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Reprise des marches : la bataille fait rage sur la Toile entre partisans et adversaires

18-06-2020 16:03  N. S

Aumoment où une bonne partie de la classe politique est tout à la révision de la constitution,le chantier majeur du président Tebboune, sur la Toile, nous assistons depuisquelques semaines déjà à une épique cyber bataille sur la Toile entre partisansde la reprise immédiate des manifestations de rue et ceux qui y sont opposés,chacune des deux parties y allant de ses arguments.

Ainsi,ceux qui veulent reprendre les marches et qui ont visiblement des fourmillesaux pieds, redoutent que la prolongation de la trêve, pour cause de coronavirus, ne vienne à bout de la mobilisation, et accusent à ce propos le pouvoir de « profiter de l situation sanitairepour casser le Hirak ».

Al’inverse, les adversaires des marches, dans la condition actuelle, font valoirsurtout les risques sanitaires, avec un potentiel rebond de la pandémie quiserait la conséquence du rassemblement de milliers de personnes, envers etcontre la règle de distanciation physique.     

 «Nous devons marcher vendredi 19 juin, ilsuffit juste de porter des masques », recommande le militant  Bouaziz Mahi, dentiste âgé de 52 ans sur sapage Facebook, redoutant que « laprolongation de la trêve des manifestations casse la mobilisation populaire ».

Louisa,universitaire, partage la même crainte de « voir les algériens sedémobiliser si  les manifestations nereprennent pas  assez rapidement », d’autant plus, accuse t-elle, « lepouvoir en place veut profiter du confinement imposé pour des raisonssanitaires pour casser définitivement le mouvement populaire  et imposer son agenda politique  à la société algérienne ».

Signede la volonté du pouvoir de vouloir « empêcher le retour du Hirak »,note cette universitaire hirakiste, « lesarrestations des figures de la contestation, comme le militant politique KarimTabou, Samir Belaribi, le journaliste Khaled Drarni », en plus du blocagepar les autorités  des comptes Facebook quirestent le fer de lance de la « Révolution du sourire ».

La semaine dernière, les autorités ont empêchél’organisation d’une marche dans la wilaya de Béjaia, et plusieurs manifestantssont arrêtés par la police avant d’êtrelibérés, à l’exception  des activistesMerzoug Touati, Yanis Adjila et Amar Berri, qui sont placés en mandat de dépôt.

Le14 juin, date anniversaire de la fameuse marche des Aârouch, sur Alger, unetentative de manifestation commémorative de cette marche est empêchée par lesautorités à Bouira où un déploiement policier est mis en place.

A Ouargla,des dizaines de citoyens ont marché dans le turbulent quartier d’El Mekhadmapour dénoncer « la Horga » et « la marginalisation des habitantsdu sud », tout en scandant "Silmiya ! Silmiya", un clin d’œil au Hirak.

Ces « bouts de manifs », de-ci de-là,sont en quelque sorte des répétitions,à l’échelle locale, en prélude au retour des « vendredis de la colère ».  

Surle plan politique, le « Pacte de l’AlternativeDémocratique » regroupant des partis, ONG et personnalités, frontalementopposés à la politique du présidentTebboune, avaient également appelé lasemaine dernière les algériennes et les algériens « à demeurer vigilants pour s’engager avec force dans la repriseeffective des manifestations politiques dés que les conditions sanitaires de l’endiguementde la COVID-1 le permettent ».

Mêmele très médiatique avocat et figure majeure du Hirak, maitre Mostefa Bouchachi, est contreles appels à la reprise des manifestations de rue tout de suite, justifiantson opposition par les risques sanitaires et le risque de cassure du mouvement.

« Notrerévolution bénie a toujours été marquée par la conscience du peuple et sonunité, je pense qu’il serait sage de reporter le retour du Hirak jusqu’à ce queles condition sanitaires soient favorables », a-t-il écrit mercredi soir susa page Facebook en ajoutant que le fait « de se précipiter pour déterminer une date pour la reprise desmarches pourrait diviser nos rangs, nuire notre santé et notre mouvement pacifiste ».

Lesociologue et spécialiste des mouvements sociaux, Nasser Djabi, écrit, quant à lui, jeudi, sursa page Facebook que « chaque appel aux marches dans cette situationsanitaire dangereuse ne garantit pas la préservation de la popularité et lacrédibilité du Hirak, sa paix et son patriotisme ».

Faceà ces appels à la reprise des marches, il y a une autre partie de la société algérienne,tout aussi active sur les réseaux sociaux qui est vent debout contre le retourdu Hirak, mettant surtout en avant les risques sanitaires. 

«C’estde la pure folie d’appeler aujourd’hui les algériens à descendre dans la rue,en pleine période de confinement sanitaire, cela est de nature à favoriser unepropagation à grande échelle de la pandémie, au moment où le pays estpleinement mobilisé pour lutter contre la pandémie », souligne  jeudi dans la presse le Professeur Bekkat Berkani, membredu Comité scientifique de la prévention anti-Covid.  

« Ceuxqui appellent actuellement à la reprise de marches, sont des criminels, ilscherchent à placer leur petit jeu  politicienmalsain au dessus des priorités sanitaires du pays et de la santé du citoyen,en particulier » , accuse pour sa part un internaute, Mourad Bounouar, sur son compte FB, tout en appelant les autorités « à faireusage de leur autorité pour empêcher les fauteurs de désordre politique et sanitaire ».

Desautorités qui, faut-il le souligner, restent pour le moment sur la réserve, et ne manqueraient certainement pas d'y renoncer à cette posture si jamais la mayonnaise des appels en faveur des marches prend. Impératifssanitaires et politiques obligent.



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