Contrairement à certaines supputations négatives, le nouvel modèle de croissance sera prochainement présenté par le gouvernement, selon nos informations, quantifié avec précisions, tenant compte des contraintes internes et externes, pour deux périodes synchronisées, 2016/2019 et 2020/2030, par la prise compte des propositions émises par les partenaires économiques et sociaux lors de la Tripartie du 05 juin 2016. Pour son opérationnalité, il devra analyser la situation de 1963 à 2016 pour tracer les perspectives futures. Dans ce cadre, il me semble fondamental , de saisir les liens entre l’évolution de la rente des hydrocarbures en Algérie et les politique socio-économiques 1963/2015 afin , de poser clairement le défi futur de l’Algérie qui est saisir les liens dialectiques entre l’évolution progressive des fonctions Etat/Rente/Marché dans le cadre de la mondialisation, dont la quatrième révolution industrielle et du nouveau défi écologique mondial. Il faut le reconnaître avec objectivité, la période 1963/2016 est encore une transition inachevée fondée sur la rente des hydrocarbures. Il y a eu beaucoup de réalisations mais également beaucoup d’insuffisances qu’il convient impérativement de corriger, devant éviter le tout sinistrose
1.-Depuis juin 2014, nous assistons à une baisse des recettes des hydrocarbures de près de 40% entraînant le pays dans une nouvelle turbulence financière, l’Algérie après plus de 50 ans d’indépendance dépendant avec les dérivées à 98% des hydrocarbures. Nous assistons comme par le passé à des discours rentiers de certains responsables, vivant de l’illusion de la rente, épaulé par certains experts vivant de marchés de ministères, affirmant la remontée des cours à plus de 80 dollars , mais démentis par la réalité car à la différence de celle de 1986 , qui sera de longue durée. Les différents gouvernements successifs de 1963/2016 ont été toujours animés par l'extraction des hydrocarbures, malgré bon nombres de discours, existant des liens dialectiques entre la logique rentière et la sphère informelle que l'on ne combat pas uniquement par des mesures techniques. Il existe une relation dialectique entre l'avancée des réformes ou leurs freins selon que le cours en termes réels hausse alors, frein aux réformes), ou baisse de la rente et nous assistons à une tendance timide d’aller vers les réformes sans bousculer la logique du système. Or le monde devrait connaitre 2016/2030 d’importantes mutations géostratégiques et économiques avec la quatrième révolution industrielle impliquant une révolution culturelle de nos dirigeants qui vivent encore de l’illusion de la rente et du modèle des années 1970 de l’ère mécanique. L’Algérie est à la croisée chemin, existant une unanimité parmi les institutions internationales et les experts algériens crédibles : l’Algérie a deux choix : soit approfondir les réformes structurelles liées à l’approfondissement des libertés et à la cohésion sociale, soit aller droit au FMI. Développement des LIBERTES au sens large, visibilité, cohérence, bonne gouvernance, revalorisation du travail et du savoir, moralité gouvernants/gouvernés, tels sont les axes fondamentaux du redressement national, impliquant rassemblement qui engage l’avenir de la Nation et non des divisions sur des questions stériles, devant apprendre à tolérer nos différences, personne n’ayant le monopole de la vérité et du nationalisme.
2.-C'est que face tant aux mutations mondiales qu'internes à la société algérienne, cette jeunesse "parabolée" a une autre notion des valeurs de la société. Cela se constate à travers l'éclatement de la cellule familiale, la baisse progressive du poids des tribus, de certaines confréries religieuses et de certaines organisations syndicales, (ces dernières ne mobilisant uniquement pour des revendications sociales et non pour des actions politiques), du fait de discours en déphasage par rapport aux nouvelles réalités mondiales et locales. Les politiques socio-économiques de 1963/2015 ont peu varié à quelques variantes près, sous le slogan continué dans le changement, l'opposition atomisée et les nombreux micros partis insignifiants, souvent instrumentalisés par l'administration se manifestant qu'au moment des échéances électorales en contrepartie d'une fraction de la rente : industries clefs en main entre 1965/1979 , dominance de l’investissement dans les infrastructures durant les périodes 1980/2010 et 2000/2015 avec l’extension durant ces périodes de la sphère marchande informelle qui représente plus de 50% de la superficie économique globale , due à une ouverture non maîtrisée du commerce extérieur dont la facture d’importation explose entre 2010/2015 due essentiellement à l’envolée de la dépense publique avec des surcoûts exorbitants et à des subventions généralisées non ciblées. Les exportations hors hydrocarbures sont marginales, moins de 5% du total des recettes devises et sur ces 5% 70% sont des dérivées de matières premières dont les hydrocarbures, 70% de la valeur du dinar est corrélée aux hydrocarbures et 80% de la valeur ajoutée composant le produit intérieur brut (PIB) l’est directement ou indirectement par le biais de cette rente autant que l’emploi et la fiscalité tant hydrocarbures qu’ordinaires.
3.-Aussi la solution durable passe par une gouvernance renouvelée, et la valorisation du savoir dévalorisée, La prospérité ou le déclin des civilisations de l’Orient et de l’Occident a clairement montré qu’une nation sans son élite est comme un corps sans âme. L’analyse historique montre clairement que le régime politique algérien (à ne pas confondre avec l’Etat au sens épistémologique du terme) qui est un sous- ensemble du système politique, n’a pas fondamentalement été bouleversé depuis l’indépendance politique, avec des changements de formes mais pas de nature. Les tensions que connaît le système, ou celles qu’il est appelé à connaître, doivent être recherchées dans les dysfonctionnements ou les crises d’autorité qui surgissent périodiquement, et depuis longtemps, au plus haut niveau de l’Etat. La nouvelle reconfiguration politique, doit prendre en charge les mutations internes de la société. L’objectif stratégique est le développement des libertés, plus d’efficacité économique, de justice sociale qui ne saurait signifier égalitarisme, une plus grande moralisation des institutions en prévoyant le renforcement des organismes de contrôle indépendants pour une lutte efficace et concrète contre la corruption , le contrôle le plus efficace étant le contrôle démocratique, la protection des droits de la propriété privée qui doit être consacré dans la future constitution et également de tenir compte des engagements internationaux de l’Algérie (accord de libre-échange avec l’Europe, l'OMC, intégration maghrébine et africaine ).
4.- Evitons toute sinistrose. Face aux tensions géostratégiques et à la baisse du cours des hydrocarbures, je pense fermement que l’Algérie a des ressorts pour surmonter la crise multidimensionnelle actuelle. Depuis fort longtemps et pas seulement durant la période actuelle, l’Algérie semble chavirer un moment et reprendre avec hésitation ses équilibres un autre moment. Il ne s’agit pas de renier les traditions positives qui moulées dans la trajectoire de la modernité, peuvent être facteurs de développement. Comme le rappelle avec justesse Malek Chebel, l'Algérie à l'instar de bon nombre de pays musulmans est en transition et fonctionne entre l'imaginaire de la Oumma et la construction d'un Etat-nation. L’expérience du Japon et de bon nombre de pays émergents l’attestent. La refondation de l’Etat, pour ne pas dire sa fondation comme entité civile, passe nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. Dès lors, la question centrale qui se pose est la suivante : vers quelle mécanique politique se penchera la refondation politique en cours en Algérie ? L’Etat de Droit n’est pas un Etat fonctionnaire, qui gère un consensus de conjoncture, mais un Etat qui fonde son autorité à partir d’une certaine philosophie du droit d’une part, et d’autre part, à partir d’une assimilation consciente des besoins présents de la communauté et d’une vision future de ses perspectives. Car je dois préciser il n’y a pas d’Etat national standard mais que des équipements anthropologiques intrinsèques qui modèlent le système politique inhérent à chaque situation socio anthropologique. Dans le cadre de cette refondation politique, l’Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétences, de loyauté et d’innovation sont réinstaurés comme passerelles de la réussite et de la promotion sociale. La refondation de l’Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l’autorité et des pouvoirs. Elle passe par une transparence totale et une clarté sans nuance dans la pratique politique et les hommes chargés par la nation de la faire, en fait rétablir la morale. La gouvernance est une question de légitimité réelle et non fictive, impliquant des réaménagements dans l’organisation du pouvoir.
5.- L'Algérie sous réserve d’une nouvelle gouvernance, a toutes les potentialités de sortie de crise en conciliant efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale, devant éviter tant l’autosatisfaction négative que la sinistrose. Car, au dessus de tout, l’Algérie reste un pays dynamique, plein de vitalité, qui se cherche et cherche sa voie. Un processus de mutations internes est en train de se faire, pas celles qu’on croit, mais celles qu’on soupçonne le moins qui s’imposeront. Les Algériens veulent vivre leurs différences dans la communion et non dans la confrontation, la paix étant un facteur déterminant ce qui ne signifie en aucune manière oublier de tirer les leçons du passé récent afin de forger positivement notre avenir commun. Dans ce cadre, le nouvel modèle de croissance que le gouvernement présentera bientôt, qui sera selon nos informations, quantifié entre 2016/2019 et 2020/2030, tenant compte des propositions émises par les partenaires économiques et sociaux lors de la Tripartie du 05 juin 2016 n'aura pourtant de chances d'aboutir que si d’abord l’on tient compte des trajectoires du passé pour ne pas renouveler les mêmes erreurs, , que s'il y a mise en place de nouvelles institutions débureaucratisées, un minimum de consensus social pour sa mise en œuvre, tout projet étant porté par les acteurs politiques, sociaux et économiques et d'une autre échelle de valeurs fondée sur une économie réhabilitant le travail et les créateurs de richesses, devant privilégier avant tout les intérêts de l’Algérie, loin de tout esprit partisan étroit , devant apprendre à tolérer nos différences.