L’élection présidentielle du 17 avril prochain, marque un tournant qualitatif avec l’entrée en lice aujourd’hui de Ali Benflis qui a annoncé officiellement sa candidature à l’hôtel Hilton d’Alger, en présence de la presse nationale et internationale et des membres de son staff de campagne.
Son parcours politique, au cours duquel il a eu à occuper des hautes responsabilités dans les institutions de l’Etat (ministre de la Justice, directeur du cabinet du président Bouteflika, chef du Gouvernement, Secrétaire général du FLN) font de lui un candidat de gros calibre. Et son entrée en lice ne manquerait pas d’impacter positivement la présidentielle en lui conférant plus de crédit. Avec Benflis, comme candidat, force est de dire que les choses sérieuses commencent.
Cela ne veut pas dire que ceux qui avaient déjà annoncé précédemment leur candidature manquaient de mérite, loin s’en faut, mais à leur charge il faut dire qu’ils n’ont pas réussi à enclencher une dynamique. A l’exception notoire de Soufiane Djilali qui alterne, selon un plan de campagne savamment élaboré, meetings de proximité et interventions médiatiques.
Il est vrai qu’être candidat à la présidentielle suppose une véritable machine de guerre avec une logistique, des fiances et des hommes. Tout ce qui fait défaut à ces candidats que la presse algérienne qualifie de « lièvres », car il n’est pas dit qu’ils passeront tous l’épreuve fatale des signatures. Car la loi électorale fait obligation pour chaque candidat à la candidatures de collecter 60.000 signatures de citoyens dans au moins 25 wilayas à raison d'au moins de 1500 signature par wilaya ou, seconde possibilité, au moins six cents (600) signatures individuelles de membres élus d'Assemblées populaires communales, de wilayas ou parlementaires et réparties au moins à travers vingt-cinq (25) wilayas".
Ce qui n’est pas à la portée de la plupart de ces candidats dit « lièvres » dont beaucoup seront raisonnablement recalés à l’épreuve des signatures. A moins que l’administration ne décide de prendre les choses en main pour donner l’illusion de pluralité à cette présidentielle, au cas où les grosses pointures ne seraient pas nombreuses. Mais ce ne sera pas le cas pour Ali Benflis qui aura certainement l’embarras du choix entre les signatures des élus ou des citoyens.
Beaucoup d’élus FLN, y compris même au sein du Comité central et du Bureau politique actuels lui sont acquis même s’ils se sont gardés de la claironner publiquement. Des comités de soutien qui portent sa candidature activent déjà dans la plupart des wilayas. C’est dire que toutes ces exigences bureaucratiques ne sont que de simples formalités pour l’ex chef du Gouvernement qui n’aura pas de mal à faire valider sa candidature par le Conseil constitutionnel.
L’entrée en lice de Ali Benflis, au-delà de sa personne va probablement donner envie à d’autres vrais candidats, confinés jusque là dans une position attentiste. Verrons-nous dans les jours qui suivent d’autres poids lourds comme Mouloud Hamrouche, Said Sadi, Abderazzak Makri, entrer dans l’arène ? Pour plus de crédibilité de l’élection, c’est impérieux. Faute de quoi, ce sera alors un face à face titanesque entre Ali Benflis et le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, dont la candidature est quasiment acquise, les autres candidats auront participé pour l’histoire.