Il est arrivé, reparti et tout le monde est content ! C'est un peu le ouf de soulagement chez le pouvoir en Algérie. Le crochet algérois du Secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est finalement déroulé sans encombre dans ce contexte de campagne électorale.
Le président-candidat et ses supporters sortent plus au moins indemnes de cette ultime "épreuve". Pour cause, cette visite de John Kerry était quelque peu indécise compte tenu de son contexte. Alors que le pouvoir comptait sur un appui à la candidature de Bouteflika à travers une petite phrase "sympathique" ou tout au moins éviter une déclaration maladroite, les adversaires de Bouteflika, flairaient un propos percutant du représentant de la première puissance mondiale.
Au final, Kerry a été très diplomate. Il a confirmé une fois de plus la ligne de conduite des Etats-Unis qui consiste à juste s'assurer que les intérêts vitaux en Algérie et ailleurs ne sont pas menacés. Il a certes constaté que le président Bouteflika est vraiment malade mais cela ne semble pas constituer un obstacle pour un quatrième mandat. Parce que pour les américains, le principal est que le régime soit globalement "stable" ; c'est-à-dire qu'il n' y a pas de risque de dérapage à court ou moyen terme.
Il est vrai que Kerry a vu de ses propres yeux qu'il y avait d'autres interlocuteurs en Algérie avec lesquels les Etats-Unis pourraient éventuellement travailler sans passer par le "futur ex président".
Pas de phrases qui fâchent
Ahmed Ouyahia qui fait fonction "d'adjoint" de Bouteflika à la présidence, Abdelamlek Sellal, Ramtane Lamamra et bien sûr les responsables militaires, ont dû convaincre Washington que le 4ème mandat n'est pas vraiment un danger malgré l'handicap physique du président. L'audience accordée par Bouteflika au Secrétaire d'Etat américain est destinée à rassurer qu'il garde encore ses capacité mentales et qu'il est en mesure de gouverner même assis sur un fauteuil roulant.
Le reste semble importer peu pour les américains dont le pragmatisme est érigé en religion. En l'occurrence, la visite de Kerry a permis au deux pays de réitérer leur engagement dans le "dialogue stratégique" autour des questions de géopolitique régionale. Elle a aussi servi au Secrétaire d'Etat de proposer l'offre de service de son pays dans le management économique notamment celui de l'énergie. Cela suffit grandement au chef du Département d'Etat.
Pour le régime de Bouteflika, la visite est également un succès politique. Alors que John Kerry n'avait pas encore quitté l'Algérie que le directeur de campagne du candidat Bouteflika, Abdelmalek Sellal, s'en donnait à coeur joie dans ses meetings. Pour lui, les visites de ces "deux grandes personnalités" en Algérie -le Secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et l'émir du Qatar- serait une preuve que le "rôle de l'Algérie est reconnu au plus haut niveau".