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Johnny Halliday: une idole algérienne ?

10-12-2017 13:00  Amine Bouali

Le rocker français Johnny Halliday auquel la "France yéyé" a rendu,ce samedi 9 décembre, à l'occasion de son décès, un hommage digne d'un lauréatdu prix Nobel, a eu l'occasion de faire "twister" la jeunessecitadine branchée algéroise, le 7 et 8 janvier 1967, lors de deux galasmémorables organisés au cinéma Majestic d'Alger, par le très sérieux Muséenational de la Révolution.             

L'austère Algérie du Président Boumediene n'avait alors pas craint de perdreson âme, en invitant cette "idole des jeunes" de la France du milieudes années 1960, qui tentait d'oublier ses crimes (et ses propres blessures)durant la monstrueuse guerre coloniale qu'elle a menée en Algérie.                                         
Mais la présence de Johnny Halliday à Alger, à cette époque (quelques annéesaprès l'Indépendance algérienne) était aussi, peut-être, une sorte de pied denez au président français De Gaulle qui voyait d'un mauvais œil, monter uneimmense "chienlit" à Paris et dans tout l'Hexagone.      

Pour A. Mrah, ancien réalisateur de documentaires à la télévision, "J'aidécouvert Johnny Halliday et le groupe "Les chaussettes noires" (etleur leader Eddy Mitchel) en 1963/64 à Alger, grâce à la radio que je captaissur mon vieux "Transistor" et par le biais de disques "45tours" que j'écoutais sur un tourne-disque de marque "Teppaz". Mais les jeunes citadins algériens leur préféraientplutôt le fabuleux groupe de rock anglais "Les Beatles" ou le"king" Elvis Presley, et sur un autre registre, les grands ténorségyptiens Abdelhalim Hafez, Farid El-Atrach ou Mohamed Abdelwaheb". 

"Johnny Halliday, avec sa tignasse blonde et son blouson en cuir, a été unpur produit de l'industrie musicale mais aussi des stratèges politiquesfrançais" analyse pour sa part, Z. M., sociologue. "Johnny Hallidaybaragouinait un refrain bancal sur un rythme endiablé puis se mettait à hurler.Ce n'était rien d'autre qu'une pâle imitation du sublime "rythme noiraméricain". Dans cet immédiat après-guerre d'Algérie, la société françaiseavait besoin d'une bouffée d'oxygène pour oublier son traumatisme provoqué parle "cataclysme algérien", un traumatisme qu'elle ne voulait même pass'avouer".        

Pour toute une génération de la jeunesse française (qui a été touchée de prèsou de loin par cette tragédie) la "musique yéyé", les "idolesdes jeunes", le "mythe Johnny"- fabriqués de toutes pièces aussibien pour gagner de l'argent que pour guérir les esprits- ont servi alors unpeu d'exutoire (et de dérivatif) pour se réveiller du cauchemar de la guerred'Algérie. 

 



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