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L’Algérie face aux flux migratoires : pour une stratégie adaptée aux nouvelles réalités

14-07-2017 08:15  Pr Abderrahmane Mebtoul

 Actuellement un sujet très sensible divise les Algériens. L’objectif est de nous rassembler et non de nous diviser face à la baisse du cours  des hydrocarbures de longue durée comme je le signalais depuis 2010 aux autorités algériennes et donc d’inévitables tensions budgétaires 2017/2020. Concernant  l’aspect migratoire, il s’agit de ne pas  se tromper de  cibles pour paraphraser le langage militaire mais d’avoir une vision stratégique tenant compte du nouveau monde et cela s’applique également à  toute la politique socio-économique. Pour l’Algérie son Excellence Mr le Président de la République a toujours accordé une attention particulaire à l’Afrique: rappelons son initiative pour le NEPAD. Donc  ils ‘agira de poser les véritables problèmes pour  avoir de véritables solutions loin de la démagogie et de la surenchère. Si l’aspect sécuritaire doit être posé, garant de la sécurité nationale le danger du  terrorisme  étant à nos frontières,  le sujet de l’avis de la majorité  des experts que j’ai consulté  est bien  plus complexe

1.-Nous sommes à l’ère de la mondialisation où les flux migratoires sont une   réalité concrète.   Les migrations se sont globalisées, les mêmes causes, urbanisation et métropolisation du monde, pression démographique, chômage, information, et transnationalisation des réseaux migratoires. Les catégories de migrants et de pays sont devenues plus complexes, la mondialisation des migrations s’accompagnant  d’une régionalisation des flux migratoires. A l’échelle mondiale, les migrations s’organisent géographiquement  où des complémentarités se construisent entre zones de départ et d’accueil. Celles-ci correspondent à des proximités géographiques, à des liens historiques, linguistiques et culturels, à des réseaux transnationaux construits par les migrants, et des passeurs  ( forme d’esclavage) qui forment un espace formel ou informel de circulation, accompagné ou non de facilités institutionnelles de passage. Les migrations  ont plus que triplé depuis le milieu des années 1970 : 77 millions en 1975, 120 millions en 1999, 150 millions au début des années 2000, près de 300 millions en 2017. En 2016, l’immigration de du  continent Afrique de 1,2 milliard d’habitants qui abritera 2,5 milliards de personnes, soit un quart de la population mondiale, en 2050,  a dépassé  les arrivées syriennes, afghanes et irakiennes en Europe.  Selon une communication de Frontex,cié par le quotidien lemonde.fr l’agence européenne de gardes-frontières et de garde-côtes, du 6 janvier 2017, 93 % de ceux qui ont débarqué en Italie  , venaient de ce continent . L’agence chargée des frontières extérieures de l’Europe estime même que « cette évolution reflète la pression migratoire croissante du continent africain, et plus particulièrement de l’Afrique occidentale, responsable de la majeure partie de la croissance des arrivées par cette route en 2016 ». L’immigration africaine est mixte, composée de réfugiés éligibles au droit d’asile (Erythréens, Soudanais, Ethiopiens), mais aussi de migrants économiques, notamment originaires de l’Afrique de l’Ouest.   Principale communauté arrivé en Italie, les Nigérians ont constitué 21 % des entrants, suivis par les Erythréens (11,7 %), les Guinéens (7,2 %) et les Ivoiriens (6,7 %). Cela traduit  les facteurs de la mobilité pour différentes rasions  : écarts entre les niveaux de développement humain , crises politiques et environnementales, productrices de réfugiés et de déplacés, baisse du coût des transports, généralisation de la délivrance des passeports, rôle des media, prise de conscience que l’on peut changer le cours de sa vie par la migration internationale. Le  réchauffement climatique  dont la  responsabilité en incombe aux pays riches et certains pays émergents  qui frappera de plein fouet l’Afrique 2025/2030/82040 accentuera cet exode.

2Il appartient aux dirigent des pays développés  au lieu d’avoir une  autre  vision que sentimentaliste de pendre leurs responsabilités, eux qui ont profité et profitent toujours de richesses de ce continent,  ont encouragé   la corruption de certains dirigeants du sud et notamment en Afrique leur permettant  des achats de résidences de luxe sans compter les avoirs déposés  dans les paradis fiscaux.  S’il y a des corrompus  il y a forcément des corrupteurs. Mais existe une raison l’absence d’espoir dans les pays pauvres qui sont  mal gouvernés. Un rapport récent  de  l’ONU montre les transferts  illégaux de capitaux  de l’Afrique vers le reste du monde entre 1980-2010 ont dépassé le produit intérieur brut actuel de l’Afrique et des aides cumulés.  Le sommet de La Valette, qui a réuni à Malte les dirigeants européens et africains, en novembre 2015, a bien été consacré à ce sujet, mais les mesures annoncées ne sont pas jugées suffisantes – en dépit du chèque de 1,8 milliard d’euros signé par l’Union européenne pour ces pays. Faute d’une bonne  gouvernance d’une lutte conte la corruption, ( moralité des dirigeants africains ) d’éviter ces guerres  fratricides pour la prise du pouvoir  , la majorité des dirigeants africains  n’ont pu asseoir un véritable développement pour leur population, sans compter le mépris pour l’élite poussant contrairement leurs discours sous un  faux couvert dit «  nationaliste qui ne porte plus,  à  l’exode de cerveaux. Ces différents facteurs accentuent la bipolarisation  entre  trois  mondes,  les pays riches, les pays émergents, et les pays pauvres   poussant  ces derniers  à l’exode et comme on le constate journellement  au suicide collectif (des milliers de morts en mer). Aussi,  dirigeants du Nord et du Sud  en sont en grande partie responsable.

3.- Face à cette situation, les dirigeants algériens doivent avoir une autre vision de la politique de l’immigration. L’accord entre l’UE et la Turquie, signé en mars 2016 et par lequel Ankara s’engage, moyennant finances à contrôler l’émigration vers l’Europe, est une  explication à ce que bon nombre d’africains décident de s’installer définitivement aux pays limitrophes dont l’Algérie. Aujourd’hui, les Africains du sud du Sahara représentent à peine 10 % des migrants de la planète, et la plupart de ces « déplacés » sont juste passés dans un pays voisin du leur. Selon l’OIM, en 2015, je cite le rapport : «  sur les 32 millions qui ont pris la route, la moitié d’entre eux ont posé leur sac sur leur continent ». Situation nouvelle,   ces migrants  africains qui ne pas venus  de leur plein degré mais ont fui la misère, et la guerre, ne sont plus de passage mais s’installent  définitivement au niveau des régions du Maghreb dont l’Algérie régis par  des accords internationaux. Cette situation nouvelle appelle donc des solutions nouvelles, loin d’une vision xénophobe, raciste, comportement étranger à la nature de la population algérienne. Il  s‘agit d’adapter   la législation algérienne. Mais surtout  pour l’Algérie  de coordonner les actions avec  l’Europe, avec les pays riverains, les dirigeants africains concernés, pour le rapatriement, sans dévaloriser la personne humaine et d’établir pour certains des cartes de séjour transitoire  pour une émigration  choisie dont a besoin l’Algérie dans  l’agriculture, le tourisme, le BTPH ect… pour éviter l’assistance dévalorisante. La position de l’Algérie  depuis l’indépendance politique a été une position constante vis à vis  de l’Afrique, son espace économique naturel.  C’est un procès d’intention de vouloir, comme on le constate actuellement à travers la majorité des médias internationaux  de la dénaturer car les efforts contre les flux migratoires doivent être mutualisées, l’Algérie ne pouvant supporter à elle  seule le poids financier.  A ce titre  Je pense  que les   propos du directeur de cabinet de la présidence de la république qui s’est exprimé en tant que partisan comme secrétaire généal. du RND, ont été mal formulés et donc  ont été mal interprétés. Il appartient aux dirigeants algériens de parler  d’une même voix pour éviter de mauvaises interprétations.

En bref, une bonne communication mesurée, tenant compte du nouveau contexte géostratégique et  des intérêts supérieurs du pays, une nouvelle politique socio-économique  s’impose  pour éviter le dénigrement  de l’Algérie et lui assurer un véritable développement loin des utopies du passé. L’immigration pose la problématique tant de la sécurité mondiale impliquant une refonte des  relations internationales fondées sur un partenariat gagnant/gagnant et de la sécurité intérieure par  une gouvernance renouvelée de l’Afrique continent à paradoxe : riche à fortes potentialités mais côtoyant une misère croissante.

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