La nomination du politologueAbdelaziz Djerrad comme nouveau Premier ministre du président de la républiqueAbdelmadjid Tebboune, est plutôt inattendue.
Beaucoup d’observateurs s’attendaientà ce que le président puise son chef de l’exécutif du personnel politiquecarbonisé du système. Mais il semble qu’Abdelmadjid Tebboune ait compris que lecontexte politique tendu lui commande d’afficher une nouvelle tête qui nerappelle pas de mauvais souvenirs.
Pour cause, bien qu’il ait occupé despostes stratégiques sous Liamine Zeroual, notamment celui de conseiller auxaffaires diplomatiques, de secrétaire général de la présidence puis desAffaires étrangères, Abdelaziz Djerrad ne s’était jamais mêlé directementdes questions de politiques internes.
Autrement dit, il n’est pas grillé ausein de l’opinion dont la majorité retient par contre ses contributionséclairantes sur les questions géopolitiques.
Pour autant, le nouveau Premierministre qui incarnait le parfait commis de l’Etat besogneux, a su capter lesmessages forts du soulèvement populaire qu’il tôt fait de soutenir.
On retiendra notamment son passage remarquablesur les ondes de la chaine III, durant lequel il s’était clairement positionnéen faveur de l’application des articles 7 et 8 de la constitution qui stipulentde rendre la souveraineté au peuple.
Abdelaziz Djerrad a eule courage de désavouer publiquement le régime de Bouteflika et a appelé lesautorités du pays à saisir le puissant message populaire du Hirak.
Le voilà, par uneincroyable ironie du sort, investipersonnellement de donner du sens à ce qu’il a théorisé dans les médias.
Djerrad n’est pas untechnocrate à proprement parler ni un homme politique d’ailleurs. Il incarne unprofil différent de cadre de la haute administration rompu aux rouages del’Etat et à leur coordination.
Vu sous cet angle, ilsemble bien taillé pour le job en plus du fait qu’il n’ait pas mauvaise presseet qu’il ne soit pas un homme clivant. Il va sans dire que son bagage théoriqueen tant que docteur d’Etat en sciences politiques adossé à son expérience auMAE et à la présidence, le prédispose à être un fin négociateur.
Pour le Hirak, ilapparait être un homme de compromis qui saura concrétiser les attentespopulaires.
Mais avant de juger deson aptitude à être un bon Premier ministre, il faudra attendre la compositionde son équipe qui renseignera dans une large mesure sur sa capacité àrassembler les algériens autour d’une feuille de route politique dont lafinalité sera de stabiliser le pays et lui fixer des caps politiques etéconomiques. Djerrad est-il donc l’homme de la situation ? Wait and see.