Algérie 1

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L’Algérie a besoin d’institutions légitimes afin de résoudre la crise politique, éviter la récession économique, sociale et la déstabilisation

22-11-2019 16:35  Pr Abderrahmane Mebtoul

Le commandement de l’ANP s’est  engagé  auprès de l’opinion nationale  et internationale pour assurer la sécurité des biens et personnes durant l’élection présidentielle déterminant pour l’avenir du pays et surtout fait le plus important depuis  l’indépendance politique, où il n’ y a jamais eu d’élections libres mais le président ayant toujours été désigné, avec une mise en scène , de ne favoriser aucun candidat et que chaque candidat soit confronté aux seuls électeurs et aux urnes c'est-à-dire aux  normes de la démocratie . Ceux qui distillent l’information  que le commandement  de l’ANP favoriserait un candidat, ont des  objectifs de saborder  l’élection présidentielle du 12  décembre 2019 et par là discréditer l’institution, vivant de l’utopie du passé.  Ce qui implique  la véritable indépendance de la commission de surveillance des élections pour  une élection transparente. Selon l’avis unanime des observateurs internationaux, excepté  certains faits mineurs,  l’ANP et les forces de sécurité ont  accompagné Al Hirak ce qui explique les manifestations pacifiques sans violences, qui ont  fait l’admiration du monde.  

1.- Comme je viens de le souligner  dans plusieurs interviews internationaux et nationaux  entre le 04  et 21 novembre 2019, je respecte pour ma part ceux qui pensent que l’élection présidentielle du 12 décembre 2019 ne résoudra pas la crise politique, ayant des amis de toutes les régions du pays. Nous devons apprendre à nous écouter, à  nous  respecter et favoriser la culture de la tolérance,  le débat contradictoire sans violences  et privilégier les intérêts supérieurs de l’Algérie qui connait une crise multidimensionnelle. Cette modeste contribution se veut une modeste contribution au débat productif, et ce  après une  réflexion et une profonde analyse de la situation politique, sociale, sécuritaire  et économique du pays. C’est que l’Algérie depuis le 22 février ne sera plus jamais comme avant et avant de faire des promesses utopiques, non réalisables, les candidats à l’élection présidentielle doivent réfléchir à deux fois,  quitte à se discréditer, comme en témoignent les révoltes sociales dans bon nombre de pays,   le monde devant connaitre  un profond bouleversement tant géostratégique que plus de valeurs morales des dirigeants. En cas  de non transparence et de promesses  populistes non réalisables pour de véritables réformes, il y a risque d’un  fort taux d’abstention qui serait préjudiciable à l'image de l'Algérie. Le  gouvernement actuellement transitoire, dont la durée de vie ne devrait pas  dépasser la fin de l’année 2019  devant    se limiter aux affaires courantes, éviter toutes  décisions populistes qui engagent l’avenir du pays ,  qui risquent de ne  pas engager le futur président de la république , ou des déclarations hasardeuses  qui parasiteraient  le débat contradictoire de cette élection,   influant  négativement sur le taux de participation  avec parallèlement, le gel de toutes lois au niveau de l’APN.  

2.- La population algérienne notamment la jeunesse, dont Al Hirak, dont le mécontentement est la résultante d’une névrose collective datant de plusieurs décennies,  ouverte sur le monde aspire à plus de dignité, de liberté et à un véritable Etat de droit. Les programmes qui engageront l’avenir du pays, devront éviter la langue de bois,   des idées générales populistes, mais se fonder sur un plan   précis au sein d’une stratégie  reposant sur de profondes réformes structurelles, réalistes, datés  et quantifiés, comme facteur de développement.  La prospérité au   XXIème sera  fondée sur la bonne gouvernance  et le savoir, avec l’ère d’internet et de l’intelligence artificielle qui pénètrent tous les secteurs civils et militaires et  modèlent les  comportements  des générations futures qui ont une autre perception du monde.   L’impasse actuelle trouve son essence dans l’immoralité de certains  dirigeants où pour la période récente les entrées  de devises ont été de plus de 1.000 milliards de dollars pour une sortie de devises au 30/04/2019 d’environ 925 milliards de dollars avec un faible taux de croissance moyenne annuelle de 2,5-3% avec d’importante  de surfacturations, de la corruption socialisée. Attention à ces  promesses utopiques, des augmentations de salaires sans productivité et donc  la distribution de revenus sans contreparties productives qui conduiraient le pays au suicide collectif.  de récupération des transferts illicites de  capitaux très difficiles s’ils sont sous des prêtes noms,  placés dans des paradis fiscaux ou en bons anonymes,  et éventuellement  pas  avant de longues années  pour les biens réels, nécessitant de procédures judicaires très longues. Comme il est utopique de promettre une allocation devises à chaque algérien de 1500 euros par mois devant comparer le comparable, plus de 90% des algériens ayant le passeport contre moins de 30% au Maroc à titre  exemple. Si nous prenons 10 millions d’algériens  sur 12,5 millions de la population active, ne comptabilisant pas les enfants âgés de moins de 18 ans,  qui utiliseraient cette allocation quelque soit  la destination, la sortie de devises serait de 15.000.000.000 euros /an, plus de 20% des réserves de change au 31/12/2019.  

3.- C’est que  le blocage réside dans  l’incohérence et le manque de vision stratégique des  politiques et économiques,  par   la mauvaise allocation des ressources, de ces nombreux projets non maturés avec des surcouts exorbitants  avec peu d’impacts, comme en témoigne le montant dérisoire des exportations hors hydrocarbures et le volume des importations de biens et services.  Du fait de l’ancienne culture des  dirigeants, de la panne  d’idées novatrices, c’est le    mythe dépassé des matières premières,  du primat  de la rente des hydrocarbures, la majorité de l’investissement dans les infrastructures avec souvent des malfaçons,  ( nécessaires mais qui ne sont qu’un moyen) de ce slogan dépassé, lorsque le bâtiment va tout va, alors que l’investissement porteur au XXIème siècle  se trouve dans les institutions démocratiques tenant compte des anthropologues culturelles  (bonne gouvernance)  et du savoir comme source de la croissance.   Il est indéniable que l’Algérie pour les raisons évoquées précédemment traverse en cette  fin d ‘année 2019, produit historique des incohérences depuis  de longues  décennies et pas seulement de la période actuelle une la crise multidimensionnelle à la fois politique, économique, sociale et culturelle. L’on devra  tenir compte  notre longue histoire   millénaire, un pays sans son histoire étant comme un cors sans âmes,   mais  surtout de préparer l’avenir tenant   compte des réalisations depuis l’indépendance politique, évitant cette sinistrose mais également l’autosatisfaction  en recensant  les insuffisances,  le   pourquoi de cet important  divorce entre les dépenses et les impacts, insuffisances  qu’il s ‘agira  de corriger  et ce  pour faire face aux  nombreux enjeux géostratégiques mondiaux et aux profondes mutations internes de la société algérienne. Sous réserves d’avoir une vision et une nette volonté politique, loin des aléas de la rente, les réformes tant dans le domaine politique, institutionnel, économique  social, culturel (facteur déterminant au XXIème siècle), militaire/sécuritaire  et des affaires étrangères nécessaires seront douloureuses, pour s’adapter à un univers  en perpétuel mouvement, impliquant une refonte une refonte des relations internationales pour un monde plus juste, où actuellement le primat du financier sur la sphère réelle, détruit les relations de solidarités sociales et  où toute  nation qui n’avance pas recule, n’existant pas de situation statique.

4.- Ces réformes  doivent avoir l’assentiment de la population grâce à un dialogue productif permanent et un  sacrifice partagé –concilier l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale- justice sociale et pas égalitarisme populiste source de démotivation des créateurs de richesses,  d’où l’importance de la moralité irréprochable des candidats et  de contre pouvoirs politiques et sociaux.  Car les défis de  l’Algérie  de  2020/2030, pour instaurer la démocratie tenant compte de notre  authenticité, du fait du retard  dans  les réformes structurelles ,  sont nombreux et complexes,  nécessitant une mobilisation générale, tenant compte de la diversité des opinions,  par la culture de la tolérance,  personne n’ayant le monopole de la vérité et du patriotisme, le plus grand ignorant  étant celui qui prétend tout savoir. Avec une forte pression démographique souvent oubliée,  une population au 01 janvier 2019 de plus de 43 millions d’habitants , une population active dépassant 12,5 millions, nécessitant de créer entre 350.000/400.000 emplois /an qui s’ajoute au taux de chômage , s’impose en urgence la réforme des institutions dans un cadre décentralisé pour une société participative et lutter contra la bureaucratie néfaste  , du système financier lieu de distribution de la  rente, guichets administratifs,  du système socio-éducatif non adapté, l’épineux  problème du foncier avec ses utilités, et  de mettre en place rapidement une loi organique de la transition énergétique , avec l’épuisement inéluctable des énergies fossiles classiques horizon 2030, la  forte consommation intérieure et  les subventions généralisées source d’injustice  sociale.

5.-Sans la résolution de la crise politique, d’où l’importance d’avoir rapidement un pouvoir légitime élu, qui devra  tenir  compte des exigences d’Al Hirak, bien entendu les  exigences réalistes, reposant sur de nouveaux réseaux, les anciens réseaux étant hors circuit avec une population parabolée et ouverte sur le monde, aucun investisseur sérieux ne viendra dans un environnement des affaires contraignant,  même si l’on établit les meilleures lois du monde, (évitons le juridisme étroit). Aussi,  il est impératif  d’avoir un discours de  vérité et rien que la vérité et éviter de voir toujours l’ennemi de l’extérieur, qui n’agit que lorsque le front intérieur est lézardé,  discours des années 1970/1980, auxquels la population en croit plus,  alors que le mal  profond et les solutions sont en Algérie. En cas d’aggravation de la crise politique, ni le pouvoir, ni l’opposition, ni Al Hirak  ne pourraient  parler  d’indépendance i politique,  économique, sociale, diplomatique et sécuritaire avec d’importants impacts sociaux économiques  et géostratégiques négatifs. Qui a intérêt à la déstabilisation de l’Algérie où ce sont les couches les plus défavorisées qui seront pénalisées (voir  trois contributions-/interviews  American Hetrald Tribune-USA-  « Prof. Abderrahmane Mebtoul: Any Destabilization of Algeria would have Geo-strategic Repercussions on all the Mediterranean and African Space 28 décembre 2016 » - Dr. Abderrahmane Mebtoul: « Algeria Still Faces Significant Challenges 11 aout 2016 » - « Prof. Abderrahmane Mebtoul: “The Widespread Financial Scandals Affecting most Sectors of National Activity Threaten the Foundations of the Algerian Stat »-19 octobre 2019  et AfricaPress Paris  Professeur Abderrahmane MEBTOUL : Pourquoi l’Algérie risque la faillite d’ici à 2022… et comment la conjurer » 23 juillet 2019- interviews –« klimpact de la crise politique sur l’économie »entre 04 et 20 novembre 2019- Télévision  France24- Beur-FM- Radio France Internationale-  RFI  - Paris  – Radio Algérie internationale , Radio chaine 3, quotidien -Chorouk 21/11/2019 

6.-Venant d’une tournée à l’étranger, lors les différents contacts, j’ai fortement mis en relief,  qu’il n’est pas question d’interférences étrangères, que les Algériens doivent forger  eux mêmes leur destin,  que l’Algérie étant  un acteur clef de la stabilité de la région et que  toute déstabilisation aurait un impact négatif sur toute la région, comme conséquence de la grave récession économique et sociale, point de vue partagé par d’importantes personnalités internationales. Car, sans résolution de la crise, de profondes réformes  et un changement de cap de la politique économique,  que seul un président légitime peut  mener,  l’on s’oriente inéluctablement vers   l’épuisement des réserves de change au plus tard le premier trimestre 2022, les prévisions  de 51,6 milliards de dollars dans le PLF2020  fin 2000, risquant de ne pas être tenus.  L’incohérence des actions menées actuellement par bon nombre de départements ministériels  pour calmer le front social, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques  et  la  PLF2020 risquent de  bloquer   l’économie, la restriction d’importation ayant des limites, du fait que  le taux d’intégration des entreprises publiques/privées  ne dépasse  pas 15%.  Le tems en économie ne se rattrape jamais, une période de longue transition conduirait inéluctablement l’Algérie vers une impasse : car quelle serait la situation de l’Algérie horizon 2022, si elle retournait au FMI, seulement  deux  ans pour redresser la barre supposant une mobilisation générale tenant compte des différentes sensibilités.

7.-  En résumé, l’Algérie  a  les potentialités pour redresser son économie,  sous réserve, d’une nouvelle gouvernance fondée sur la morale et en donnant le primat au savoir, fondement de la  richesse des nations, où le poids des relations internationales d’un pays se mesure par rapport aux capacités de  sa contribution à la création de la valeur  ajoutée locale et mondiale. Loin de toutes interférences étrangères, mais sans chauvinisme tissant un co-développement avec nos partenaires étrangers dans un cadre de respect mutuel, l’Algérie de demain, sera ce que les algériennes  et les algériens voudront qu’elle soit.  Puisse  notre pays  connaitre, un Etat de droit, la démocratie,  la paix, la sécurité, le développement  et être un acteur majeur au niveau des relations internationales dominées non plus par des relations personnalisées mais sur des réseaux  à travers la société civile, et ce  pour un monde plus juste fondé sur des partenariats gagnant-gagnant et l’épanouissement des énergies créatrices,  au sein de la  région méditerranéenne et africaine, son espace naturel.  

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