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La commission technique de préparation des élections est-elle au dessus de tous soupçons ?

14-01-2014 16:28  Lila Ghali

Une première incertitude, parmi toutes celles qui entourent la drôle d’élection présidentielle du mois d’avril prochain, sera bientôt levée. En l’occurrence, la convocation du corps électoral qui devrait intervenir jeudi prochain, pour que le décompte des 90 jours fixé par la code électoral puisse commencer à partir de vendredi 17 janvier pour s’achever le jeudi 17 avril 2014 qui devrait être la date à laquelle les algériens se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président pour un mandat de cinq ans.

Il est donc attendu que le chef de l’Etat signe le décret de convocation du corps électoral ce jeudi, en vertu de la loi organique du 12 janvier 2012 relative au régime électoral et de son article 133 qui stipule que “sans préjudice des dispositions de l’article 88 de la Constitution, le corps électoral est convoqué par décret présidentiel, quatre-vingt-dix jours avant la date du scrutin”.

Dans la foulée de cette convocation, le président de la république signe un autre décret portant mise en place de la commission technique chargé du suivi logistique matériel et logistique de l’opération de vote en amont et en aval. Instituée sur instruction du président de la république, cette commission est composée généralement des représentants de tous les secteurs concernés par les élections, à savoir le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, le ministère de la Justice, du ministère des Finances et celui de la Communication. Ces ministères, qui seront en première ligne pour cette élection, sont aux mains des proches du président Bouteflika.

Départements ultra sensibles

Belaiz (Intérieur), Louh (Justice) et Messahel (Communication) sont nommés à la tête de ces départements ultra sensibles lors du dernier remaniement ministériel, alors que Karim Djoudi (Finances), réputé aussi homme de confiance du président, tient les cordons de la bourse depuis de longues années. L’autre institution qui aura un rôle majeur, c’est le Conseil constitutionnel confié à un fidèle d’entre les fidèles Mourad Medelci.

Pour revenir à cette commission « technique », elle est tenue de mettre à la disposition des candidats et des électeurs les moyens matériels et toute la logistique pour un scrutin "sans faille". L'une des principales missions de cet organe technique est l'opération de sensibilisation des nouveaux électeurs, les jeunes ayant atteint 18 ans d'âge pour les amener à s'inscrire sur les listes électorales et la révision de celles-ci.

Une démarche qui suit légalement la convocation du corps électoral. "Les listes électorales sont permanentes et font l'objet d'une révision au cours du dernier trimestre de chaque année. "Peuvent également être révisées, à titre exceptionnel, les listes électorales, en vertu du décret présidentiel portant convocation du corps électoral qui en fixe également les dates d'ouverture et de clôture", stipule l'article 14 de la loi du 12 janvier 2012 relative au régime électoral.

La commission doit mettre aussi à la disposition des postulants ayant manifesté auprès du ministère de l'Intérieur et des collectivités locales, leur intention de briguer un mandat présidentiel les formulaires de signature d'électeurs. Toutes ces obligations sont rappelées dans une longue dépêche de l’APS. Cette commission est présidée par le Premier ministre és qualité.

Mais dans le cas où ce serait le candidat du système, une hypothèse qui est entrain de faire son chemin, il devrait démissionner pour échapper à l’accusation de vouloir être juge et partie. Surtout que cette commission, toute technique et neutre qu’elle se veut être n’en suscite pas moins des réserves, voire des soupçons de la part de l’opposition.

Pour rappel, des partis politiques et des personnalités réunies, le mois de novembre dernier à Alger avaient rendu public un long communiqué dans lequel ils revendiquaient une commission de préparation indépendante de l’Administration. Demande rejetée aussitôt par Tayeb Belaiz, le ministre de l’Intérieur, au motif que l’organisation administrative et logistique des élections, dans tous les pays du monde échoit au Ministre de l’Intérieur qui a la haute main sur le fichier électoral, qui est un gros enjeu.

La mise en place de deux autres commissions composées des représentants des partis politiques et de magistrats, voulues par le pouvoir comme une garantie supplémentaire de transparence et de régularité des élections, n’a pas convaincu ces partis de l’opposition qui savent que l’issue des élections en Algérie a toujours été une affaire de l’Administration.



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