Les « placements » de l’émirat du Qatar dans le domaine du sport tournent-t-ils au vinaigre ? Après le «placement Neymar» pour la somme de 222 millions d'euros versés en 2017 par les propriétaires qataris du club de football du Paris Saint-Germain au F.C Barcelone pour acquérir la star brésilienne (une opération qui a eu le succès que l’on connaît, à tel point que Neymar avait fait des pieds et des mains pour retourner en Espagne) voilà que d’autres placements sportifs internationaux qataris risquent de connaître le même sort funeste.
Le 3 octobre du mois en cours, deux responsables politiques français ont publié une tribune dans le célèbre quotidien parisien Le Monde demandant à leur équipe nationale de football de boycotter le Mundial du Qatar en 2022. «Nous voulons aujourd’hui tirer un signal d’alarme sur les conditions d’organisation de certains grands événements sportifs internationaux, car certaines réalités ne sont plus supportables : l’organisation par le Qatar de la Coupe du monde de football 2022 fait partie de celles-ci ».
Pour argumenter leur mise en garde, les signataires de cette tribune ont pris en exemple l’apparent fiasco des Mondiaux d’athlétisme qui se déroulent actuellement à Doha, la capitale du Qatar. Le journal électronique Mediapart a jugé, quant à lui, catastrophique l’organisation de ces Mondiaux d’athlétisme : «Ce devait être un moment de gloire pour le Qatar, et la preuve que le richissime émirat pouvait organiser la Coupe du monde de football en 2022. Mais les premiers jours de ces Mondiaux d’athlétisme de Doha ont tourné à l’humiliation publique pour l’émirat et la Fédération internationale d’athlétisme». Il a notamment souligné que «les athlètes étaient accablés par la chaleur et les stades quasiment vides».
Les argentiers qataris se sont donc apparemment leurrés en croyant que leurs faramineux placements dans le sport international allaient leur procurer un bon «retour sur investissement», y compris au niveau du respect que les puissants de ce monde sont supposés leur réserver en conséquence. Loin des Unes des journaux et des terrains de sport, loin de la planète de l'argent et des étoiles qui brillent furtivement, loin de la politique des parapluies protecteurs par mauvais temps et des soutiens achetés à des centaines de millions d'euros ou de dollars... Mais surtout très loin du malheur arabe d'aujourd'hui, très loin du rêve arabe brisé d'aujourd'hui, très loin d’un idéal arabe qui reste à inventer, ce genre de «placement» à la qatari n’est ni plus ni moins qu'un détournement de fonds arabe, une perte sèche pour le capital arabe, une nouvelle faillite de la Maison arabe.
De multiples exemples, notamment les achats massifs d'armes par les Arabes dans les pays occidentaux, prouvent que l'argent des Arabes est moins utile aux Arabes qu'à leurs ennemis, et souvent bénéficie davantage à leurs faux amis qu'à leurs propres frères. Les placements spectaculaires qataris dans le domaine du sport ne font que confirmer cette cruelle vérité.