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Karim Djoudi sonne l’alerte sur l’explosion des importations

06-08-2013 17:00  Khidr Ali

Le phénomène des surfacturations des importations est une pratique qui s’est développée à l’ombre de la « bazarisation » de l’économie algérienne. Des milliers d’importateurs, par l’odeur du filon attirés, ont ainsi bâti des fortunes colossales à l’étranger et cela au détriment du trésor public. Mais le phénomène semble avoir atteint la côte d’alerte. Ce qui expliquerait les montées aux créneaux successifs du Premier ministre puis du ministre du commerce ces derniers jours.

Après les instructions de Sellal aux institutions concernées, afin d’endiguer la saignée, Karim Djoudi, dans un entretien à l’APS parle d’un « véritable fléau que toutes les institutions de l’Etat doivent combattre ». De préciser que pour ce qui concerne son département, tout sera mis en œuvre « pour endiguer ces pratiques illicites et mettre un terme chaque fois que cela est possible à ces actions nuisibles à notre économie ».

Nous apprenons ainsi , de la bouche du premier argentier du pays que « Toutes les structures du ministère des Finances concernées sont instruites pour faire preuve de toute la vigilance nécessaire pour prévenir ces actes, les contrecarrer et réprimer les auteurs présumés de ces infractions" a ajouté le ministre ». Selon les instructions du Premier ministre, le département de Karim Djoudi, est convié à donner un tour de vis radical en matière de contrôle et de renforcer et de le renforcer sur la surfacturation à l'importation, les transferts éventuels au titre des opérations entre entités d’un même groupe.

Ce tour de vis portera aussi sur l’exercice d’un contrôle plus rigoureux sur les achats de produits non nécessaires à l’activité ou à la consommation nationale et disponibles sur le marché de la production nationale ainsi que sur les bénéficiaires finaux non identifiés des produits importés subventionnés et autres.

Deux groupes de travail sont mis en place, à cet effet, pour trouver les mesures adéquates pour rationaliser les importations et lutter contre les infractions de change. Karim Djoudi a cité dans l’entretien accordé à l’APS un rapport sur la répression des infractions à la législation des changes pour illustrer l’ampleur de ce trafic. Plus de 1.000 procès-verbaux établis et transmis à la justice pour un corps de délit de plus de 17 milliards de dinars (220 millions de dollars). Ce rapport qui ne donne pas toutefois une "évaluation correcte de ce phénomène" puisque ce montant, même s’il apparaît important marque néanmoins un net recul de 54% par rapport au niveau enregistré durant l’exercice précédent".

A ce titre, le ministre considère que la hausse des volumes des importations et des intervenants dans la chaîne du commerce extérieur fait augmenter les tentations des fraudeurs qui veulent tirer des avantages indus. Karim Djoudi a tenu cependant à éviter les amalgames entre les transferts effectués dans le cadre d’importations régulières et les transferts illicites opérés en violation manifeste de la réglementation en vigueur. En d’autres termes, il veut dire que les opérateurs de l’import ne sont pas tous pourris.

Enfin Karim Djoudi a confirmé, les chiffres révélés la semaine dernière par les douanes, à savoir une hausse substantielle des importations pour le 1er semestre 2013, période durant laquelle elles ont atteint 28,35 milliards de dollars, en progression de 17% par rapport à la même période en 2012. Est-ce que ces nouvelles mesures vont pouvoir, à défaut de l’inverser, ralentir cette tendance structurelle des importations ? Difficile d’y croire quand on sait qu’elle est, en partie au moins, le fait de ceux qui font la décision politique.

 

 



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