La situation restait très tendue vendredi à Ghardaïa, où l’impressionnant déploiement du dispositif sécuritaire a empêché de nouveaux affrontements entre les deux camps qui, malheureusement, n’en ont pas encore fini avec l’envie d’en découdre. Depuis samedi, des interpellations ciblant des personnes supposées impliquées dans les troubles se ont poursuivies.
La communauté mozabite dans la diaspora, qui suit avec beaucoup d’inquiétude ce qui se passe sur place a rendu public un long communiqué, le deuxième depuis le début des événements, pour exprimer sa grande « désolation » et son « indignation » face à ce qui est qualifié d’ « escalade de violence contre nos concitoyens au M’Zab ».
Le communiqué signé par Abdellah Zekri, tout en condamnant « les actes criminels et ignobles a avec la plus grande fermeté », en appelle aux autorités algériennes pour « assurer la sécurité de tous les citoyens sans distinction ainsi que leurs biens et leur patrimoine ».
Le communiqué de la communauté mozabite en Europe revient dans une sorte de rappel des faits sur les actes de violence, leur genèse, leur propagation, les morts, les blessés, les dégâts, avec à la clé un climat psychologique empreint de « sentiments et d’animosité ». Par-delà le constat et les condamnations, les auteurs du communiqué posent surtout une perspective et proposent comme solution d’urgence « l’amélioration des conditions de vie des populations locales et la création de l’emploi ».
Dans le but de rétablir la paix, ils proposent un certain nombre de mesures qu’ils jugent « impératives », à savoir : lutter contre la crise du logement et la gestion catastrophique du foncier dans cette région, prendre en charge et indemniser correctement, dans les plus brefs délais, tous les sinistrés qui ont vu leurs biens pillés, saccagés et/ou incendiés, juger les éléments des forces de l’ordre et les autorités locales coupables de racisme et de discrimination, mettre fin à l’impunité des coupables conduisant à leur récidive.
Ils demandent aussi de mettre fin aux activités des groupuscules de débauche et de trafic de stupéfiants qui sèment la terreur et qui font de Ghardaïa une plate-forme tournante de ce trafic, démanteler les courants de pensées extrémistes et mettre fin aux appels incendiaires de représentants de certains discours violents, discriminatoires à l’égard de la Communauté Mozabite et au rite Ibadite.
Poursuivre les médias qui distillent la haine et sèment la discorde par des articles diffamatoires, qualifiant ce conflit de religieux et d’ethnique et accusant les Mozabites de séparatisme, créer de l’emploi aux jeunes désœuvrés résignés à vivre dans un désert aride, souffrant de chômage et de manque d’infrastructures, de loisirs et de centres culturels et enfin soulager les villes de la surpopulation dont elles souffrent pour atténuer la pression démographique en croissance constante.
Le communiqué demande en outre à l’Etat de faire preuve de grande « fermeté » afin de « rétablir la paix et éradiquer cette délinquance qui endeuille cycliquement les cités du M’ZAB, à parachever et à instaurer un Etat de droit, avec une justice forte et digne afin de rétablir la confiance dans les institutions de l’Etat de droit".
Les auteurs du communiqué demandent aussi « la libération de tous les détenus » mais rappellent surtout leur « attachement indéfectible et celui de tous les habitants de notre région à l’unité nationale, à l’indivisibilité du territoire. Jaloux de l’indépendance de l’Algérie chèrement acquise, nous rappelons que nous ne tolérerons aucune ingérence étrangère d’où qu’elle vienne dans les affaires intérieures de notre pays ».