Algérie 1

Icon Collap
...

Tribunal militaire de Blida : quand la langue de Said Bouteflika se délie un peu

11-02-2020 14:38  Djamil Mesrer

Le recours en appel de SaidBouteflika n’a rien changé à son sort, puisque le verdict rendu lundi ne faitque confirmer sa peine retenue en première instance, le mois de septembredernier, en revanche son attitude a fondamentalement changé.

Autant il était muet comme unecarpe, lors du premier procès, en se suffisant de faire acte de présence dansle box des accusés, autant dimanche il s’est « ouvert » un peu pourse fendre devant le juge de certaines vérités, rapportées mardi par Le quotidienEl Watan, citant des avocats. En parlant de lui-même il récuse l’omnipotencedécisionnelle qui lui est souvent prêtée, affirmant qu’il n'est qu’un « simpleconseiller et homme de confiance »  de son frère président. 

Said Bouteflika dira qu'il n’a jamais été détenteur du pouvoir et il n’a jamais usurpé les fonctions du chef de l’Etat. et qu'il n’était qu’un conseiller aux pouvoirs limités. Saïd Bouteflika a également affirmé qu’il «n’a jamais été question du limogeage de Gaïd Salah, lors de la réunion du 27 mars 2019, et qu’il n’a jamais été une cible et le décret de sa mise de fin de fonction n’a pas existé. Cette réunion était organisée pour échanger les points de vue sur la situation du pays».

L’autre révélation de taille, quine manque pas d’interroger, c’est par rapport au défunt chef d’état-major de l’Armée, Ahmed Gaid Salah, et  sa position parrapport au quatrième mandat de Bouteflika. Voilà ce que dit Said Bouteflika, àce propos, selon ce qui est rapporté par El Watan : « En 2014 monfrère ne voulait pas d’un quatrième mandat, mais c’est le vice-ministre de la Défensequi l’a convaincu de se présenter. Il lui a rendu visite à plusieurs reprises. Une fois en présence de Abdelmalek Sellal, une autre fois en présence d’AhmedOuyahia et une troisième fois en ma présence pour le pousser à annoncer sacandidature ».

Concernant les événements du moisde mars qui ont précédé la chute de son frère, Said Bouteflika soutient qu’aprèsle retour du président Bouteflika de Genève, il est lui-même allé voir Gaid Salah à son bureau au MDN pour lui demanderde rendre visite au président. « C’était le 23 mars vers 10 heures. A 15heures, le chef d’Etat-major de l’ANP est arrivé à la résidence avec undiscours d’adieu à la main que devait lire le président lorsqu’il annoncera sadémission ».

Said Bouteflika a évoqué aussi sa discussion au téléphone avec Tayeb Belaïz, alors président du Conseil constitutionnel, sur l’application de l’article 102 de la Constitution, comme suggéré par le chef d’état-major de l’Anp, en affirmant avoir demandé si cette solution pouvait être empêchée ou non, selon la même source.

Sur la décision du limogeage deGaid Salah Salah en tant que chef d’Etat-major et vice-ministre de la Défense,  Said Bouteflika dément formellement cette information, assurant qu’elle « n’existepas » et que le document diffusé dans les médias « était un faux ». 

Dans une autre révélation, qui éclaired’un autre jour les intrigues au sommet de l’Etat, en pleine crise du cinquièmemandat, Said Bouteflika mouille Abderrazak Makri, le chef du MSP, qui à l’époque s’estdéfendu d’avoir pris à quelque rencontre secrète que ce soit.

D’après lui, il avait reçuplusieurs chefs de partis politiques pour discuter de la situation politique dupays et des perspectives de solution, citant Abderrazak Makri, comme faisantpartie de cette liste, sans citer d’autres noms.   

Enfin, et selon toujours les avocats, cités par El Watan, les fonctionnaires de la Présidence, interrogés en tant que témoins, ont rejeté l’authenticité du décret portant mise de fin de fonction de Gaïd Salah, en tant que chef d’état-major de l’Anp et vice-ministre de la Défense.



Voir tous les articles de la catégorie "A la une"