L’Algérie se serait passée volontiers de lasoudaine et terrible dépression du marché pétrolier. Dépendante quasiexclusivement de cette rente volatile, la chute brutale des cours du brut vaimpacter sévèrement son économie.
A déjà 36 dollars le baril, l’Algérie seretrouve dans la zone rouge en ce sens que la loi des finances 2020 tablait surun prix moyen de 50 dollars. Autrement dit, l’Algérie va perdre 14 dollarssur chaque baril et donc des milliards de dollars sur l’ensemble de l’année. Etceci n’est qu’une hypothèse «optimiste» supposant que les cours devraientrester à ce niveau.
Or, le plus grand risque est peut être àvenir. La banque américaine Goldman Sachs prévoit un scénario Hitchcockien d’unbaril à seulement 20 dollars en se basant sur la guerre des prix que selivrerait l'Arabie saoudite et la Russie. C’est du moins la funeste nouvelle querapporte aujourd’hui lundi l’agence New Yorkaise Bloomberg.
«Le brut Brent pourrait descendre jusqu’à 20dollars le baril, testant les niveaux auxquels certains producteurs peuventopérer. Cette décision modifie complètement les perspectives des marchés dupétrole et du gaz», estime cette banque qui a réduitses prévisions pour les deuxième et troisième trimestres à 30 dollars le baril.
Bloomberg citant «certains experts pétroliers»,soutient que la guerre des prix du pétrole de l’OPEP et de la Russie s’estdéclarée depuis le weekend dernier. «Le pronostic pour le marché pétrolier estencore plus désastreux qu’en novembre 2014, lorsque cette guerre des prix acommencé, alors qu’il s’agit d’un effondrement significatif de la demande depétrole due au coronavirus », expliquel’agence.
Et pour cause ! Le Cartel de l’OPEP etses alliés n’ont pas réussi à parvenir à un accord pour prolonger lesréductions de production la semaine dernière, boostant ainsi les prix du brut.
Et comme un malheur n’arrive rarement seul,le royaume des Al-Saoud qui cale sa politique pétrolière à son agendadiplomatique et parfois aussi à ses calculs internes (intrigues du palais dû à lasuccession au trône) a décidé de brader le baril à des niveaux inimaginables.
Pis encore, la monarchie wahabbite vaenfoncer le clou dans le dos des pays comme l’Algérie, en annonçant sonintention non pas de réduire sa production mais au contraire, de l’augmenter audessus de 10 millions de barils par jour.
Face au refus de la Russie de baisser saproduction de 1,5 millions de barils /jour lors du sommet OPEP et non-OPEP dejeudi dernier, Ryad a décidé de frapper très fort quitte à en subir lesdommages collatéraux.
Les résultats d’une telle décisionne se sont pas fait attendre : Lescours de l’or noir se sont effondrés ce lundi de plus de 30%.
La facture salée du «Bouteflikisme»
Les deux principaux contrats étaient, le prixdu WTI (West Tewas Intermediate) s’établissant à 33 dollars le baril et celuidu Brent à 36 dollars le baril.
Pour l’Algérie, c’est une véritable douchefroide. Une très mauvaise nouvelle qui va complètement remettre en cause leprogramme déjà poussif et laborieux du gouvernement Tebboune.
Il faut savoir en effet que l’extraction d’unseul baril de pétrole coûte au moins 11 dollars. Il est alors loisible dedeviner les conséquences financières et économiques d’un prix à 20 dollarscomme le prévoit Goldman Sachs.
L’épidémie du Coronavirus, ayant déjà grippé l’économie mondiale, commence à se faire ressentir en Algérie qui importepresque tout ce qu’elle consomme. L’horizon parait bien bouché face à cettedouble mauvaise augure conjuguée faut-il le souligner, à une impasse politiqueet une rue qui gronde de plus en plus fort.
Le président Tebboune et son gouvernementn’ont désormais plus de marge de manœuvres quand il leur sera même difficiled’assurer les services publics. Il va sans dire qu’avec un baril aussi bradé,le bas de laine que constituent les 62 milliards de réserves de change serasiphonné plus vite que prévu.
Tout compte fait, les méfaits de la «Issaba»(bande) ce ne sont pas uniquement ces sommes astronomiques volées et lesprojets bidon, et les marchés entre copains et coquins. C’est surtout le crime politique d’avoirarnaqué les algériens par un discours trompeur et manqué de construire une économie horshydrocarbures qui aurait pu mettre le pays à l’abri des cauchemars qui leguettent aujourd’hui.
La sale facture des vingt ans de«Bouteflikisme» improductif va-t-être payée maintenant par une jeunesse quiréclame le changement.