Des combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ont établi un tribunal islamique dans la ville et imposé des règles strictes, interdisant par exemple aux femmes de se rendre sur les marchés et aux hommes de porter des vêtements occidentaux et de raser leur barbe...
Les insurgés liés à Al-Qaida de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) imposent désormais leur loi à Falloudja, ville échappant depuis début janvier au contrôle du gouvernement irakien. Ce dernier redoute que ces combattants bien armés ne se dirigent vers la capitale, distante de seulement 60km.
Des combattants de l’EIIL ont établi un tribunal islamique dans la ville et enlevé des hauts responsables, dont un officier de la police et plusieurs cheikhs tribaux, selon des témoins et des chefs de tribus. Via les haut-parleurs des mosquées, ils ont également appelé les habitants à les rejoindre dans leur combat contre les forces de sécurité irakiennes.
Un habitant a indiqué à l’AFP que les insurgés avaient imposé des règles strictes dans certains quartiers, interdisant par exemple aux femmes de se rendre sur les marchés et aux hommes de porter des vêtements occidentaux et de raser leur barbe. Les combattants de l’EIIL «n’acceptent rien de ce que nous décidons. Ils veulent que tout le monde travaille sous leur commandement, sous leur régime», a expliqué pour sa part un chef tribal sous couvert d’anonymat.
Suffisamment armés pour «occuper Bagdad»
Ce lundi, l’armée a poursuivi son assaut lancé la veille contre Ramadi, 40 km plus à l’ouest, et menait également des opérations dans des zones rurales entre ces deux localités, où des insurgés ont trouvé refuge. Dans la journée, un journaliste a été tué et un autre blessé dans une attaque perpétrée contre une patrouille de police à Khaldiyah, à l’est de Ramadi. Deux policiers ont également péri, ainsi que sept insurgés, selon les forces de sécurité.
Le secrétaire d’Etat à l’Intérieur Adnane al-Assadi a averti que les groupes insurgés avaient suffisamment d’armes pour «occuper Bagdad». «Leur objectif n’est pas seulement de contrôler Falloudja et [la ville proche de] Garma, mais de renverser l’ensemble du système politique», a-t-il jugé, au lendemain de l’appel à «ramper vers Bagdad» lancé à ses hommes par le chef de l’EIIL, Abou Bakr al-Baghdadi.
Violences
L’Irak est entraîné dans une spirale de violences depuis début 2013, violences qui ont de nouveau touché ce lundi la capitale irakienne, où six attentats à la voiture piégée ont fait 21 morts, selon des sources médicales et de sécurité. Quatre personnes ont par ailleurs été tuées à Mossoul (nord).
Face à l’escalade de la violence, et alors que le pays doit tenir des élections législatives en avril, l’armée américaine serait prête à entraîner des forces irakiennes pour des missions antiterroristes dans un pays tiers, comme la Jordanie. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé de son côté les autorités irakiennes à mener une politique de réconciliation nationale pour mettre fin aux heurts, la communauté sunnite s’estimant discriminée par le gouvernement, dominé par les chiites. Mais le Premier ministre Nouri al-Maliki a affirmé que les violences n’étaient pas la conséquence de problèmes internes, pointant du doigt dimanche des pays arabes «diaboliques et traîtres».(Afp)