Le député sunnite Aïfan Saadoune al-Issawi, engagé dans la lutte contre Al-Qaïda, a été tué mardi avec six autres personnes dans un attentat suicide près de son fief de Fallouja, à l'ouest de Bagdad, foyer de la contestation contre le Premier ministre chiite.
Cet attentat risque d'aviver un peu plus les tensions déjà fortes entre le Premier ministre Nouri al-Maliki et ses alliés gouvernementaux d'Iraqiya, un bloc laïque dominé par les sunnites dont était issue la victime.
Dans un communiqué, le représentant de l'ONU en Irak, Martin Kobler a condamné l'attentat et appelé «toutes les forces politiques à s'abstenir de provoquer des tensions et à faire preuve de la plus grande retenue».
Dimanche, le ministre sunnite des Finances Rifaa al-Issawi, membre de la même tribu et du même bloc politique que le député tué, a échappé à une tentative d'assassinat, également à l'ouest de Bagdad.
Le parlementaire a été tué alors qu'il inspectait une route en construction au sud de Fallouja, dans la province majoritairement sunnite d'al-Anbar.
«Au moment où il est descendu de sa voiture pour inspecter la route reliant Fallouja à Amriyah, un homme s'est approché, il l'a étreint, a crié 'Allah Akbar' (Dieu est grand) puis s'est fait exploser», a indiqué à l'AFP Sohaib Haqi, le chef de son bureau. Le kamikaze portait un uniforme de chantier.
Six autres personnes -quatre gardes du corps et deux civils- ont péri dans l'attaque et six ont été blessées, selon le docteur Assem al-Hamdani de l'hôpital de Fallouja.
Au Parlement, M. Issawi, 37 ans, avait succédé à Khaled al-Fahdawi, mort en août 2011 dans un attentat suicide dans une mosquée sunnite de Bagdad.
Lutte contre Al-Qaïda
Aïfan Saadoune al-Issawi assumait également de hautes responsabilités au sein des Sahwa (Le réveil, en arabe), ces milices composées d'anciens insurgés membres de tribus sunnites qui se sont retournées contre Al-Qaïda et qui ont joué un rôle clé dans la réduction des attaques du réseau.
L'attentat de mardi n'a pas été revendiqué, mais l'Etat islamique d'Irak, la branche d'Al-Qaïda en Irak, prend régulièrement pour cibles les forces de sécurité, la communauté chiite et les responsables politiques qui lui sont hostiles.
Au plan politique, cette attaque risque de nourrir la crise actuelle entre Iraqiya et le reste du gouvernement de M. Maliki, dominé par les chiites.
«J'espère que ce crime poussera les dirigeants (irakiens) à se réunir et à essayer de trouver une solution, car il n'y a pas d'alternative», a réagi Mahmoud Othman, un député kurde sans étiquette.
Le bras de fer se traduit par des manifestations anti-gouvernementales dans des zones majoritairement sunnites depuis trois semaines.
La minorité sunnite organise ces rassemblements, accusant le gouvernement Maliki de la mettre sur la touche. Elle réclame la libération de prisonniers ainsi que l'abrogation des lois antiterroristes dont elle estime faire les frais.
M. Maliki a partiellement accédé à une de leurs revendications en faisant libérer plus de 300 prisonniers, «des innocents», comme l'a reconnu le vice-Premier ministre Hussein Chahristani.
Le dernier mouvement de contestation sunnite a démarré après l'arrestation le 20 décembre de neuf gardes du ministre des Finances. (Afp)