Algérie 1

Icon Collap
...

L’Association algérienne contre la corruption(AACC) enfonce Khélil et Ghoul à l’ambassade US d’Alger

11-05-2013 17:03  Abbès Zineb

Au moment où la Justice algérienne donne l’impression d’être dans ses petits souliers, à propos des cas de Chakib Khélil et Amar Ghoul, ce dernier toujours en poste, l’association algérienne contre la corruption, attaque bille en tête.

Son porte parole en Algérie, le Dr Djilali Hadjadj, en appelle à la coopération des États-Unis. Il le dit sans détour dans un communiqué dans lequel il fait un compte rendu d’une rencontre, le 11 mai avec des diplomates américains à l’ambassade d’Alger.

"Le porte parole de l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), Djilali Hadjadj, a rencontré le 17 avril dernier, à leur demande, des diplomates de l’ambassade américaine, au siège de l’ambassade à Alger", écrit-il en expliquant que cette rencontre, à l’initiative de l’Ambassade US "entrait dans le cadre de la finalisation du Rapport annuel du Département d’Etat américain sur les droits de l’homme, l’AACC ayant été sollicitée pour ses analyses sur la corruption en Algérie, analyses rendues publiques et régulièrement mises à jour".

Le porte -parole de l’AACC, selon son compte rendu mis en ligne, a commencé par rappeler l’importance de la loi américaine de lutte contre la corruption de 1977 (enrichie et amendée depuis à plusieurs reprises) dans un contexte international marqué ces derniers mois par les révélations sur un nombre important de grands scandales de corruption transfrontalière où l’Algérie est citée notamment.

Cette loi c’est la "Foreign Corrupt Practice Act" (FCPA) - loi sur les pratiques de corruption à l'étranger -, loi américaine fédérale. L’AACC a rappelé à ses interlocuteurs que cette loi confie aux Cours américaines une compétence extraterritoriale pour juger les citoyens et entreprises américains qui auraient corrompu ou tenté de corrompre des fonctionnaires gouvernementaux étrangers, ou des candidats à des postes gouvernementaux.

Ce qui pourrait être le cas de l’ex ministre Chakib Khélil, ayant la nationalité américaine et possédant d’importants biens immobiliers aux USA notamment, cité dans plusieurs grands scandales de corruption, tant au niveau de la justice algérienne que ses homologues italienne et canadienne, pour le moment, et si les faits qui pourraient lui être reprochés s’avéraient exacts.

Chakib Khalil, ressortissant américain, est concerné par la loi de 1977 : les responsables de l’ambassade américaine en Algérie ont déclaré que cette loi s’applique de manière ferme, rapporte encore Djilali Hadjadj qui explique à ses interlocuteurs de l’ambassade US qu’au regard de l’opinion publique en Algérie, le gouvernement de Barak Obama semble protéger Chakib Khélil.

Pour l’AACC, il est évident que si des dirigeants algériens sont impliqués dans des actes de corruption et possèdent des biens aux USA - biens mal acquis -, la justice américaine pourrait saisir ces biens au regard des instruments internationaux existants, à l’image de la Convention de 2003 des Nations-Unies contre la corruption, Convention ratifiée par l’Algérie et les USA.

Dans la lutte internationale contre la corruption, la coopération et l’entraide judiciaire sont essentielles : faudrait-il encore, dans le cas de l’Algérie et des USA par exemple, que la volonté politique soit au rendez-vous au niveau des 2 parties en présence. Djillali Hadjadj, dans sa description de la rencontre fait état d’une question qui lui est posée sur le cas de Amar Ghoul.

"Et Amar Ghoul ?" demande une diplomate américaine, sous-entendant très certainement s’il est impliqué ou non dans des affaires de corruption, dont l’énorme scandale de l’autoroute Est-Ouest, d’une part, et si oui, comment et pourquoi échappe-t-il à la justice algérienne ?

La réponse de AACC "est sans équivoque" , selon son porte parole "Elle (AACC) s’est déjà prononcée publiquement à plusieurs reprises sur le cas Amar Ghoul. Lorsqu’il était ministre de la pêche et des ressources halieutiques, de 1999 à 2002, l’AACC avait publié une enquête sur la corruption dans la gestion de la pêche au thon, demandant que la justice ouvre une enquête, demande restée sans suite alors que les faits étaient accablants.

Plus grave, Amar Ghoul, au lieu d’être démis de ses fonctions, fut promu ministre des travaux publics, puis éclata en 2010 l’affaire de l’autoroute Est-Ouest, toujours pendante devant la justice. Toujours selon le point de vue de l’AACC, à partir du moment où un nombre importants de hauts fonctionnaires de ce ministère et de l’Agence nationale des autoroutes sont poursuivis par la justice, ce ministre, dans l’hypothèse qui lui serait la plus favorable – mauvaise gestion et incompétence -, aurait dû de lui-même quitter le gouvernement".

Au-delà des cas de Khélil et Ghoul, l’AACC a rappelé le haut niveau de corruption à tous les étages des institutions de l’Etat, dans le secteur économique et commercial – public, privé national et étranger ; insuffisance du dispositif de prévention et de lutte contre la corruption ; absence de l’indépendance de la justice, etc.

Ce qui a amené , selon Djilali Hadjadj, ses interlocuteurs américains à s’interroger"sur l’existence d’une volonté politique à lutter contre la corruption, sur l’étendue de la corruption dans le secteur de la justice et chez les magistrats, comme ils se demandent si les révélations des grandes affaires de corruption obéit plutôt à des règlements de compte au sein du pouvoir dans la perspective des présidentielles de 2014".



Voir tous les articles de la catégorie "Actualité"