Le secrétaire d’État américain John Kerry a estimé mercredi qu'Israéliens et Palestiniens se rapprochaient d'une reprise des négociations de paix, après une nouvelle rencontre avec le président palestinien Mahmoud Abbas, qu'il avait déjà longuement vu la veille.
Selon un responsable palestinien, M. Kerry est «déterminé à annoncer avant son départ vendredi la reprise des négociations» de paix, au point mort depuis 2010.
«Par des efforts intenses et déterminés, nous avons pu réduire ces divergences (entre Israéliens et Palestiniens) de manière très significative», a assuré M. Kerry lors d'une conférence de presse à Amman.
«Nous continuons à nous rapprocher et je continue d'avoir l'espoir que les deux parties vont venir s'asseoir à la même table», a-t-il ajouté, après avoir rencontré M. Abbas ainsi que des représentants de pays arabes.
M. Kerry, qui n'épargne pas ses efforts pour faire redémarrer les négociations israélo-palestiniennes, n'a pas souhaité donner de détails sur le contenu de ces dicussions, expliquant qu'il «y a encore des formulations qui restent à élaborer».
La délégation de la Ligue arabe a de son côté «convenu que les propositions de Kerry offr(aient) un fondement et un climat convenables pour relancer des négociations sérieuses, avec en particulier des éléments nouveaux sur le plan économique, politique et de la sécurité», a rapporté l'agence officielle jordanienne Petra.
Mais, alors que l'Union européenne a décidé d'exclure les territoires occupés de sa coopération avec Israël,le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé, lors d'un entretien téléphonique mercredi avec M. Kerry, que cette initiative «gênait les efforts pour reprendre les négociations» avec les Palestiniens, selon une source israélienne.
Plusieurs ministres du Likoud (droite) avaient déjà fait des déclarations en ce sens, tandis que M. Netanyahu avait dénoncé, dans un entretien à un journal allemand, la règlementation européenne comme «une tentative de tracer les frontières d'Israël de force à travers une pression économique, plutôt que par les négociations».
Plan pour soutenir l'économie palestinienne
Saluée au contraire par les Palestiniens comme un «grand pas en avant», la nouvelle réglementation européenne, qui doit être officiellement publiée vendredi, impose que tous les accords entre Israël et l'UE indiquent explicitement qu'ils ne s'appliquent pas aux territoires occupés par Israël depuis 1967, excluant donc la Cisjordanie, Jérusalem-Est, la bande de Gaza et le plateau du Golan.
«Progrès»
M. Kerry, qui a entamé mardi son sixième voyage au Proche-Orient depuis sa prise de fonctions en février, n'a aucun rendez-vous prévu dans l'immédiat avec M. Netanyahu, contrairement aux précédentes tournées qui l'avaient vu faire la navette entre Amman et Jérusalem.
Le secrétaire d'Etat américain a appelé Israël à «se pencher sérieusement» sur l'initiative arabe de paix vieille de dix ans, qui «promet la paix entre Israël et 22 nations arabes et 35 nations musulmanes».
Dans le même temps, la candidate du président Barack Obama au poste d'ambassadrice aux Nations unies, Samantha Power, a affirmé qu'elle y défendrait «sans relâche» Israël et qu'elle se battrait pour que le pays puisse siéger au Conseil de sécurité en tant que membre non-permanent.
Mardi soir, M. Kerry avait passé cinq heures avec le président palestinien dans un hôtel d'Amman pour l'iftar, le repas de rupture du jeûne du ramadan.
«Ils ont poursuivi la conversation qu'ils mènent depuis quelques mois et ont abordé certains développements récents dans la région», a fait savoir le département d’État américain dans un communiqué.
Les deux hommes ont également «discuté des détails d'un plan économique pour soutenir l'économie palestinienne» en attirant environ 4 milliards de dollars d'investissements privés dans les Territoires palestiniens.
Un responsable palestinien, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a fait lui aussi état de «progrès dans les réunions avec Kerry».
Toutefois, le négociateur palestinien Mohammad Chtayyeh a mis en doute la volonté de paix du gouvernement israélien, évoquant le fait que l'administration militaire devait examiner la construction d'un millier de logements dans des colonies de Cisjordanie.
Pour revenir à la table des négociations, M. Abbas exige un gel total de la colonisation et une référence aux lignes d'avant l'occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions.
Mais M. Netanyahu veut discuter sans «condition préalable» et n'envisage que des «gestes de bonne volonté», comme un gel partiel de la colonisation, selon les médias.(Afp)