Le ministère de la communication, a réagi après le blocage du quotidien « Mon journal » et son pendant en arabe et tenté de recadrer les choses en se défendant de toute velléité de censure. "Il n'a jamais été question de censure", a indiqué le département de Mohamed Said.
Le ministère n'a donné "aucun ordre de censure" de ces quotidiens qui continueront à être imprimés par les imprimeries publiques, a encore indiqué cette source qui cherche ainsi à montrer que ce qui s’est passé samedi à l’imprimerie n’est qu’un acte isolé.
"C'est le directeur de ces publications qui a initialement accepté de renoncer à leur impression après les observations qui lui ont été faites sur le non-respect de l'article 92 de la loi organique relative à l'information", a ajouté à l'APS la même source qui entend ainsi faire porter la chapeau de ce qui s’est passé à l'éditeur.
Aussi, le ministère "s'étonne-t-il de la campagne lancée par le directeur du journal" qui a indiqué que ses journaux ont été saisis samedi soir à l'imprimerie. Le ministère de la communication cite l’article 92 du code pénal sur lequel il s’est appuyé pour demander le retrait des pages contenant « des informations erronées et totalement fausses » sur la santé du président Bouteflika. L'article 92 de la loi stipule que le journaliste "doit notamment respecter les attributs et les symboles de l’État, avoir le constant souci d'une information complète et objective, rapporter avec honnêteté et objectivité les faits et événements et rectifier toute information qui se révèle inexacte".
Un acte de censure selon le SNJ
Pour sa part, le syndicat national des journalistes a vivement réagi à cette action du ministère de la communication qualifiée d’acte de « censure ». L’imprimeur, une société étatique a cru bon devoir, selon le responsable de ces deux journaux, soumettre le contenu d’un dossier consacré à la santé du chef de l’Etat, à l’appréciation du ministre de la communication qui, à son tour, ordonne cet acte de censure. Ainsi donc, le ministre de la communication a droit de regard sur le contenu des publications médiatiques, fussent elles indépendantes ! Par cette décision étrange, l’Algérie fait un bond spectaculaire vers le passé et renoue avec des pratiques que l’on croyait à tout jamais révolues », lit-on dans le communiqué du Syndicat national des journalistes rendu public hier.
« Le SNJ qui exprime son entière solidarité avec les confrères censurés, tient à dénoncer cet acte liberticide que rien ne peut justifier. Plus que tout, le Syndicat met en garde contre toute tentation de retour aux vieilles méthodes faites de chantages, sous toutes ses formes » lit-on encore dans ce communiqué. « Que tous sachent que la liberté de la presse et d’expression est un acquis irréversible, en Algérie particulièrement ou, depuis 1988, la corporation n’a jamais cédé, ni aux pressions du pouvoir, ni même à la barbarie terroriste ».
Pour rappel, le parquet général près la cour d'Alger a ordonné dimanche des poursuites judiciaires contre Aboud Hichem pour "atteinte à la sécurité de l’État, à l'unité nationale et à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions".