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L’Algérie de 1962 à 2018 : le jeu contradictoire des stratégies des acteurs internes et externes face aux réformes politiques et économiques

30-10-2018 15:44  Pr Abderrahmane Mebtoul

Privilégiant uniquement les intérêts supérieurs de l’Algérie, n’ayant pas d’autres patries de rechange,  cette présente contribution est le prolongement de mes différentes interventions sur le site www.algerie1.com. Comprendre ce qui se passe actuellement en Algérie implique de comprendre le jeu  contradictoire des stratégies acteurs internes et externes face aux réformes  politiques et économiques. Limiter le débat à une analyse strictement économique des liens entre les mouvements de capitaux et la croissance à travers la balance de paiement, des indicateurs macro-économiques en ignorant les indicateurs macro sociaux et politiques ne permet pas  de répondre aux préoccupations majeures du pays et surtout d’avancer des solutions opérationnelles. Aussi, l’objet   de cette contribution, d’une brulante actualité en ce mois d’octobre 219,  réactualisée est une synthèse réactualisée de  ma conférence en 1999  au Caire (Egypte) lors d’une rencontre internationale organisée par un grand organisme financier britannique « Euro-Money » est de comprendre le  jeu des acteurs internes et externes par rapport aux réformes politiques et économiques en Algérie , tournant toujours autour de la production de la  rente des hydrocarbures ( Sonatrach)  et sa  distribution via les banques enjeu de pouvoir, la sphère financière étant  totalement articulée à la sphère publique, le marché bancaire algérien étant  totalement dominé par les banques publiques, les  banques privées malgré leur nombre, étant marginales en volume de transaction, avec  au niveau public, la dominance de  la BEA, communément appelée  la banque de la Sonatrach.

« Pas de bonne économie sans vraie démocratie » Sen, A.K., Prix Nobel d’Economie

1.- Toue analyse opérationnelle pour comprendre les mouvements politiques, sociaux, culturels  et économiques dont les mutations dépendent à la fois du jeu des  acteurs internes et externes (mondialisation) nécessitent  aujourd’hui des équipes pluridisciplinaires complexes, où chacun ferait son métier, pour des approches cohérentes où cohabiteraient des politologues, des juristes, des sociologues, des anthropologues, des historiens (ce besoin de mémoire) des scientifiques et des ingénieurs d’où l’importance d’une planification tant au niveau du gouvernement qui a besoin de cohérence   que des services de sécurité du fait des tensions géostratégiques au niveau de la région , fonction de sa composante humaine. Cela est fondamental pour comprendre la situation actuelle et surtout de proposer des solutions réalistes. L’économie n’est –elle pas politique comme nous l’ont enseigné les fondateurs de l’économie Adam Smith, David Ricardo, Karl Marx ? Faute de quoi l’économiste appliquerait des schémas mécaniques, des théories abstraites sur un corps social en mouvement qu’il ignore et dont les recettes donneraient des résultats négatifs même si les calculs économiques sont corrects, comme une greffe sur un corps qui le rejetterait. Car la balance des paiements est un document comptable statique, qui pour être bien interprété, doit être inséré au sein d’un cadre social dynamique. Dès lors, on  peut  affirmer qu’il y a augmentation automatique du revenu et de la consommation des ménages corrélativement à l’augmentation du produit intérieur brut, qui n’est qu’un indicateur global que contredit d’ailleurs l’indice de développement humain plus fiable, comme l’affirment certains et la pauvreté s’accroîtrait , sans des enquêtes précises sur la répartition du revenu national par couches sociales (enquêtes inexistantes actuellement en Algérie ) ? Pourquoi y a-t-il faiblesse de l’émergence de l’entreprise cœur de la création de la richesse permanente, préoccupation ? Où va l’argent du pétrole, dilapidé ou bien utilisé ? Un des prix Nobel SEN n’a t-il pas innové par ses analyses pertinentes sur l’anthropologie économique ? Et les récents prix Nobel ont su intégrer, avec réalisme, les paramètres et variables à la fois politiques, sociologiques, sociaux, culturels et économiques, reflet de la complexité de la société, pour définir l’optimum socio-économique en intégrant le jeu des acteurs que l’on peut formaliser mathématiquement à partir d’un modèle matriciel ouvert que j’ai tenté il y a cela plus de 6 années au cours d’une conférence internationale (1), modèles opérationnels s’appuyant sur la théorie des jeux souvent utilisés en géo- stratégie par les grands services de renseignements comme la CIA, le KGB ou le 2ème bureau français pour conseiller leurs gouvernements. Devant partir dans toute démarche scientifique du général pour revenir au particulier , de différencier donc l’essentiel du secondaire , nous arrivons à la conclusion que le déblocage durable en Algérie réside essentiellement en l’urgence de la refondation de l’Etat reposant sur des réseaux décentralisés loin de la vision autoritaire et sur le savoir impliquant une réorientation urgente de toute la politique économique et sociale. L’Algérie a trop souffert du populisme et ce sont des couches sociales moyennes porteuses d’une modernité enracinée dans l’espace social qui font cruellement défaut aujourd’hui aux réformes, seule condition d’une croissance durable afin d’atténuer le chômage et la pauvreté. C’est leur renaissance et la consolidation de leur poids politique, culturel et économique qui leur permettront, à travers une société civile assainie d’apporter les soutiens nécessaires à la réussite des réformes. Les réformes, qu’elles soient économiques ou politiques, pourront recevoir aussi un soutien inattendu et tout aussi bénéfique des couches sociales qui sont aujourd’hui efficacement encadrées par des structures organisationnelles construites de longue date à partir des équipements anthropologiques et culturels qui sont propres aux différentes régions du pays.  A cet effet, les structures tribalo- confrériques sont un tableau de bord vital pour une gestion politique et socio-économique pragmatique et féconde. Car, si l’organisation administrative de l’espace est souvent source de conflits concurrences, les hommes eux vivent un rapport plus fécond et plus harmonieux avec leur espace qui n’est pas celui de l’administration comme l’a démontré brillamment Hernando De Soto « sur Etat de Droit et sphère informelle » dans mon ouvrage –« l’Algérie face aux enjeux de la mondialisation –perspectives : bonne gouvernance, démocratie et économie de marché (simultanément en arabe-français- anglais - édition Dar El Gharb 2004).  Ainsi le droit coutumier est une pratique courante surtout dans les transactions immobilières non reconnus par l’Etat mais reconnus par les citoyens. On peut émettre l’hypothèse que c’est l’Etat qui est en retard par rapport à la société qui enfante des règles qui lui permettent de fonctionner. Comme c’est par rapport à des référents anthropologiques que s’est constitué l’assabia ethnico- financière et dont la structuration sociale, évolutive, est toujours en gestation qui explique que l’esprit d’entreprise est faible. En effet, l’accumulation des richesses a suivi le processus de positionnement des cadres dans les secteurs névralgiques ou même secondaires de l’économie et surtout son domaine public. C’est majoritairement à partir de l’accumulation des richesses dans ce secteur et la redistribution de la rente des hydrocarbures que s’est construite la structure de couches (on peut parler encore de classes sociales) en Algérie, structuration lente non achevée. D’où la lutte de pouvoir pour contrôler la rente et certaines fonctions électives ou nominations à des postes clefs où les candidats  y voient un moyen de s’enrichir et enrichir leurs soutiens. En effet, ce genre de situation est à prendre en considération pour l’analyse de la stratégie du jeu des acteurs.

2.- Il s’agit en tout premier lieu d’identifier les différents intervenants dans le processus des réformes économiques, qu’ils y soient favorables ou défavorables, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Dans une seconde étape, il s’agira de procéder à l’analyse des stratégies qu’ils mettent en œuvre pour soutenir les réformes, les bloquer ou, à défaut, les ralentir, en évaluant les moyens mis au service de ces stratégies. Aussi, quel sont les enjeux des réformes et le jeu des acteurs internes- externes favorables et défavorables aux réformes ? La résistance aux changements provient des certains cercles appartenant au pouvoir politique ou à sa périphérie immédiate qui redoutent les effets de tels changements sur les situations de rente qu’ils ont pu se construire tout au long de ces dernières décennies. Ces mêmes acteurs craignent par ailleurs de perdre le contrôle qu’ils exercent sur certains leviers politiques et économiques et cela au profit de ceux qui oeuvrent à la promotion de ces réformes et à leur réussite. Les résistances au changement peuvent être localisées au niveau de cinq espaces de prédilection : certains segments du système partisan qu’ils soient dans l’opposition, les assemblées élues ou même dans certains segments du pouvoir central et local ; - certains segments de l’administration centrale et locale - certains segments de la société civile ; - une partie des opérateurs économiques privés connus pour avoir prospéré à l’ombre des monopoles détenus par le secteur public et plus tard de leur démantèlement et enfin une partie significative des syndicats corporatistes et du secteur public mue par des considérations idéologiques ou par des intérêts rentiers. Par ce maillage d’une partie de la société et de l’Etat, les opposants aux réformes tentent de peser sur la nature de ces dernières, sur l’agencement de l’ordre des priorités et enfin sur les rythmes à imprimer à leurs conduites. En ce qui concerne les acteurs internes favorables aux réformes, présents également même minoritairement dans les cinq espaces analysés précédemment, nous pouvons affirmer sans exagération aucune que, tout en restant diffus et inorganisés, l’adhésion aux réformes s’inscrit dans un courant qui est potentiellement majoritaire dans la société. Le besoin de changement existe dans toutes les couches de la société. Il est surtout visible chez une grande frange de l’intelligentsia silencieuse consciente des enjeux, les femmes qui voient en les réformes une manière d’exister et de participer à la gestion de la cité, une jeunesse avertie, de plus en plus exigeante et impatiente, inquiète pour son avenir et de jeunes entrepreneurs dynamiques expliquant pour la première catégorie l’exode massif de cerveaux, pour la troisième le désir de l’aventure en dehors des frontières et la dernière de travailler hors droit où la sphère informelle contrôle une partie importante  de la masse monétaire en circulation et  des segments des produits de première nécessité. Quant au rôle des acteurs externes, avec le processus de mondialisation, le système des regroupements politiques et économiques régionaux, existant ou en cours de formation, a profondément modifié les relations bilatérales existant entre les Etats. C’est à partir de cette problématique qu’il faut apprécier la perception que certains acteurs externes ont de l’expérience que notre pays mène en matière de réformes. L’essentiel des échanges de l’Algérie vers l’étranger. se faisant avec l’étranger, ces derniers peuvent soit faire progresser ou freiner les réformes selon leurs propres intérêts, dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments. Plusieurs  acteurs stratégiques, la France pour des raisons historiques qui influe les décisions de l’Union européenne vis-à-vis de l’Algérie, les Etats Unis d’Amérique pour des raisons économiques et stratégiques , tout en n’oubliant pas des acteurs comme la Russie principal fournisseur d’armes, et la Chine mais à un degré moindre sur le plan politique  Mais les véritables réformes favorisant le développement interne,  dépendront avant tout  des  rapports de force  au niveau interne. Donc, toute stratégie  doit intégrer   les acteurs externes hostiles aux réformes liés à des segments internes de pouvoir via la rente des hydrocarbures 

3-. Dans l’histoire récente de notre pays, la question des réformes – quelles soient économiques ou politiques – a donné lieu, en raison des enjeux qu’elles représentent, à l’élaboration de stratégies antagoniques qui œuvrent à la défense et à la promotion de ces dernières ou, au contraire, à leur blocage et, à défaut, à leur perversion ou à leur ralentissement. La confrontation entre les acteurs favorables et les acteurs défavorables aux réformes conditionne, accompagne et parfois provoque des changements d’importances inégales dans le système politique national.. L’objectif des acteurs internes favorables est de préparer la communauté nationale à un projet de société auquel elle n’est pas étrangère du fait même de son histoire, de sa culture et des luttes innombrables qu’elle a menées. Leurs actions prioritaires ont encore pour finalité la poursuite du processus de désengagement de l’Etat de la sphère économique afin de lui permettre d’assumer plus efficacement son rôle de régulateur ; l’adaptation de l’économie nationale aux contraintes de la globalisation par la maîtrise des coûts sociaux d’une mise à niveau trop longtemps différée ; le rétablissement durable des équilibres budgétaires par la stabilisation macroéconomique et la préparation de l’environnement de l’investissement public et privé, national et étranger par la mise en œuvre des réformes de secondes générations dont la réforme bancaire ce qui, il faut le souligner, représente un enjeu capital pour la réussite de l’ensemble des réformes projetées. Quant aux acteurs internes défavorables, le redéploiement de leur stratégie passe notamment par l’harmonisation du discours de l’ensemble des réseaux dans des opérations de désinformation comme les réformes vont de pair avec le bradage du patrimoine national ; l’action en amont par leurs réseaux par le blocage de réformes structurantes de la société algérienne ; la mise à profit des foyers de tension qui naîtraient de revendications sociales légitimes, favorisant les tensions  pour montrer le caractère insupportable de la situation sociale et économique des populations les plus fragiles et une très large diffusion des positions, en apparence séduisantes, d’adversaires nationaux ou étrangers aux réformes liés par les intérêts de la rente. Mais les réformes dépendront avant tout des algériens eux-mêmes d’où l’importance d’une moralité sans faille de ceux qui dirigent la Cité.

4.-L’économie mondiale en e XXIème siècle  est caractérisée par  l’interdépendance des économies et des sociétés, vivant  dans une maison de verre, du fait de la révolution dans le domaine des télécommunications.. Aucun pays ne peut y échapper si l’on ne met pas en place de nouveaux mécanismes de régulation supranationaux afin de réhabiliter la sphère réelle, la monnaie étant au service de l’économie et non un instrument pour la dominer. Et ce bien entendu, dans le cadre d’une économie mondiale concurrentielle tenant compte des avantages comparatifs mondiaux, et devant lier l’efficacité économique avec une profonde justice sociale – les économistes parleront d’équité. Aujourd’hui, nous sommes à l’aube d’une nouvelle transition de la société mondiale, avec de profonds bouleversements géostratégiques, ce qui supposera des ajustements sociaux douloureux et donc une nouvelle régulation sociale afin d‘éviter les exclusions. Le chacun pour soi serait suicidaire  avec des conflits désastreux. Pour cela, les politiques et les économistes doivent réhabiliter un facteur stratégique du développement, la morale. Car il existe des liens inextricables entre un développement durable et la morale – en fait la récompense de l’effort – et une lutte contre la corruption sous ses différentes formes. Le fondement de toutes les crises mondiales ou le développement des sociétés ne s’explique pas seulement à partir  de données économiques mais également morales. Dans la lignée des enseignements de Platon et d’Aristote sur la morale des dirigeants, l’apport d’Ibn Khaldoun,(1332/ 1406), pionnier des sciences sociales modernes est d’une grande portée à la fois scientifique et opératoire au vu de la  crise mondiale actuelle. expliquant les chaires  d’enseignement  en Europe et aux USA. Il   qui a développé une théorie de l'histoire centrée sur les grands mouvements de la société où ses  thèses sont exposées dans la longue introduction méthodologique (près de 1 000 pages), connue sous le titre de Muqaddima, de l’œuvre à laquelle il a travaillé pendant trente ans, Kitâb al-’Ibar, le Livre des exemples, ou Livre des considérations sur l’histoire des Arabes, des Persans et des Berbères. Pour Ibn Khadoun l’étude d’une société implique  que  trois dimensions soient analysées conjointement : la dimension économique, les besoins des groupes humains et la manière de les satisfaire ; la dimension culturelle qui comprend la régulation des rapports sociaux, mais aussi l’usage des techniques, les arts et la science ; enfin, la dimension politique, le pouvoir au sein des groupes et le pouvoir central au niveau de  la société globale. L’auteur montre clairement que la plupart des dynasties ont connu le même devenir : fondées par un groupe tribal qui a pu s’emparer du pouvoir central, ayant connu une période de prospérité puis une période de décadence jusqu’à ce qu’un autre groupe tribal ait acquis suffisamment de force et de maturité reposant sur la morale  pour s’emparer à son tour du pouvoir central. Ibn Khaldoun distingue cinq phases.  Dans une première phase, le chef du groupe tribal, fondateur de la dynastie consolide son pouvoir,  soutenu par une forte ‘açabiyya et obtenant l’allégeance de groupes tribaux de plus en plus nombreux.  Durant les deux premières phases, le politique domine et permet un certain développement économique.  Au cours de la quatrième  phase,  le pouvoir est fort, la perception des impôts favorise une certaine prospérité ; l’architecture, les techniques, les arts et les lettres connaissent un certain essor et le peuple vit dans une certaine aisance . Au cours de la cinquième  phase, l’autosatisfaction s’installe ainsi que la dépendance à l’égard des biens matériels ; les dépenses vont miner le trésor public d’autant plus que les hommes au pouvoir sont entourés de personnages qui recherchent des profits matériels. Les impôts augmentent et la population s’appauvrit. Le mécontentement s’installe et la dynastie perd le soutien du peuple. Ce qui va permettre à un autre groupe tribal doué d’une forte ‘açabiyya et nourrissant un projet politique de s’emparer à son tour du pouvoir central et de fonder une nouvelle dynastie. Cette décadence étant du essentiellement à l’absence de morale. C'est dans la même pensée  philosophique qu'  Adam Smith(1723/1790)  le fondateur de l’économie moderne  a mis en relief les liens dialectiques entre morale et richesse des Nations où il enseignait  la morale à l’université de Glasgow,  publiant en 1759   la Théorie des sentiments moraux, son  premier ouvrage, l’objet  étant de définir les principes de la morale, saisir les vertus nécessaires au bon fonctionnement de la société et comprendre d’où vient le sens moral, son œuvre mettant en relief la croisée de l'économie et de la philosophie morale. Ces apports fondamentaux  seront approfondis par Karl Marx dans le Capital, Joseph Schumpeter dans  Réformes et Démocraties et entre 1990/2018 la majorité des prix Nobel de sciences économiques   ont été décernés aux économises qui ont fait progresser la  recherche  en mettant en relief les liens dialectiques entre l’environnement, le Social, le Culturel le Politique et l’Economique.

5 Aussi, sans de profondes réformes reposant sur la morale et les institutions  démocratiques tenant compte des spécificités sociales, il y aura forcément régression économique et sociale. Dans ce cadre, je   me permets de rappeler les conclusions  d’une rencontre internationale organisée par l’Union européenne, à Malte du 24 au 26 décembre 2011, animée par d’importantes personnalités internationales, et dont j’ai été l’un des participants, sur l’avenir des économies arabes et méditerranéennes. La majorité des participants des deux rives de la Méditerranée ont mis en relief le fait que la mise en place de nouvelles institutions démocratiques occasionnent, à court terme, un ralentissement économique, donne l’impression d’une anarchie pour les tenants du pouvoir et de leur cour car détruisant leurs privilèges,  mais porteuses d’espoir à moyen et long terme pour toute la population. C’est que les nouvelles institutions et les réformes économiques détruisent les anciennes logiques du système fondé souvent sur des relations personnalisées informels, et non sur les institutions. Il avait été souligné notamment au cours de cette  importante rencontre que l’Islam est une religion de tolérance, ne pouvant s’assimiler à l’intolérance et à l’extrémisme qui conduit au  terrorisme qui est une  menace planétaire se nourrissant  de la misère et du manque de morale des dirigeants. Les discours chauvinistes, confondant patriotisme  et le  chauvinisme  nationaliste de certains dirigeants  dénonçant des « complots de l’extérieur », ne portent plus au sein d’une population à majorité jeune, parabolée et ouverte sur le monde. Et il avait été affirmé en conclusion  que les bouleversements tant mondiaux qu’internes à ces régimes  sont la conséquence des dictatures et les autoritarismes qui  sont devenus, dans un monde complexe, de très graves menaces à la souveraineté et à l’indépendance de ces pays et, d’une manière générale, à la sécurité mondiale. Mais force est de reconnaitre pour des intérêts étroits, les pays développés ne favorisent pas forcément cette trajectoire. C’est dans ce contexte qu’Il y a lieu de repenser impérativement le fonctionnement du système économique et politique international, et notamment les politiques de complaisance de l’Occident vis-à-vis de ces dictatures qui menacent la sécurité mondiale. Cela implique plus de moralité de la part des dirigeants de l’Occident, car s’il y a des corrompus, il y a des corrupteurs – surtout pour l’octroi de marchés. Cependant, il  ne faut pas être utopique : l’Etat de Droit ne recoupe pas forcément le concept de démocratie à l’occidental comme nous l’ont montré les expériences historiques (voir l’expérience  de la Corée du Sud).. En effet, la démocratisation ne se faisant pas par un coup de baguette magique, cela demandera du temps, comme cela a été le cas en Occident et en certains pays d’Asie et d’Amérique latine. La démocratisation avancera en fonction des rapports de force tant aux niveaux internes (conservateurs/réformateurs) qu’international.  Les  institutions démocratiques tenant compte des anthropologies des sociétés comme l’a montré brillamment l’économiste indien prix Nobel d‘économie Amartya Kumar SEN,   réaliseront à terme, la symbiose citoyens/État dans le cadre d’une société plus participative et plus humanisée.  Souvent appelé « bonne gouvernance et Etat de Droit », sans morale et institutions crédibles, qui doivent tenir  compte de la morphologie culturelle et de l’historie spécifique à chaque société, posant  forcément  la problématique de l’indépendance de la Justice, de la lutte cotre la corruption  il ne peut y avoir de développement et c’est une loi universelle qui s ‘applique à touts les  pays. Les réformes institutionnelles et micro-économiques  doivent s’inscrire dans le  cadre d’une stratégie clairement définie tenant compte de la transformation du monde,  ne pouvant provenir que de l’intérieur portées par de nouvelles forces sociales réformistes qui déplaceront des segments de pouvoir d’où des résistances fortes des tenants de la rente.  Il ne faut pas être utopique : tout  pouvoir ne se donne  pas mais se prend soit par la force ou par des élections démocratiques,  existant  trois scénarios  Premier scénario : les conditions de l’échec sont réelles et réunies dans l’environnement juridique et économique algérien en raison du poids important de la bureaucratie centrale et locale renforcées par la faiblesse de visibilité et de cohérence dans la démarche économique et sociale et enfin les fortes pressions pour revenir aux pressions protectionnistes dans la mesure où la libéralisation prévue par les accords avec l’OMC et avec l’Europe pour une zone de libre échange détruisent une fraction de la rente. Le second scénario serait le statut quo qui préparera les conditions de l’échec en imputant les conditions sociales actuelles (pauvreté et chômage) aux réformes, à l’économie de marché véritable reposant sur le travail, alors qu’elle n’existe pas en Algérie , qui, malgré la stabilisation macroéconomique, en sont qu’à leurs débuts (réformes microéconomiques et institutionnelles, enjeux des années 2018/2030), ou à des organes techniques alors que l’essence réside dans l’absence de volonté politique (neutralisation des rapports de forces). Ce statu quo participera à un échec programmé et serait suicidaire pour le devenir de l’économie et de la société algérienne. Le troisième scénario concerne la réussite des réformes dont les conditions sont également contenues dans son environnement juridique, économique et politique. La démystification culturelle est importante, les rumeurs dévastatrices au sein de l’opinion n’étant que la traduction de la faiblesse du système de communication, surtout en Algérie où la voie orale est prédominante amplifiée par les discours contradictoires de certains responsables. Une communication active par le devoir de vérité, s’appuyant sur des réseaux crédibles, la réhabilitation de la couche moyenne et d’une manière générale le savoir ère du XXIème siècle, de l’entreprise concurrentielle, le devoir de justice sociale, dont le fondement est la démocratisation supposant la refondation de l’Etat, tenant compte de notre anthropologie culturelle sont fondamentales pour faire aboutir la réforme globale. 

6.- En résumé, le monde s’oriente vers la quatrième révolution économique mondiale : primat de l’intelligence artificielle et digital qui bouleverseront les   organisations  avec comme impact un changement structurel de la trajectoire économique notamment industrielle  et  du modèle de consommation énergétique horizon 2020/2030 (énergies renouvelables et hydrogène) avec des incidences politiques, sociales et culturelles  Les responsables algériens qui ont besoin d ‘une mutation culturelle pour s’adater  au nouveau monde en profonde transformation, doivent éviter l'illusion dépassée du modèle économique  (quant le bâtiment va tout va ou l’industrie mécanique classique comme ce mythe du montage des voitures classiques fonctionnant à l’essence et au diesel) et d'un modèle de consommation énergétique  linéaire,  ignorant  l'impact de la quatrième  révolution économique. Il ya lieu d’éviter de vivre éternellement sur l’illusion de la  rente permanente. Aucun pays  à travers l’histoire ne s’est développé grâce uniquement aux matières premières. Il n’y a de richesses que d’hommes.  Un profond bouleversement et mutation géostratégique s’annonce inéluctable. Le XXIème siècle sera dominé par l’émergence de  réseaux décentralisés, qui remplaceront les relations personnalisées d’Etat à Etat dans le domaine des relations économiques et  de l’intelligence artificielle (le primat de la connaissance)  qui révolutionnera tout le système économique  mondial- Les responsables algériens s’adapteront –ils à nouveau monde dynamique en perpétuel mouvement, n’existant pas  de modèle statique,  ou vivront t-ils  toujours sur des schémas mécaniques  dépassés des années 1970 /1980 conduisant le pays à l’impasse ? La  transition d’une économie de rente à une économe hors hydrocarbures, dans le cadre de la mondialisation,   suppose donc un profond réaménagement des structures  du pouvoir  assis sur la rente à un pouvoir  se fondant  sur les couches productives  et le savoir. Mais il ne faut pas  être utopique, Sonatrach sera encore pour longtemps l'Algérie et l'Algérie sera Sonatrach d'où l'importance d'un nouveau management  stratégique de cette société stratégique Le   compromis des années 2018/2020/2030 devra donc concilier l’impératif de productivité et la cohérence sociale, les principes d’une société ouverte et le devoir de solidarité, en un mot l’efficacité et l’équité. Car, il faut éviter toute ambiguïté, l’égalité n’est pas celle du modèle de l963-2018 mais recouvre la nécessité d’une transformation de l’Etat gestionnaire à l’Etat régulateur, par la formulation d’un nouveau contrat social, renvoyant au débat sur la refondation de l’Etat. Pour dépasser l’entropie actuelle et éviter un retour au FMI  HORIZON 2022, il ya urgence de l’adaptation  aux nouvelles mutations mondiales, une  bonne gouvernance, la valorisation du savoir.  L’Algérie, fortes de ses importantes potentialités pour une  économie diversifiée,  Mais évitons tout sinistrose : l’Algérie, conditionné par de profondes réformes, peut devenir un pays pivot et facteur  de stabilité de la région méditerranéenne et africaine. Toute déstabilisation de l’Algérie, comme  je le soulignais  dans deux  interviews  récents (2016/2018), l’une aux USA,  à l’American Herald Tribune et l’autre en France à la Tribune.FR,  aurait des répercussions géostratégiques sur toute la région. Aussi,   l’Algérie sera avant tout ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu’elle soit. Et pour terminer à l’occasion de la commémoration du 01 novembre 2018, je me recueille à la mémoire de nos valeureux martyrs qui nous ont permis de vivre dans une Algérie indépendante. Ni sinistrose, ni autosatisfaction,  beaucoup de réalisations entre 1963/2018 mais également beaucoup d’insuffisances qu’il s’agit impérativemnt de corriger.  Paris lundi  le 30 octobre 2018-


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Références


1.-- Conférence du même auteur au Caire en 1999.Voir du même auteur l’article publié dans le « Washington Times », USA, juin 1999, et la revue internationale « Gaz d’aujourd’hui », novembre–décembre 2002, Paris/France  .- Conférences sur le même thème du Docteur A. Mebtoul à l’Académie militaire Inter- Armes de Cherchell- l’Université de Constantine, à l’Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et à l’Université d’été de Hassi Messaoud entre 1999/2002 sur « Enjeux des acteurs et problématique des réformes et la Démocratie en Algérie face au processus de la mondialisation » ronéotypés dans l’ouvrage du même titre de l’auteur à l’office des publications universitaires – OPU- Alger (2 tomes 540 pages 2002)  – contributions récentes--Interview Pr Abderrahmane Mebtoul à Radio Algérie Internationale – 04 octobre 2018  « contenu de l’avant projet de   loi de finances  2019  et rapport de la  mondiale en date du 02 octobre 2018 -Ouvrage collectif pluridisciplinaire( juristes, sociologues- économistes-politologues)   sous la direction du professeur Abderrahmane MEBTOUL «  réformes et démocratie en Algérie «  Casbah Edition (2 volumes 500 pages 2005) - Contributions du Pr Abderrahmane Mebtoul  parues Paris France dans le quotidien économique français  les Echos.fr  (2013/2014) sur l’économie algérienne face aux mutations mondiales -Interview  Pr Abderrahmane Mebtoul  l’American Herald tribune 11 aout 2018 «  Dr. Abderrahmane Mebtoul: “Algeria Still Faces Significant Challenges » - pour lire l’original en, anglais ( 15 pages) site  https://ahtribune.com/interview/2424-abderrahmane-mebtoul.html –  -Interviews à l’American Herald Tribune 28 décembre 2016 (58 pages)  et au quotidien financier français la Tribune.fr mars 2017  « toute déstabilisation de l’Algérie aurait un impact sur l’espace méditerranéen et africain »- -Contribution  Londres/Bruxelles Site Mena Forum « Algeria, in an unfinished transition period Challenges of 2018, 2020 & 2030 Algeria: Reform » by Dr A. Mebtoul | Aug 5, 2018

 

2.- Sur les mutations géostratégiques  militaires, politiques sociales et économiques- voir la  Revue  IEMed 2017 -Barcelone -Espagne  , un important collectif  analysant  la sécurité, le politique, l’économique, le social et le culturel  de la région méditerranéenne  auquel a contribué  le professeur  Abderrahmane Mebtoul  sur le thème « impact de la baisse du cours des hydrocarbures sur les équilibres macro-financiers et macro-sociaux  de l’économie algérienne : urgence  d’une nouvelle politique économique » , vient  de paraitre   sous la direction du professeur Senen Florensa, ancien diplomate et  ministre espagnol,  Président de  l’ Annuaire  IEMed  (516 pages), préfacé  par Johannes Hahn Commissaire  européen  à la politique de voisinage   aux négociations  d’élargissement.    Ont contribué 51 personnalités  internationales  (ministres-  diplomates- politiques, militaires, économistes , sociologues, historiens-écrivains )    des deux rives  de la Méditerranée  en huit  chapitres interdépendants :   1.-le conflit arabo-israélien revisité -2.-les défis à venir de l’union européenne -3.--l’avenir de l’Islam 4.-(Dé) Radicalisation  et sécurité et leurs effets - sur al région méditerranéenne  - 5.-Bilan  et partenariat des pays  -les pays méditerranéens / union  européenne -Balkans occidentaux  -Maghreb -Moyen Orient et Turquie -Les autres acteurs 6.-secteurs stratégiques (sécurité et politique) -7.-Economie et territoire - 8.--Société et culture

.3.-_Pour la nouvelle politique énergétique voir l’interview du Pr A. Mebtoul- donnée  en direct depuis Paris  le 29 octobre 2018 -18h30-18h50 à la télévision algérienne Dzaier New’s

-L’avenir de l’Algérie étant en Afrique, une importante rencontre sur le développement de l’Afrique - Forum Africa 2018 réunissant des  chefs d’états, des ministres, des délégations gouvernementales officielles, des investisseurs, des  banques et des entreprises en provenance de plus de 30 pays, se tiendra à ; Charm El-Cheikh Egypte)(  8/9 décembre 2018 sous le haut patronage du Président de la République Arabe d’Egypte, Son Excellence Abdel  Fattah Al Sissi, l’Égypte se préparant à présider l’Union africaine en 2019, auquel le professeur Abderrahmane Mebtoul en tant qu’expert international  a été officiellement invité

4-Trois  auteurs qui ont influencé par la suite les analyses politiques, sociologiques  et économiques ont particulièrement mis en relief  sur les liens dialectiques entre l’économique le Politique et le Social et notamment entre les  institutions morales et le développement

Ibn Khaldoun, (27 mai 1332-17 mars 1446)  l'un des premiers théoriciens de l'histoire des civilisations par  l'analyse des changements sociaux et politiques qu'il a observé dans le Maghreb et l'Espagne de son époque  étant considéré comme   l'un des fondateurs de la sociologie politique.  C'est surtout un historien de premier plan auquel où ses  thèses sont exposées dans la longue introduction méthodologique (près de 1 000 pages), connue sous le titre de Muqaddima.  où il   montre clairement au cours de l’analyse de cinq cycles que la plupart des dynasties ont connu le même devenir , ayant connu une période de prospérité puis une période de décadence où le pouvoir central avec sa périphérie  est minée par la  non transparence( informalité)  dans la gestion de la cité , la   corruption et l’immoralité (dernière phase)  jusqu’à ce qu’un autre groupe tribal ait acquis suffisamment de force et de maturité reposant sur la morale  pour s’emparer à son tour du pouvoir central.

 -  Adam Smith( 05 juin 1723-17 juillet 1790)  est un philosophe et étant considéré comme le père des sciences économiques   modernes, a En 1759, il publie une Théorie des sentiments moraux, où l'on trouve cette idée que chaque homme, en vertu du principe de « sympathie », aspire au plus grand bonheur possible du plus grand nombre d'hommes possible. mais  l'œuvre principale, publiée en 1776,  « La Richesse des Nations »   est un des textes fondateurs de l’économie moderne   Professeur de philosophe morale à l’Université de Glasgow, travaux qui inspireront  les grands économistes suivants 

-Karl Marx (05 mai 1818-14 mars 1883),compagnon  de  Friedrich Engels,  historien, journaliste, philosophe, sociologue, théoricien de la révolution,(ouvrages notamment  manifeste du parti communiste, l’opium du peuple ,   la contribution « la critique moralisante  et la morale , citrique, contribution à l’histoire de la civilisation allemande contre Karl Heinzen  ( Deutsche-Brüsseler-Zeitung, 28 et 31 octobre, 11, 18 et 25 novembre 1847) a eu une grande influence sur le développement ultérieur des sciences sociales  comme Ibn Khaldoun . Mais c’est avant, non un théoricien  du socialisme mais   du capitalisme dans son ouvrage fondamental, « le capital » qui est un  enseignement   de la crise contemporaine  du capitalisme toujours d’une brulante actualité,  qui est une critique de l’économie politique : Livre 1, le procès de la production du capital- livre 2 – le procès de la circulation du capital – livre 3 – le procès d’ensemble de la production capitaliste.



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