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L’informel, un marché de dupes

04-12-2013 15:44  Rafik Benasseur

Le ministre du commerce Mustapha Benbada est certainement celui qui "produit" le plus de promesses…non tenues. A chaque fois qu’il promet la disponibilité d’un produit, une pénurie survient presque mécaniquement !

Ce ministre a cette manie de s’avancer un peu trop avant d’être contredit par la vérité du terrain. Mais cela ne semble pas le gêner. Il vient de nous annoncer via son directeur général de la Régulation et de l'organisation des activités, que l’Algérie est en passe d’en finir avec les marchés informels.

A la bonne heure ! Sauf que les chiffres ronflons lancés en rafale par ce responsables sont pour le moins difficilement vérifiables. Il nous informe ainsi que plus de 800 marchés informels sur les 1.370 recensés à l'échelle nationale, ont été éradiqués depuis le début de l'opération de résorption de ces marchés, lancée en août 2012.

"A fin octobre 2013, 833 marchés informels ont été éradiqués sur les 1.368 existants et 17.577 sur les 40.000 intervenants dans ces marchés ont été redéployés dans de nouveaux marchés de proximité", a précisé à l'APS Abdelaziz Ait Abderrahmane, directeur général de la Régulation et de l'organisation des activités au ministère du Commerce.

Les trottoirs algérois sont toujours pleins…

C’est qui correspond à peu prés à 60% des marchés informels recensés. "Les grands marchés informels ont bien disparu. L'objectif d'éliminer l'informel ne sera atteint qu'une fois toutes les structures prévues par le programme sont réalisées" soutient euphorique, M. Ait Abderrahmane.

Or, la réalité est moins clinquante. Et si l’on devait prendre la capitale pour exemple, qui est la première ville visée par le fameux programme national d’assainissement des activités commerciales informelles, lancé en grande pompe, le constat est plutôt bien maigre.

Il suffit d’aller faire un tour du côté de Belouizdad (ex Belcourt), El Harrach, ou Bab El Oued et Kouba, pour voir qu les "professionnels" de l’informel sont encore bien là.

Hier, le grand boulevard qui sépare la cité AADL de Bab Ezzouar a été transformé en un gigantesque souk où tout se vendait et s’achetait.

Le pire est que ce marché hebdomadaire digne d’un bidonville, est situé à un jet de pierre du Grand Hôtel d’Alger (Mercure) et du centre commercial et des loisirs. Pour un étranger en visite à Alger, ce n’est pas très joli à voir…

L’UGCA corrige les chiffres du ministère

Aussi, les trottoirs ne désemplissent pas, également y compris au cœur de la capitale comme à la rue Larbi Ben Mhidi (ex rue d’Isly). Ce sont là de petits exemples qui battent en brèche les chiffres ronds balancés par des acres bien au chaud dans leurs bureaux.

A moins que cette activité commerciale sur la voie publique qui enlaidit nos rues, ne rentre dans le logiciel de l’informel du ministère du commerce. Le constat est certainement le même dans les autres grandes villes comme Annaba, Constantine, et Oran.

Skikda non concernée !

L'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) confirme d’ailleurs à l’APS que"près de 50% de marchés informels existent toujours selon les statistiques communiquées par nos bureaux régionaux".

Pire encore, son secrétaire général, M. Salah Souilah, ajoute que "certaines wilayas n'ont pas été concernées par cette opération d’éradication de marchés informels".

Il cite l’exemple de la wilaya de Skikda où "aucun marché n'a été éradiqué". C’est dire qu’au lieu de seriner des chiffres décalés, le ministre du commerce serait mieux inspiré de nous dire pourquoi cette opération peine à être efficace et à toucher toutes les villes.

Pourtant ces marchés informels causent une perte financière sèche de 10 milliards de d’euros par an à l’Etat. Où sont passés les 14 milliards de DA, dont 10 milliards par le ministère du Commerce et 4 milliards de DA par celui de l’Intérieur, mobilisée pour éradiquer ce phénomène ? Voilà la seule vraie question qui mérite une réponse.



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