Il est omniprésent dans les médias. Il parle beaucoup ; trop même. Il donne son point de vue sur tout et rien même si on ne lui demande pas… Il dit une chose et son contraire avec aplomb.
Et, en bon opportuniste, Monsieur droit de l’homme, censé être chef d’une ONG neutre, ne se prive pas de dire publiquement ses choix politiques.
Vous l’avez certainement reconnu, l’inénarrable et néanmoins inamovible patron de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH).
La remise du rapport annuel de sa commission au président de la République lui a offert une belle tribune pour dire tout le bien qu’il pense (encore !) du secteur de la justice.
Pourtant depuis au moins l’annonce de la candidature de Abdelaziz Bouteflika, l’avocat des droits l’homme s’était démené comme un beau diable dans les journaux, sur les plateaux télé et les radios pour porter aux nues le bilan du président en matière de justice et de respect des droits de l’homme.
Un avocat en plaidoirie permanente
Il aura plaidé plus fort que le ministre du secteur himself. A longueur d’interview et talk show, Farouk Ksentini s’était escrimé à brosser un tableau clinquant de l’état de la justice en Algérie entre 1999 et 2014 (remarquez la résonance politique de cette période) consentant à peine «quelques imperfections» qu’il impute à la «bureaucratie».
Voyons ce que nous dit aujourd’hui «Si» Ksentini, maintenant que l’hypothèque politique est levée avec la réélection de Bouteflika : «Tout le monde est mécontent de la justice (…). Le texte proposé (par la commission de réforme de la justice du défunt Mohand Issad était d’une modernité et d’une efficacité… ».
Farouk Ksentini semble avoir perdu la voix au micro de la radio quand il évoque le rapport Issad. Et il porte un constat à faire tomber à la renverse : «On a fait exactement le contraire des recommandations de Mohand Issad». Du grand art ! Mais il fallait le dire avant.
Mieux encore, le président de la CNCPPDH propose, sans rire, de «revoir complètement la réforme initiée dans ce secteur».
«On a fait le contraire du rapport Issad»
Sur la révision de la Constitution, Farouk Ksentini reprend les vertus de la concertation estimant qu’elle «devrait se faire dans un climat politique consensuel» et que «Toutes les sensibilités politiques et toutes les couches sociales, sans exclusivité et sans discrimination doivent être associées».
Mais il prend tout le monde à contre pied en recommandant qu’il soit inscrit dans le marbre de la Loi fondamentale que «l’institution militaire soit la gardienne de la Constitution».
Un peu bizarre tout de même de la part d’un homme de droit censé être attaché aux principes républicains.
En l’occurrence, la république postule que le peuple et à travers lui le président élu est le seul garant de la Constitution. C’est cela le sens d’un Etat civil. A moins que l’avocat, un peu perdu dans ses embardées politiques, n’ait exprimé une forme de régime politique où la primauté reviendra au militaire sur le politique.
Un débat tranché depuis le Congrès de la Soummam, même si…