Après plusieurs jours de combats intenses, les médias syriens (SANA, al Watan) et libanais (Al Mayadeene) ont annoncé que forces gouvernementales syriennes sont entrées hier dimanche 18 août à Khan Cheikhoune, une ville stratégique de la province d’Idleb du nord-ouest du pays, située sur une autoroute elle aussi tout autant stratégique.
Ce lundi 19 août, les forces spéciales syriennes (Quwat Al Nimr) appelées « les Forces du Tigre »et dirigées par le célèbre major-général Souheil al-Hassan (photo), surnommé par ses hommes "Le Tigre", sont en train de récupérer toute la ville sous une couverture de raids aériens contre les repères des terroristes.
Par ailleurs, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), vitrine médiatique des services secrets britanniques, a lui aussi confirmé que les forces de l’armée syrienne ont repris dans la nuit de dimanche à lundi 19 août Khan Cheikhoun.
« Les forces syriennes sont entrées à Khan Cheikhoun pour la première fois depuis qu’elles en avaient perdu le contrôle en 2014 », a déclaré Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH.
« De lourds affrontements opposent les terroristes aux militaires syriens qui ne cessent de récupérer ville après ville », a-t-il expliqué.
Khan Cheikhoun se situe près de l’autoroute Damas-Alep, fermée depuis plus de cinq ans et qui permet de relier plus facilement la capitale à la grande métropole du nord. La prise de cette ville permet de sécuriser un vaste tronçon de cet important axe routier.
Les militaires syriens sont entrés à Khan Cheikhoun par le nord-ouest et ils ont pu récupérer plusieurs bâtiments.
« L’armée syrienne a pilonné les positions des terroristes du Front al-Nosra sur l’axe Kafreidoun- Sabbaghiya dans la périphérie de Khan Cheikhoun. Plusieurs terroristes d’al-Nosra ont été éliminés tandis qu’un certain nombre d’autres ont été contraints de s’enfuir », rapporte pour sa part l’agence de presse officielle syrienne, SANA.
Idlib est la seule province syrienne dont les terroristes toujours contrôlée par les terroristes
En 2015, Idlib a été occupée après une coalition entre des groupes terroristes baptisée Jaysh al-Fatah, dont al-Nosra est la principale aile. Cette coalition qui est soutenue à l’époque par l’Arabie saoudite, la Turquie et le Qatar, s’est effondrée et n’existe plus en raison des discordes ayant divisé ces trois membres.
La libération de Khan Cheikhoun revêt d’une importance capitale, car elle relie l’est, l’ouest et le nord d’Idlib. La reprise de cette ville rend le terrain propice à la libération de Ma'arrat al-Numan, ville située sur la route d’Alep-Hama ce qui sera un prélude au nettoyage de la route Alep-Damas de la présence des terroristes.
Les militaires syriens déployés dans le sud d’Idlib ont libéré les fermes et les collines de Khan Cheikhoun en encerclant les terroristes dans la cité stratégique de Madaya, située dans le gouvernorat de Rif Damas.
L’opération d’envergure s’explique par la violation répétée du cessez-le-feu à Idlib par le groupe terroriste du Front al-Nosra qui a mis à rude épreuve la patience de Damas.
La province d’Idlib et le nord de Hama sont inclus dans l’accord dit « zone de désescalade » conclu entre la Turquie, la Russie et l’Iran. Selon les termes de celui-ci, la Turquie doit disposer de 12 postes d’observation et l’Iran et la Russie d’un total de huit postes d’observation à Idlib. Ankara a ensuite augmenté ses points de contrôle qui sont désormais montés à 20.
La 13e édition des pourparlers d’Astana portant sur la crise syrienne a eu lieu le 1er août en présence des représentants des pays garants du cessez-le-feu, du gouvernement syrien et des opposants. Lors de ces négociations les trois parties se sont mis d’accord sur la réinstauration d’une trêve à Idlib, mais au lendemain de ces pourparlers le chef du groupe terroriste du Front al-Nosra, un dénommé Abou Mohammed al-Joulani a annoncé qu’il ne respectait pas le cessez-le-feu ce qui a poussé l’armée syrienne à relancer ses opérations.