La triche, la fraude, la dissimulation, la tromperie et le trafic en général sont devenus des «sports collectifs» en Algérie. Pas un secteur de la vie nationale n’échappe quasiment au virus du «faux». Ne pouvant obtenir son droit par les moyens légaux et licites, l’algérien recourt de façon Pavlovienne à la solution «D».
C’est la seule voie d’accès à un logement, à un concours, un privilège, et même un statut. Parfois, user du faux vise seulement à satisfaire un besoin banal, alimentaire… Comme par exemple, mentir sur le nombre d’enfants à charge pour obtenir une aide des services sociaux de la commune. Ce phénomène relève désormais de la sociologie.
L’Algérien est devenu hâbleur et tricheur. Il n’est jamais satisfait de ce qu’il a, et cherche toujours à avoir plus et de préférence à moindres coûts et surtout sans fournir d’effort. «B’ cigare ! » (Avec un cigare). Voilà une expression très populaire qui résume bien l’état d’esprit des jeunes algériens pour qui l’idéal serait de réussir une «affaire» juteuse sans trop se fatiguer. En décodé, cela suppose qu’on trouve des personnes «bien placées» qui nous aident à contourner les lois et les règlements. Comme par exemple sortir une marchandise douteuse (drogue…) du port sans passer par le scanner et les chiens renifleurs…
Ce genre de comportements anti-sociaux, illégaux et même immoraux est hélas incrusté dans la structure mentale de notre jeunesse.
La triche un «sport» national
Quand un jeune souhaite régler un souci particulier, il ne cherche pas à remplir les conditions requises pour faire valoir son droit. Il pense tout de suite à la personne, une connaissance, la mieux placée pour l’aider à aller au bout… Cet intermédiaire qui raccourcit les distances et les souffrances de l’attente, joue ainsi un rôle majeur dans la prolifération de ce genre de comportements. En rendant service à ce jeune qu’il a aidé, il a dans le même temps causé un grand tort à la société par une forme bénigne de la corruption. Établir un faux certificat de résidence à une personne pour accéder à un poste de travail, n’est pas moins grave que mettre à sac la recette de la poste. La famille et les proches de cette personne, retiennent moins le recours à un faux et usage de faux que l’exploit d’avoir pu trouver un boulot…
Moralité bien algérienne : Pour un travail, un logement ou une promotion sociale, tous les trafics sont permis. La fin justifie toujours les moyens tant il est à ce point difficile de satisfaire par des moyens «normaux», des besoins sociaux qui deviennent subitement des privilèges.
Trafiquer pour aller vers…Dieu…
Et quand on n’a pas la chance d’avoir des proches hauts placés pour qui toutes les portes s’ouvrent, on ne peut donc échapper à la norme «maison» qui consiste à contourner l’obstacle pour l’aplanir, grâce à des connaissances. Mais au fil des années, cette pratique est devenue une seconde nature, une (in) culture nationale. Même des cadres des hautes administrations vous «conseillent» de voir «quelqu’un» pour régler vos problèmes… «De toute façon leblad temchi hakda… » (C’est ainsi que le pays fonctionne). Faut –il alors s’étonner que l’Algérie soit devenue le pays du «faux» ? On a vu défiler de «faux» demandeurs de logements, de «faux» sinistrés, de faux billets, de faux visas etc …
Beaucoup d’algériens étaient choqués l’autre jour de voir les candidats au Baccalauréat pris en flagrant délit de triche manifester dans les rues pour réclamer leur droit de «copier… ». Le hic est que leurs familles et proches les ont soutenu et ont même semble-t-il, voulu créer une association de soutien à leurs tricheurs d’enfants… On pensait qu’on avait atteint le pic de l’immoralité avec les «faux» moudjahidines qui pratiquaient un trafic éhonté de la mémoire nationale pour quelques privilèges matériels.
Mais le cauchemar n’est pas fini. Une nouvelle vague de faussaires très «branchés» religion vient de faire parler d’elle. Ces amateurs du Hadj (Pèlerinage à la Mecque) sont prés à faire l’impossible pour accomplir le 5ème pilier de l’islam. Ils se font ainsi délivrer de «faux» passeports Hadj qu’ils auront chichement payés pour espérer aller «laver leurs os» à l’eau Zemzem… ! Sans doute que l’usage du «faux» ne pourra plus aller loin… Il a touché le fond (ou le sommet c’est selon) de l’immoralité. Tenter de ruser avec Dieu… Dieu nous en préserve…