Le Président de la république a présidé un conseil des ministres le 26 juillet 2020 afin d‘évaluer les effets économiques et sociaux de la pandémie du COVID-19, qui se font lourdement sentir en Algérie, plongeant le pays dans la récession, selon les données officielles du gouvernement, à l’instar de la majorité des pays du monde.
1.-Fin mai début juillet, la banque mondiale anticipait une récession pour l’Algérie en 2020 de moins 6,4% , le FMI plus de 5% et la Banque africaine de développement (BAD) plus de 4%. Selon les données de l’ONS publiées le 25 juillet 2020, au 1er trimestre 2020, l’économie algérienne a enregistré une croissance négative de -3,9 %, contre une croissance positive (+1,3%) à la même période de 2019 avec une baisse du taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures de l’ordre de -1,5% contre +3,6% à la même période 2019. Le secteur des hydrocarbures a ainsi connu une croissance négative de (-13,4%), contre (-7,1%) à la même période de l'année 2019 donnant cumulé une chute de 20,5%, les services marchands une baisse de (-2,8%) dont les transport et communications (-4,8% ), hôtels, cafés et restaurants (-2,7% ), commerce (-1,5% c) et les services fournis aux ménages (-1,8%)., les services non marchands avec une baisse de croissance de (-1,6%) , le secteur de l'Industrie (-0,5%) avec une exception , les industries agro-alimentaires plus 2,6%, des industries divers, le secteur de l'agriculture, sylviculture et pêche a ainsi enregistré un taux de croissance +2,3% mais paradoxe qui contredit les déclarations dues organisations patronales qui affirment que ce secteur est sinistré ,selon l’ONS le BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique) aurait connu une croissance positive de plus 0,8 Le Ministre des Finances, avait révélé le 18 juillet 2020 , lors de la rencontre du avec les partenaires sociaux et les opérateurs économiques, les pertes financières qu’ont encaissé certaines entreprises publiques suite à la crise du Coronavirus. : pour le secteur de la santé.12 milliards de dinars,, plus de 24 milliards de dinar au profil des familles nécessiteuses, plus de 3 milliards de dinar destinés au rapatriement des algériens bloqués à l’étranger, plus de 12 milliards de dinar en guise de compensation exceptionnelle au profil des agents de l’Etats. les pertes de certaines entreprises publiques, entre autres, SONELGAZ avec 6.5 milliards de dinar, SONATRACH avec 247 milliards de dinars et NAFTAL avec 20 milliards de dinars. Dans ce même contexte, le Ministre a mentionné également les pertes des compagnies aériennes algériennes, qui s’élèvent à plus de 16 milliards de dinar suite à l’annulation de 4357 vols en mars et avril derniers uniquement et que l’Algérie a contribué de 271 millions de dinars au profil de la coopération internationale pour la lutte contre la Covid-19..
Cela corrobore les prévisions de la loi de finances complémentaires 2020 qui se fonde sur le prix fiscal de 30 USD et sur le prix de marché de 35 USD est le prix au-delà duquel, si cela se réalise, le surplus sera versé au Trésor public, dans le Fonds de régulation des recettes. Cela montre la dépendance accrue vis-à-vis de la rente des hydrocarbures dont le prix échappe à toute décision interne représentant avec les dérivées 98% des recettes en devises. Les recettes prévisionnelles reculent à 5.395,5 milliards DA contre 6.289,7 milliards de dinars dans la LF initiale dont 1.394,7 milliards DA de fiscalité pétrolière et 4.001,1 milliards dinars de fiscalité ordinaire. Les dépenses du budget ont été revues à la baisse de près de 6% passant ainsi à 7.372,7 milliards dinars contre 7.823,1 milliards dinars dans la LF initiale dont 4.752,4 milliards dinars pour les dépenses de fonctionnement et 2.620,3 milliards dinars pour les dépenses d'équipement. Les dépenses de fonctionnement baissent (en dehors des salaires et transferts sociaux) de 141 milliards de dinars (près de -3%) par rapport à la loi de finances préliminaire de 2020, en raison de la baisse de 150 milliards de dinars des dépenses courantes, contre une hausse de 9 milliards de dinars destinés à couvrir la hausse du Salaire national minimum garanti (SNMG). Les dépenses d’équipement ont été réduites de 309 milliards de dinars (-10,5 %) pour passer à 2.620,3 milliards de dinars, contre 2.929,7 milliards de dinars dans la loi préliminaire. Toujours dans le cadre des restrictions, il est prévu une baisse de la valeur courante des importations de marchandises de 4,7 milliards de dollars, pour atteindre 33,5 milliards de dollars, plus la baisse de la valeur courante des services de 2,3 milliards de dollars qui ont fluctué entre 2010/2019 entre 9/11 milliards de dollars par an ( appel aux compétences étrangères. Mais le fait le plus important est la baisse des exportations d’hydrocarbures à 17,7 milliards de dollars, contre 35, 2 milliards de dollars prévus dans l’ancienne loi de finances. Le déficit budgétaire devrait atteindre -1.976,9 milliards de dinars, soit -10,4% du Produit intérieur brut (PIB) (contre -1.533,4 milliards de dinars, soit -7, 2% du PIB dans la loi préliminaire). la balance des paiements enregistrant un solde négatif de -18,8 milliards de dollars, contre 8,5 milliards de dollars dans la loi de finances préliminaire, alors que niveau des réserves de change devrait reculer plus fortement que prévu d’ici à la fin 2020 pour atteindre 44,2 milliards de dollars contre une prévision initiale de 51,6 milliards de dollars.
2.-Il est important dans le cadre d’une vision stratégique de relance économique, d’analyser l’impact de la baisse du taux de croissance en Algérie par exemple, sur le taux de chômage qui s’ajoute aux taux officiel au 31/12/2019, en distinguant les emplois dans les segments productifs et les emplois rente improductifs tenant compte de la forte pression démographique, plus de 43 millions d’habitants en 2020 et plus de 50 millions horizon 2030 qui nécessitera un taux de croissance entre 8/9% pendant plusieurs années afin d ‘atténuer les tensions sociales. Pour l’OCDE dans son rapport de mai 2020, une baisse d’un point de taux de croissance engendre un accroissement du chômage en stock de 350.000, Si l’on prend les données pour 2019, taux de croissance moyen de 2% en Algérie et celles la banque mondiale du 08 juin 2020 –moins 6,4% ( recul 8,4%) celles de la banque africaine de développement de début juillet 2020 – scénario pessimiste moins de -5,4% et modéré -4,4%, et les données de l’ONS de juillet 2020, de moins 3,9%, nous aurons un stock additionnel de chômeurs pour 2020 en Algérie qui varierait entre 2.500.000 et 1.800.000 Cela n’est pas propre à l’Algérie, Cette situation de l’économie mondiale a un impact sur l’économie algérienne sur le plan macro-économique et macro- social dont je recense sept impacts. Premièrement , sur le niveau des réserves de change qui étaient de 194 milliards de dollars fin 2013 et qui risquent d’être inférieures à 40 milliards de dollars fin 2020, le gouvernement prévoyant 44 milliards de dollars alors que la loi initiale 2020 adoptée en décembre 2019 prévoyait 51,6 milliards de dollars. Deuxièmement, sur le niveau de la balance des paiements, document de référence au lieu de la balance commerciale , incluant les sorties de devises des services avec un accroissement du déficit budgétaire que l’on peut combler artificiellement par une dépréciation du dinar en référence au dollar et à l’euro ( gonflé en dinars pour la fiscalité pétrolière et les importations de biens, pour ce dernier supporté en final par le consommateur. Troisièmement, sur la valeur du dinar corrélée à 70% aux réserves de change , permettant une épargne forcée et permettant d’augmenter artificiellement la fiscalité hydrocarbures (exportation des hydrocarbures en dollars reconvertie en dinars dévalué et la fiscalité ordinaire via les importations selon les mêmes mécanismes, voilant l'importance réelle du déficit budgétaire Pour preuve le cours officiel du dinars par rapport à l’euro se rapproche fin juillet 2020 de 150 dinars un euro et avec des réserves de change de 10/20 milliards de dollars le cours officiel du dinar algérien dépasserait 200 dinars un euro, en cas d’une non dynamisation des sections hors rente, la valeur d ‘une monnaie reposant avant tout sur la production et la productivité.
Quatrièmement, nous aurons un impact sur le rythme de la dépense publique qui détermine fondamentalement le taux de croissance avec les effets indirects à 80% important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. Environ 83% de la superficie économique est constituée de petits services/commerce, et le secteur industriel pesant moins de 6% du PIB) Cinquièmement, sur le niveau d’inflation qui est actuellement compressé par les subventions, la cohésion sociale étant assurée par les transferts sociaux, mais intenable dans le temps sans le retour à la croissance. Sixièmement, l’impact sur le niveau de création d’emplois pouvant conduire à d’importantes tensions sociales, voire politiques ayant privilégié jusqu’à présent non les emplois productifs et mais les emplois rente, avec la pléthore dans les administrations, les sureffectifs dans les entreprises publiques et les emplois temporaires en partie improductifs comme faire et refaire des trottoirs. Car, le taux d’emploi étant fonction du taux de croissance et des structures de productivité , devant s’attendre à un accroissement du taux de chômage ( plus de 15% en 2021 selon le FMI) , en tenant compte que sur plus de 12 millions de la population active en 2020, plus de 40% de l’emploi est dans la sphère informelle souvent sans protection sociale, devant créer plus de 300.000 emplois par an qui s ‘ajoute au taux de chômage actuel nécessitant annuellement sur au moins cinq années un taux de croissance de 8/9%. Septièmement, sur l’extension de la sphère informelle, ayant j’ai eu à diriger pour le 4ème Think Tank mondial l’Institut des relations internationales IFRI,-Paris, décembre 2013, c’est un dossier complexe, devant distinguer la partie dinars de la partie devises l’étranger devant méditer l’expérience des mesures passées qui ont été un véritable échec selon l’avis de la majorité des experts financiers, dont certains oligarques rentiers en ont profité ayant joué sur la distorsion des taux d’intérêt banques faible /Trésor ,plus élevé, puisant non dans leurs fonds mais dans celui des banques publiques, n’ayant pas réussi à intégrer le capital argent de la sphère informelle. En période de crise et c’est une loi universelle applicable à tous les pays, cette sphère s’étendant et son intégration dépend fondamentalement du retour à la confiance et d’une nouvelle régulation d’ensemble tant de la société que de la politique socio-économique. La sphère informelle contrôle selon la banque d'Algérie plus de 33% de la masse monétaire en circulation, plus de 40/45% de l'emploi concentré dans le commerce, les services , les saisonniers dans l'agriculture, et plus de 50% de la valeur ajoutée hoirs hydrocarbures. Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l'effet inverse et lorsqu'un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation social, la société enfante ses propres règles pour fonctionner qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens, s'éloignant ainsi des règles que le pouvoir veut imposer reposant sur LA CONFIANCE. Sur environ 12,5 millions de la population active pour 44 millions d'habitant en mars 2020 environ 40/45% de la population active, soit 5/6 millions sont sans protection sociale rendant difficile leurs prises en charge Ils sont sans revenus pour bon nombre qui ont cessé leurs activités, sans compter que bon nombres de ménages vivent dans deux trois pièces plus de 5/8 personnes avec des impacts psychologiques avec le confinement. Et l'on devra prendre en compte, à l'avenir la réforme du système des retraites qui sera le grand défi des années à venir ; le vieillissement de la population, où la moyenne d'âge des deux sexes selon le rapport de l'ONU, 2018, est à environ 78 ans de durée de vie. D’où l’importance pour l’Algérie d’ éviter le mythe que les exportations de matières premières brutes et semi brutes, ne donnant pas de rente, mais un profit juste moyen, fonction de la rentabilité, ou le mythe monétaire ‘ financement non conventionnel qui risque de conduire à une dérive inflationniste , l’Algérie contrairement aux pays développés souffrant de rigidités structurelles et non conjoncturelles, devant comparer le comparable comme l’économie vénézuélienne et non les USA et l’Europe qui reposent sur une économie productive.
En résumé, une Nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle produit, donc attention à la dérive salariale que certains experts algériens ( vision populiste) qui pénalisera les couches défavorisées, sans relancer la machine économique .D’où l’importance de bien synchroniser le plan de relance économique autour trois axes directeurs : premièrement, il doit partir du général , du cadre macroéconomique et macro social interne, puis aux réseaux intermédiaires et enfin au niveau micro économique pour des projets fiables dans le cadre des avantages comparatifs, ne pouvant pas tout produire ; deuxièmement , une nouvelle gouvernance centrale et locale (moralité, communication transparente et compétence des dirigeants) ; troisièmement, plus de décentralisation et non déconcentration, à travers des réseaux et non plus avec l'ancienne organisation hiérarchique rigide tant de l'Etat que des institutions et entreprises ; troisièmement , impliquer pour la nécessaire cohésion sociale , la société civile ( entrepreneurs publics, privés ,banques, universités, centre de recherche, associations et rénover les partis politiques, loin des circuits de la rente . D’une manière générale, les gouvernants de la planète se trouvent confrontés à trois dilemmes. Le premier scénario est continuer le confinement quitte à étouffer la machine économique avec les risques neuro psychologiques et surtout le risque d’exploitations sociales pour ceux qui n‘ont pas de revenus et de protection sociale. surtout dans des pays où domine la sphère informelle. Le second scénario est le dé-confinement total avec le risque d’un désastre sanitaire avec des millions de morts, qu’aucun Etat et système sanitaire ne pourraient supporter avec le risque d’une déstabilisation politique de bon nombre de pays qui n‘ont pas d’assises populaire. La solution médiane est un dé-confinement progressif maitrisée conciliant l’aspect. Le choc de 2020 dû au coronavirus aura des effets durables sur l’économie du monde 2020 avec de sondes de chocs en 2021, sous réserve de la maitrise de l’épidémie le dernier trimestre 2020, un taux de croissance élevé en 2021 par rapport à un taux de croissance très faible en 2020 donne en termes réels un taux de croissance faible en 2021. L’Algérie fortement connectée à l’économie mondiale via la rente des hydrocarbures, qui lui procure directement et indirectement 98% de ses recettes en devises ne fait pas exception, d’où l’importance des stratégies d’adaptation réalistes, une meilleure gouvernance et plus de rigueur budgétaire.
Le 26/07/2020
ANNEXE TRES BREVE SYNTHESE
Selon le cabinet britannique de conseil en gestion des risques Verisk Maplecroft
Impact de l’épidémie du coronavirus : tensions sociales à travers le monde fin 2020
Les possibles conflits sociaux « représentent un risque pour la stabilité intérieure des pays, à un niveau rarement vu au cours des dernières décennies », peut-on lire dans ce rapport du cabinet britannique de conseil en gestion des risques. Le second semestre 2020 s’annonce explosif, selon un cabinet d’étude des risques. De nombreux pays en Afrique et en Amérique latine pourraient connaître d’importantes mobilisations populaires en raison de la crise économique induite par le Covid-19 . Chaud devant ! La mise à l’arrêt d’une partie de l’économie mondiale risque de fortement augmenter les tensions sociales dans de nombreuses parties du monde dans les années à venir, . Les conflits sociaux « représentent un risque pour la stabilité intérieure des pays, à un niveau rarement vu au cours des dernières décennies », indique l’organisme.
Au total, 37 pays ont été identifiés « qui feront face à des troubles majeurs durant le second semestre 2020 ». La deuxième partie de l'année s'annonce compliquée au Nigeria, en République démocratique du Congo, en Iran, en Ethiopie, au Bangladesh, au Pakistan, au Chili, en Algérie, ou encore en Egypte. Des pays où d’importantes tensions sociales existent déjà et où les rapports entre les gouvernants et les gouvernés sont difficiles.
« Déclin économique ». La saison s’annonce notamment explosive en Afrique subsaharienne. Le nombre de manifestations risque d’augmenter « en raison du déclin économique, de la pauvreté et de l’incapacité à garantir des approvisionnements alimentaires adéquats », selon Verisk Maplecroft. D'importantes manifestations ont traversé récemment le Mali, où le pouvoir est contesté, notamment par l’imam Dicko. Sans surprise, en Amérique Latine, les troubles devraient notamment augmenter au Venezuela, en proie depuis de nombreuses années à une forme larvée de conflit civil entre le gouvernement Maduro et l’opposition.
Ces 37 pays font état d’un « faible taux de récupération », qui risque de les empêcher de traverser facilement les années à venir, et qui les placent face à un risque social pouvant éclater sur une période allant jusqu’à trois ans. Ce « faible taux de récupération » est défini par différents facteurs, comme le dynamisme économique, la force des institutions étatiques, la connectivité numérique, la sensibilité de la population, ou encore le risque de catastrophes naturelles ou d’attaques terroristes. Pour autant, d’autres pays plus riches devraient encore connaître d’importants mouvements sociaux. Ce serait notamment le cas des Etats-Unis, selon Verisk Maplecroft. Le pays a connu d’importantes mobilisations liées au mouvement Black Lives Matter, depuis la mort de George Floyd, un homme noir tué lors d’une intervention de police à Minneapolis. Les protestations pourraient reprendre sur fond de chômage de masse lié à la crise économique.