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L’Après pétrole ce sera… le pétrole !

25-06-2013 15:43  Rafik Benasseur

Moins d’une semaine après la clôture du Forum économique du cinquanteraire du CNES qui a plaidé urgemment en faveur d’un nouveau modèle de croissance en dehors des hydrocarbures, le Premier ministre vient de ralentir la cadence.

«Nous n’avons pas peur de l’avenir, car nous avons le pétrole et le gaz, ainsi que les compétences qui nous permettent de travailler pour l’intérêt général», a-t-il déclaré depuis Souk Ahras où il était en visite.

M. Sellal qui a pourtant demandé et béni la réflexion du CNES de Mohamed Seghir Babes vient ainsi de tordre le cou à l’objectif majeur de ce colloque à savoir : «construire une plate-forme consensuelle pour un mode de développement durable pour l'Algérie post-2015».

Un mode de développement qui, selon les recommandations des 500 experts invités par le CNES, soit adossé non pas à la rente pétrolière mais à l’économie du savoir et à la valorisation des ressources humaines.

Un vœu pieux qui a résisté le temps que la grand-messe du CNES soit terminée et les invités soient repartis chez eux. Le Premier ministre ne semble donc pas s’inscrire dans une autre perspective de croissance que celle que procure exclusivement le pétrole et le gaz. Autrement dit, l’économie rentière à encore, hélas, de beaux jours devant elle aussi longtemps que les dollars «pétro gaziers» permettent de financer la nourriture des algériens sans grands efforts…

C’est le genre de déclarations qui a le don de dégonfler le moral des entrepreneurs et plus généralement de tous ceux souhaitent que l’Algérie produise autre chose que la rente du sol et du sous sol.

Ne pas avoir peur de l’avenir de son pays parce qu’il possède le pétrole n’est certainement pas une politique économique.

 Oublié, le colloque du CNES

Au mieux, c’est un discours populiste destiné à rassurer des algériens qui ne comprennent pas spécialement les enjeux économiques et qui nourrissent une peur des lendemains.

Au pire, il confirme que le gouvernement Sellal n’a finalement pas de cap stratégique ni de feuille de route pour inverser l’équation économique et mettre l’Algérie au travail.

A trop vouloir donner des gages que le pays fonctionne «normalement» voire «parfaitement» pour reprendre son adjectif du jour, le Premier ministre est retombé dans le piège de la politique rentière.

Les habitants de Souk Ahras et tous les algériens auraient sans doute aimé que Abdelmalek Sellal leur dessine des perspectives prometteuses de ce que son équipe pourrait réaliser. Ils auraient souhaité être rassurés que le pétrole et le gaz ne seraient dans un avenir proche qu’une valeur ajoutée à une économie algérienne enfin productrice de richesse.

Mais il semble bien, qu’il ne pouvait pas dire ce qu’il ne pouvait pas faire. En l’occurrence, l’après pétrole pour l’Algérie ne sera pas autre chose que le…pétrole.

Quand aux exégèses «strambologiques» sur «un autre modèle de croissance», «le pacte de compétitivité», « la réflexion stratégique», entendus lors du colloque du CNES, il sont juste destinés a bercer les algériens. Le gouvernement lui, vient de confirmer qu’il n’entend pas compliquer sa mission dés lors qu’il peut faire simple…



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