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Une année après, quelles perspectives pour le Hirak qui doit choisir entre horizontalité et structuration

20-02-2020 15:03 

Dans quelques heures, le mouvementpopulaire qui aura ébloui le monde par son combat tenace et son pacifisme àtoutes épreuves, bouclera sa première année.

C’est déjà un immense acquis que derésister douze mois sans fléchir qui plus est face à une redoutable machine depropagande et autres chausse-trappes qui lui étaient posées par le pouvoirancien, et nouveau.

Mais au-delà de cette remarquablerésistance face à l’adversité, et cette volonté inébranlable de faire triomphersa révolution, le Hirak n’en est pas moins confronté à la nécessité de seréinventer.

Que faire en effet pour ne pas tomberdans la banalité de continuer à entonner des slogans qui n’ont visiblementaucun impact sur l’agenda politique du pouvoir ?

La question coule de source, n’endéplaise à certains esprits aigris qui ne veulent juste pas  donner un semblant de mouvement à un statu quosi préjudiciable à l’insurrection citoyenne.

En l’occurrence, le Hirak est d’ores etdéjà mis en demeure de se donner de nouveaux moyens delutte et de mobilisation qui lui permettront de peser lourdement sur le coursdes événements à venir.   

Il faut bien admettre en effet que malgréla formidable mobilisation populaire, tout ou presque reste à faire .L’épineuse question de l’opportunité oupas de la structuration du Hirak provoque parfois de vifs échanges.

Entre ceux qui y voient une nécessitéabsolue que le Hirak se donne des têtes d’affiches qui vont porter sa voix ausommet du pouvoir et ceux qui s’accrochent au format actuel d’un mouvementpopulaire sans tête pour éviter sa récupération, le débat parait biendifficile.

Il est pourtant utile voire inévitableface à un pouvoir qui fonce tête baissée à la concrétisation de sa feuille deroute .Le fait est que des visages du «Bouteflikisme» que le Hirak a écarté reviennent curieusement pour peupler les «nouvelles institutions» et reprendre du service chez le président Tebboune.

Il faut reconnaitre que Hirak n’a pas étécapable d’éviter le retour de ce « refoulé » et empêcher que les hommes dupassé et du passif puissent revenir dans une posture qui confine à un pied dunez.

Tebboune-Hirak même combat ? 

Le pragmatisme politique voudrait que lemouvement populaire face son  introspection,son autocritique pour un droit d’inventaire qui baliserait la voie du futur.

Il doit réajuster sa stratégie enfonction des nouvelles données pour espérer se poser comme un partenaireincontournable dans la solution de l’impasse politique et par extension laconcrétisation de ses principales revendications.

La reconduction de la même stratégie,présente en effet le risque que les choses continuent à se faire sans le peuplequi marche. Tout le monde s’accorde sur l’intérêtvital que le Hirak se poursuive et qu’il continue de jouer son rôle de « sentinelledémocratique » contre les velléités de retour à la case départ. Ironie du sort, les courbes du présidentTebboune et celles du Hirak pourraient facilement se croiser.

Par sa ténacité et la permanence de samobilisation, le peuple qui marche parait être l’allié objectif du président dela république s’il est animé, comme il le dit, d’une volonté sincère de donnercorps aux revendications populaires notamment l’instauration d’un Etat droit oùles libertés collectives et individuelles notamment la liberté de la presse,d’expression et de réunion seront garanties.

Pour cause, certaines décisionsprésidentielles laissent supposer qu’elles n’ont pas forcément reçues l’onctiondu chef de l’Etat.

Le maintien de l’embargo sur les médias,la répression des marches, la non-autorisation des réunions publiques, sontautant de sujet qui contrastent avec les engagements pro Hirak qui a décidéfort opportunément de faire désormais du 22 février la « Journée nationaledu Hirak et de la fraternité entre le peuple et son armée »  

Alors structuration du Hirak ou pas ?Encore faut-il que les figures de proues de celui-ci le veuillent. Qui sont-ilsjustement ceux qui peuvent parler au nom du Hirak ? C’est la seulequestion qui vaille d’être posée en ce premier anniversaire de la révolutioncitoyenne.  



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