Les autorités tunisiennes viennent de nous infliger une autrehumiliante leçon en décidant de récupérer la cérémonie de remise du Prix Ibn Khaldoun alors que l’événement devait être initialement organisé à l’université de Tiaret quiporte justement le nom du père fondateur de la sociologie moderne.
Un protocole d’accord avait même été signé à Mostaganem le 21septembre 2016 avec le Recteur et le Doyen de la Faculté des sciences socialeset humaines de cette université, a appris Algérie1 auprès des initiateurs decet événement.
« Nous avions achevé toutes les étapes de préparation de lacérémonie à Tiaret lorsque, soudain, en septembre 2017, les responsables del’université Ibn Khaldûn de Tiaret s’arrêtèrent brutalement de répondre à nosmails, à nos appels téléphoniques et à nos multiples rappels sans nous donnerla moindre explication concernant leur silence inexplicable et injustifiable »,déplore un de ses initiateurs qui dit « ignorer tout des causes de cerevirement inexplicable et de cette défection inexcusable. »
Nos voisins tunisiens qui ont érigé au cœur de Tunis une statutdédiée à l’auteur des monumentales « Moukadimates » (prolégomènes)ont saisi l’aubaine en décidant « de relever courageusement le défiet d’organiser, malgré le peu de temps qui restait (deux mois à peine !)la cérémonie à Tunis », ajoute notre interlocuteur.
« Nos partenaires tunisiens de l’université la Manoubaet de la Bibliothèque Nationale de Tunisie attendent de savoir quelles causesmystérieuses ont amené les responsables de l’université Ibn Khaldûn de Tiaret àmanquer si gravement à leur parole et à leur engagement dûment signé et paraphé »,souligne-t-il encore.
Les responsables de l’Université, qui ne comprennent pasque l’université de Tiaret refuse un tel honneur se demandent, à juste titre, pourquoileurs collègues algériens « leur ont infligé l’épreuve d’avoir à lesremplacer, si tardivement ! »
En attendant l’explication des responsables de l’Université deTiaret et pourquoi pas du ministre de l’Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, lui-mêmeoriginaire de la région, des questions se posent : Le recteur a-t-il subi des pressions ? De la part de qui ? Est-ce un refus de sa part d’assumerl’héritage intellectuel de cet immense savant que toute université qui se respectes’honorerait, à mettre en valeur ?.
Nos voisins tunisiens, qui connaissent la valeur intellectuelle d’IbnKhaldoun ont compris tout l’intérêt qu’il y a à se l’approprier et donc àprendre en charge cette cérémonie. En fait, ils (les tunisiens) n’en sont pas àleur premier coup, puisqu’ils ont déjà « nationalisé » Saint Augustin,grande figure algérienne (né à Thagaste-Souk-Ahras et mort à Hippone-Annaba) de la chrétienté pour en faire un argument marketing en l’intégrant dans les circuits du tourisme cultuel destiné à une clientèle européenne.
Récemment, ce sont nos voisins marocains qui ont organisé en l'espace de 5 mois deux colloques internationaux consacrés au grand écrivain Algérien Mohamed Dib, en réunissant tout un aréopage d’universitaires, dont les services culturels de l'ambassade de France à Rabat, co-organisateurs des 2 colloques) pour interroger et décrypter son œuvre immense.
C’est à croire que ces grandes figures du patrimoineintellectuel algériens, que sont Saint Augustin Apulée de Madore, Mohamed Dib et Ibn Khaldoun,posent problème aux tenants de l’orthodoxie intellectuelle islamo-intégristes.