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L’Algérie s’en remet à l’OPEP

28-12-2014 18:28  Rafik Benasseur

S’il y avait besoin de fournir une preuve que le gouvernement algérien est pris de panique face à la chute massive des prix du pétrole, le ministre de l’Énergie et des mines vient de la donner. «L’Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et de défendre les revenus de ses pays membres », a déclaré aujourd’hui dimanche, Youcef Yousfi à l’APS.

On sait désormais que le ministre algérien a demandé, sans trop de conviction, à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), de réduire sa production pour enrayer la chute des cours. Or la réponse du cartel, dirigé de main de maître par l’Arabie Saoudite et ses voisins gros producteurs, est déjà connue.

La semaine dernière, le royaume wahabite, inféodé aux américains, avait catégoriquement exclu que le cartel réduise sa production. Preuve qu’il est illusoire d’attendre une bonne nouvelle de ce ténébreux royaume de l’intrigue, le responsable saoudien a tranché que les plafonds de production resteront tel quels  «même si les prix du brut tombaient à 20 dollars le baril».

Décodée, cette déclaration suggère que le pays des Al Saoud. se soucie moins des économies de leurs «frères» arabes que de ceux des Etats unis.

Pitoyable posture

En l’occurrence, l’effondrement des prix du pétrole clairement provoqué par les américains pour mettre à genoux la Russie, intraitable sur le dossier ukrainien, a toute les chances de se poursuivre sur de longs mois. Et tant pis si l’Algérie, qui n’est pas clairement visée, subisse les dommages collatéraux.

Parce que cette stratégie bien ficelée à Washington et appuyée par l’Arabie Saoudite et les monarchies du Golfe «américanisées» à ceci de particulier qu’elle pourrait faire tomber deux têtes. La Russie, cet empêcheur de tourner en rond en Ukraine et l’Iran qui est le fantôme de l’Arabie Saoudite surtout avec cette perspective d’un accord sur le nucléaire.

Il est vrai que l’Arabie Saoudite va perdre des milliards de dollars dans sa volonté de maintenir le plafond de production, et c’est là le prix à payer pour rester dans les bonnes grâces des américains. Faut-il rappeler que ce royaume vend son pétrole à moins de 30 dollars le baril sur le marché américain.

Il ne peut objectivement pas faire autrement compte tenu du fait que son avenir géopolitique dépend en grande partie de sa proximité voire sa servitude aux Etats unis.

Les Al Saoud regardent à New York pas à Alger

Le rapprochement des positions entre l’Iran et les USA empêche en effet les dignitaires saoudiens de dormir.

On comprend mieux pourquoi Riyad a catégoriquement écarté la réduction de la production OPEP pour relever les prix.

De fait, Youcef Yousfi semble prêcher dans le désert, au propre et au figuré, tant la «mercuriale» pétrolière est réglée non pas à Riyad ou Doha mais bien à New York.

Tout patriotisme à deux sous mis de côté, l’Algérie n’est clairement pas en position de hausser le ton au sein de l’OPEP. Yousfi a déclaré que l’Algérie «ne partageait pas» la prise de position des principaux producteurs. Or, la question est de savoir si elle a les moyens de leur imposer la sienne.

Si le gouvernement avait construit une économie hors hydrocarbures, il ne se serait jamais retrouvé dans cette pitoyable posture de quémander presque une petite faveur auprès de royaumes moyenâgeux dont l’amitié avec l’Algérie ne dépasse pas les limites des Salamalecs et autre rhétoriques poétiques de circonstance.

Le pouvoir est donc mal placé pour réclamer une bienveillance des autres du fait qu’il a été incapable de prévoir et éviter ce scénario catastrophe.



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