Les dirigeants de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) tiennent, samedi à Abidjan, un sommet extraordinaire sur le Mali pour "accélérer" l’envoi d’une force d’intervention dans ce pays dont le Nord est occupé par des terroristes depuis neuf mois.
Ce sommet revêt une "importance particulière", au moment où l’Afrique de l’Ouest se mobilise pour déployer, sur le terrain, au Mali, les premiers éléments de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), telle que définie par la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU.
Le calendrier du déploiement de cette force sera au cœur du sommet extraordinaire de cette organisation régionale dans la capitale ivoirienne.
"Nous allons voir avec nos amis africains comment accélérer la mise en place de la Misma", avait déclaré vendredi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui devait représenter au sommet d’Abidjan le président François Hollande en tant qu’invité.
Le calendrier du déploiement au cœur du sommet
Quelque 2.000 membres de la Misma, dirigée par un général nigérian, Shehu Abdulkadir, doivent être déployés au Mali d’ici au 26 janvier.
Huit pays ouest-africains - Nigeria, Togo, Bénin, Sénégal, Niger, Guinée, Ghana et Burkina Faso - plus le Tchad ont annoncé leur contribution à la Misma.
Au total, 5.500 soldats du continent africain seront déployés au Mali, pour prendre à terme le relais de l’armée française intervenue dans le pays le 11 janvier à la demande de Bamako.
Vendredi, une réunion au niveau ministériel de la Cédéao s’est tenue dans la capitale ivoirienne pour examiner les conditions d’un déploiement "rapide" de la force ouest-africaine au Mali pour déloger les groupes terroristes occupant une grande partie de ce pays du Sahel.
"Il nous revient d’assurer très rapidement le déploiement effectif des troupes de la Cédéao pour renforcer le dispositif franco-malien", avait déclaré le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Charles Kofi Diby, à l’ouverture des travaux de la réunion ministérielle.
L’engagement de la France "nous interpelle sur la nécessité d’assurer très rapidement notre part de responsabilité", avait-il poursuivi.
"Tous les Etats de la Cédéao et du continent africain sont encouragés à s’engager dans cette guerre qui nécessite une mobilisation et une implication de tous en termes de ressources humaines, logistiques, techniques, sanitaires et d’échanges d’informations", avait encore souligné le ministre ivoirien des Affaires étrangères.
Par ailleurs, les premiers éléments de la force d’intervention ouest-africaine (Misma), une centaine de Togolais et de Nigérians, sont déjà arrivés à Bamako, tandis qu’une trentaine de Béninois étaient en route pour les rejoindre.
Volonté de la Cédéao d'accélérer le déploiement
La Cédéao a, à cet égard, affiché vendredi à Abidjan sa volonté d’"accélérer" le déploiement de sa force militaire sur le territoire malien.
"La guerre qui nous est désormais imposée par le refus des mouvements criminels et terroristes de l’offre de paix suffisamment portée par les efforts de médiation de la Cédéao exige de nous l’accélération du déploiement de la Misma", a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo.
Sur le terrain, l’armée malienne avait affirmé avoir repris jeudi "le contrôle total" de Konna, à 700 km au nord-est de Bamako, tombée le 10 janvier aux mains des terroristes ce qui avait précipité l’intervention française.
Cependant, la confusion régnait vendredi sur la ville de Diabali dans l’ouest, à 400 km au nord de la capitale Bamako. Vendredi après-midi, le ministère français de la Défense avait affirmé qu’il n’y avait "aucun combat à Diabali à cette heure", laissant entendre que cette ville n’avait pas été reconquise.
Peu auparavant, une source sécuritaire régionale avait confirmé les dires d’une élue locale selon laquelle Diabali était désormais sous le contrôle des forces maliennes.
Diabali a été bombardée à plusieurs reprises mardi dernier par l’aviation française, mais les terroristes ne l’avaient pas pour autant totalement quittée et, d’après divers témoignages, ils se faisaient discrets et tentaient de se fondre dans la population.
Dans cette zone se trouvent un millier de "terroristes" appartenant aux "groupes les plus durs, les mieux organisés, les plus déterminés et les mieux armés", avait assuré le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. (APS)