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L’armée égyptienne déloge les islamistes des places publiques sur fond de condamnation internationale

14-08-2013 17:16  Abbès Zineb

Le gouvernement provisoire égyptien, face à l’entêtement des partisans du président déchu, Mohamed Morsi, a été contraint d’opter pour la manière forte pour évacuer les places publiques occupées depuis plus d’un mois. Cette action de l’Armée et de la Police devenait impérative face à la menace du blocage économique et administratif du pays. Cette évacuation, qui vient mettre fin à un état de désobéissance islamiste, s’est soldée malheureusement par la mort de 124 personnes, selon un bilan du ministère de l’Intérieur, alors que la propagande islamiste via ses relais médiatique fait état de milliers de victimes.

Dans la foulée de cette évacuation, qui constitue un nouvel épisode dans le bras de fer qui oppose aux autorités de transition les frères musulmans, décision est annoncée d’instaurer à partir de ce soir des couvre-feux au Caire et aux provinces de Guizeh, d'Alexandrie, de Beni Sueif, de Minya, d'Assiout, de Sohag, de Quena, de Fayoum, de Beheira, du Nord et du Sud-Sinaï, Suez et Ismailia. Toute personne qui ne respecterait pas cette mesure s'expose à une peine de prison, a averti le gouvernement.

Peu auparavant, la présidence a décrété l'état d'urgence pour un mois dans le pays. L'état d'urgence est entré en vigueur à 16h00 locales (14h00 GMT), a-t-elle annoncé dans un communiqué lu sur une chaîne de la télévision publique. Le président par intérim, Adly Mansour, , "a donné pour mission aux forces armées, en coopération avec la police, de prendre toutes les mesures nécessaires pour maintenir la sécurité et l'ordre ainsi que pour protéger les biens publics et privés et les vies des citoyens", selon le communiqué. "La sécurité et l'ordre dans la nation sont en danger en raison d'actes de sabotage délibérés, d'attaques visant des bâtiments publics et privés et de la perte de vies humaines, des actes perpétrés par des groupes extrémistes", selon la présidence.

L’intervention des forces de sécurité pour déloger les islamistes des places publiques a eu également pour première conséquence politique la démission du vice-président, le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei. Un coup dur pour le pouvoir en place, sachant que El Baradei représentait une sorte de vitrine et de caution pour les autorités de transition."Il m'est devenu difficile de continuer à assumer la responsabilité de décisions avec lesquelles je ne suis pas d'accord et dont je redoute les conséquences", écrit-il notamment dans sa lettre au président Adly Mansour. Il y déplore les morts "notamment parce que je crois qu'elles auraient pu être évitées". "Malheureusement, ceux qui vont tirer profit de ce qui s'est passé aujourd'hui sont ceux qui appellent à la violence et à la terreur, les groupes extrémistes", poursuit-il.

Du côté des grandes capitales, l’action de l’armée égyptienne a fait l’objet d’un concert de condamnations. A commencer par les USA qui, tout en soutenant en sous main, les autorités de transition, dénoncent l’usage de la force dans l’évacuation des places publiques et cela au nom d’un légalisme de pure forme. "Les Etats-Unis condamnent avec force l'usage de la violence contre les manifestants en Egypte. Nous présentons nos condoléances aux familles des personnes tuées et aux blessés", a déclaré le porte-parole adjoint de la Maison Blanche, Josh Earnest."La violence ne fera que rendre plus difficiles les progrès de l'Egypte vers une stabilité durable et la démocratie, et elle contredit directement les promesses du gouvernement intérimaire de chercher une réconciliation" dans le pays, selon le porte-parole.

La France a pour sa part déploré "très vivement" ces violences, selon le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Vincent Floréani. "Il est essentiel que ces violences cessent et qu'une logique d'apaisement prévale. La France appelle les parties à faire preuve de la plus grande retenue et met en garde contre un usage disproportionné de la force", a ajouté le porte-parole.

De son côté le gouvernement turc qui avait qualifié de "coup d'Etat" la destitution en juin dernier par l'armée de M. Morsi, a exhorté la communauté internationale à faire immédiatement cesser le "massacre" en Egypte, dénonçant une opération "inacceptable" de la police, selon un communiqué du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan.

L'Iran a condamné aussi le recours à la force pour la dispersion des pro-Morsi. "L'Iran suit de près les événements amers en Egypte, désapprouve les actions violentes, condamne le massacre de la population et met en garde contre ses graves conséquences", a déclaré le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Pour sa part, le Qatar a souhaité voir les "détenteurs du pouvoir en Egypte éviter la solution sécuritaire face aux manifestations pacifiques et préserver les vies des Egyptiens". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné "dans les termes les plus fermes les violences qui se sont produites au Caire quand les services de sécurité égyptiens ont utilisé la force" contre les manifestants, selon un communiqué de son porte-parole Martin Nesirky.



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