L’ancien leader du RCD, Said Sadi, vientde déchirer le silence ambiant en osant une plaidoirie en faveur de «l’organisation»et l’«adaptation» des méthodes de lutte face à la volonté de replonger lepays dans la «congélation politique».
Dans un message posté aujourd’hui jeudisur sa page Facebook au titre suggestif «urgence et cohérence», Said Sadi ne s’encombre pas de formules pourproposer que le mouvement populaire se donne d’autres moyens de lutte plusefficaces pour «transformer le rejet en projet».
«C’est au moment où les citoyens les plusavisés s’interrogent légitimement sur la suite à donner au mouvement du 22février que le pire arrive. Tous les signaux convergent : l’arbitraire est unestratégie assumée et la fermeture politique s’affiche comme un objectifouvertement revendiqué par le pouvoir. Cette démarche est malheureusementune impasse pour la nation», estime l’ex patron du RCD.
Pour lui, les arrestations opérées «pourdes motifs dignes des régimes de la guerre froide, la justice aliénée,l’entrave faite à l’activité politique y compris dans l’enceinte des locaux despartis, la mise au pas de la presse…ne laissent pas de place au doute».
S’il admet qu’il ne faut jamais s’arrêterde dénoncer l’injustice à travers les marches, Sadi pense pourtant que celan’est pas suffisant et qu’il faille désormais que le Hirak se donne un cap desmoyens, et des hommes pour le porter.
«Les reprises des manifestations, quandelles seront possibles, vont-elles rester ce qu’elles étaient : desdémonstrations hebdomadaires où les foules généreuses affrontaient les abus desservices de sécurité avant de rentrerchez elles désabusées, faute d’avoir été orientées vers des solutions quitransforment leur rejet en projet ? s’interroge Said Sadi.
Et de répondre : «Diabolisée pourdes raisons d’ambitions mal maitrisées ou esquivée du fait de l’incompréhensiondes enjeux, la question de l’organisation et de l’adaptation des méthodes deluttes demandée par la rue nous tombe maintenant dessus avec plus d’acuité.Nous sommes mis en demeure de la trancher dans l’urgence». .
Sadi n’est pourtant pas sûr que les «élitesvont enfin se hisser à la hauteur des attentes populaires et des exigences dictéespar des circonstances historiques exceptionnelles ? »
Lui est convaincu qu’il est plus que jamais temps de rompre avec leshésitations et les luttes d’ego au risque de faire foirer le mouvement. «Trop de temps a été perdu, trop demanœuvres ont prévalu dans un moment de notre existence collective qui appelaithumilité et dévouement. Nul ne gagnera à cet aveuglement», rappelle t-il.
Said Sadi en veut pour preuve que les révolutionsqui ont abouti sous d’autres cieux, «ont été portées par une déterminationadossée à une bonne analyse de l’état des lieux et guidées par une lisibilitécohérente des perspectives».
Et quitte à froisser certains irréductiblesdu Hirak réfractaires à toute structuration, l’ex chef du RCD, assène que «lechangement radical ne peut s’accommoder du refus de l’adaptation des moyens delutte et du rejet d’une organisation horizontale transparente».