Il se confirme de plus en en plus que l’Algérie retrouve, fort heureusement, le continent africain qu’elle a déserté depuis des années. Et c’est tant mieux puisque il s’agit tout de même de la profondeur stratégique de notre pays s’agissant notamment du Sahel et du Sahara mais aussi l’Afrique de l’ouest. Il était grand temps que l’Algérie regarde un peu vers le sud et en finisse avec son tropisme européen.
On observe depuis quelques mois un véritable chassé croisé des chefs d’Etats africains à Alger comme jamais auparavant mis à part lors de la tenue du sommet de l’Union Africaine.
Aujourd’hui même notre pays accueille le président du Bénin, Thomas Boni Yayi qui effectue une visite d'Etat de trois jours en Algérie à l'invitation du président de la République, Abdelaziz Bouteflika.
Durant son séjour en Algérie, le président de la République du Bénin et sa délégation rencontreront des chefs d'entreprises et visiteront des installations économiques, précise la même source. Les entretiens entre les présidents Bouteflika et Boni seront aussi l'occasion pour les deux pays de «renforcer leur concertation sur des questions d'intérêt commun, notamment au niveau du continent africain» souligne un communiqué de la présidence.
Il y a quelques jours, l’Algérie avait accueilli le président du Niger, M. Mahamadou Issoufou, un pays hautement important dans la région de par sa proximité. Qu’il s’agisse de la lutte contre le trafic de drogue, du terrorisme et de l’immigration clandestine, le Niger et l’Algérie ont toutes les raisons du monde à s’unir pour faire face aux défis communs. «L’Algérie et le Niger conviennent de mutualiser leurs capacités opérationnelles face à la menace terroriste», a déclaré Mahamadou Issoufou à son arrivée à Alger.
Chassé-croisé de chefs d’Etats
Et d’ajouter : «Nous avons convenu de mobiliser et mutualiser nos capacités opérationnelles et de renseignements pour faire face aux menaces terroristes et organisations criminelles». M. Issoufou a en outre estimé l'issue d'un entretien avec le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika que l'Algérie et le Niger sont deux pays qui «partagent près de 1.000 km de frontières et qui ont de grands espaces désertiques dont il faut assurer la sécurité».
Et au-delà des échanges sur des questions sécuritaires d'intérêt commun, les deux chefs d’Etats ont aussi évoqué l’optimisation de la coopération bilatérale dans le domaine économique.
M. Issoufou a été précédé à Alger par son homologue sénégalais, le président sénégalais, Macky Sall arrivé fin janvier pour une visite d’Etat inédite de quatre jours en Algérie. Pays traditionnellement pro marocain, l’Algérie entend ainsi renouer avec le Sénégal qui est un acteur clé en Afrique de l’Ouest.
Même Dakar s’approche…
Et les entretiens avec le président Bouteflika semblent avoir enchanté Macky Sall par ce «retour» du Sénégal en Algérie. «Nous avons souligné la volonté de relancer les relations économiques, commerciales et d'investissement» a-t-il déclaré précisant que le Sénégal «n'a jamais eu de problèmes ou de contentieux» avec l'Algérie.
M. Sall s'était rendu à Oran où il a assisté à une séance de présentation des activités de la compagnie pétrolière nationale Sonatrach, suivie d'une visite des installations de la zone industrielle d'Arzew. Une activité qui souligne l’intérêt du Sénégal pour une coopération avec l’Algérie dans le domaine de l’énergie.Cette visite constitue en tout cas belle opportunité pour relier diplomatiquement et économiquement Alger à Dakar qui ne devaient pas être si loin que cela.
L’arrivée du président du Sénégal, fraîchement élu, en Algérie confirme si besoin le vif intérêt de la diplomatie algérienne de retrouver son punch en Afrique comme au bon vieux temps.
Faut-il rappeler que l’année 2014 a commencé par la visite du président malien M. Modibo Keita, pays où l’Algérie a joué et joue encore un rôle central dans la recherche d’une solution politique pour en finir avec la crise du nord. «Je viens pour prendre des nouvelles de l'aîné, surtout prendre conseil auprès de lui et, bien sûr, prendre des nouvelles de l'Algérie, pays ami et frère auquel nous lient l'histoire, la géographie et l'anthropologie», a déclaré Modibo Keita, au terme de ses entretiens avec le président Bouteflika.
Politique africaine
Une année plus tard (janvier 2015) le président du Mali a dit tout le bien qu’il pense de l’Algérie à l'occasion de la présentation de voeux au corps diplomatique accrédité à Bamako. Tout en remerciant l'Algérie pour son soutien «inestimable», il a renouvelé sa «gratitude et sa confiance totale» au président de la République Abdelaziz Bouteflika. «Nos frères algériens ont dirigé de manière remarquable la médiation internationale et la recherche active de solutions pacifiques et durables à la crise (au Mali)», a ajouté le président Keita.
C’est dire combien il est important pour l’Algérie de remettre les ponts vers l’Afrique; son milieu naturel où elle jouit encore du respect dans la majorité des pays.
Il faut souligner ici le rôle moteur joué par nos diplomates dans les quatre coins du continent pour remettre l’Algérie au devant de la scène. En plus du ministre Ramtane Lamamra et son collègue Abdelkader Messahel, l’Algérie a pu compter sur le Haut Commissaire pour la paix et la sécurité de l’U.A Ismail Chergui et le représentant du SG de l’ONU dans la région des Grands Lacs, M. Said Djinnit qui accomplissent un travail remarquable chacun dans son domaine.