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Vols entre la France et l'Algérie : c'est voyage au bout de l'enfer!

14-07-2021 12:58  N. S

Voyage au bout de l’enfer, comme dans  la « Divine Comédie » de Dante : c’est ainsi qu’on peut décrire le calvaire qu’endurent depuis des semaines  des milliers de pauvres  algériens  qui demandent  juste à rentrer au pays. Ce n’est pas un luxe, pardieu !

Pourtant, Quand le président Tebboune avait annoncé, en Conseil des ministres, la réouverture des frontières à partir du 1er juin, c’est un ouf de soulagement, une bouffée d’oxygène, une lueur d’espoir…

Mais au fil des jours, cet espoir a muté, comme le virus de la Covid-19, en cauchemar, à cause d'un nombre de vols ridiculement bas de l'orde de 5 vols hebdomadaires et d’une  gestion catastrophique des vols par Air Algérie prise au piège par une absurde limitation des vols avec ses inévitables effets pervers comme la bureaucratie et son pendant sonnant et trébuchant le bakchich.

« On nous empêche de rentrer au pays pour accompagner nos morts, pour se recueillir sur les tombes de parents que nous n’avons pas pu voir partir pour que nous puissions faire notre deuil, mais pour  les membres de la Nomenklatura, leurs enfants, les responsables d’Air Algérie et leurs copains et coquins, c’est open bar, ils  voyagent comme ils veulent, quand ils veulent, où ils veulent dans des avions qui rentrent à moitié vides au pays »,  nous raconte avec une voix étranglée par des hoquets un sexagénaire dans une longue et  sanglante complainte sur whatsapp. A ce propos un voyageur a filmé et posté sur Internet l'intérieur d'un avion en vol vers Alger... à moitié vide.

Devant cette situation typiquement algérienne  où l’absurde kafkaïen se marie avec le burlesque rabelaisien, les algériens ne trouvent plus que les réseaux sociaux comme exutoire pour évacuer leur rage et déverser leur ire sur les responsables algériens, sur le destin, sur la géographie, sur l’histoire de l’Algérie.

« On nous prend pour des pigeons à plumer, comme si on devait payer cher pour notre désir de rentrer au pays  pour quelque jours », écrit  Pitchoum sur son mur et raconte aussi qu’il s’est fait proposer « un billet de 2.000 euros sur Transavia, sans compter les 700 euros pour un aller simple Alger/Oran ».

Pour celui qui a ses entrées au niveau du comptoir d’Air Algérie à l’aéroport d’Orly ou celui de Roissy, la magie de l’Euro rend possible le vol sur Alger ou autres destinations, selon de nombreux témoignages dans les réseaux sociaux.

Un voyagiste qui  a pignon sur rue de Mostaganem à Oran se pose cette question qui relève d’ailleurs  du gros bons sens : « je ne comprends pas pourquoi on limite les vols, uniquement sur Oran, Alger et Constantine, alors que la demande est très forte et que les avions d’Air Algérie sont cloués au sol et ne demandent qu’à voler ? »

Et notre interlocuteur, qui ronge son frein depuis le début de la pandémie d’en remettre une autre couche sur le même registre  en se demandant « pourquoi on n’ouvre pas les aéroports de Annaba, de Sétif (qui une forte émigration dans la région de Lyon) Bejaia, Tlemcen... qui ont des capacités hôtelières  pour accueillir les voyageurs.

Pourquoi pas des vols à partir de Lille, de Lyon, Toulouse, Nantes  pour atténuer le calvaire des nos compatriotes qui doivent faire des centaines de kilomètres pour  arriver à Paris ou à Marseille et encore pour ceux qui ont la chance de pouvoir prendre un vol » ajoute t-il.

« Même si les responsables ont fait exprès, ils n’auraient pas fait pire », résume, mi ironique, mi colérique Abdelali, un homme d’affaire qui voyage régulièrement entre Alger et Alicante où vit une partie de sa famille.

Il n’a pas de mot assez durs pour qualifier la mesure prise dernièrement par le premier ministre de dispenser les citoyens détenteurs d’un passeport diplomatique de l’obligation  d’u confinement de cinq jours à l’hôtel.

« C’est quoi ça ? C’est de l’Apartheid ? C’est scandaleux ! Cette mesure discriminatoire traduit en fait le mépris des pouvoirs publics pour notre diaspora à l’étranger », assène t-il  rageur.

Et comment se passent les choses chez notre voisin de l’Ouest, car nos compatriotes comparent. Les vols ne sont pas contingentés, Royal Air Maroc a programmé pour cet été 1400 vols rien que pour le mois de juillet pour transporter des centaines de milliers de voyageurs à des prix incroyablement bas ; un billet aller-retour est proposé à 97 euros TTC par passager pour une famille composée de quatre membres ou plus. Ce prix passe à 120 euros par passager pour une famille de 3 membres. Il grimpe à 150 euros pour un passager voyageant seul ou en compagnie d’une autre personne. "Le roi vient même de prendre la décision de supprimer la case confinement dans les hôtels, chaque émigré doit se confiner chez lui pendant  5 jours et à l'issue de cette période faire un test », nous apprend un d’entre eux.

« Avec la France, la situation est compliquée par rapport au nombre d’Algériens qui y vivent la reprise des vols avec ce pays est insuffisante.il y a des nécessités sociales et économique à préserver par les  rotations avec la France  métropolitaine. Même si l’Algérie doit se défendre face aux menaces, je dois dire que la situation est assez maitrisée en France » , estime le Dr Bekkat Berkani.

Pour ce membre du Comité scientifique, qui n’a pas toujours la langue dans la poche «  un algérien qui vit en France doit se suffire d’un test PCR négatif de 36 heures avant de prendre le départ et un test antigénique à l’arrivée, et c’est amplement suffisant pour éviter la mesure contraignante d’hébergement plusieurs jours dans des hôtels ».

« Il faut ajouter beaucoup plus de rotations parce que c’est nécessaire pour arrêter la détresse des algériens qui vivent des situations difficiles en France », insiste le Dr Berkani.

Son appel et celui de millions de nos compatriotes seront-ils entendus par les autorités ? Pour l'heure et depuis plusieurs semaines les réseaux sociaux sont devenus un véritable défouloir où des milliers de messages sont postés des deux côtés de la Méditerranée déversant rage et colère et fulminant avec des mots très durs l'attitude des autorités du pays accusées de peu d’intelligence et de bon sens dans la programmation de ces vols rocambolesques. 



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