouer un rôle qui reste encore à définir en fonction de l’évolution politique du pays.
Si le président Bouteflika parvenait à reprendre ses fonctions normalement, le RND et son alter ego le FLN seront alors orientés dans cette direction. Dans l’hypothèse d’un renoncement de Bouteflika, les deux partis seront aussi invités à adouber politiquement l’heureux élu.
Il reste à savoir si Yahia Guidoum a compris ces enjeux politiques où veut-il justement peser sur la présidentielle de 2014 ?