Au contraire de l’Algérie où la situation, depuis le départ du président Bouteflika, reste figée dans la ligne tracée par le haut commandement de l’armée, les événements se précipitent au Soudan (peut-être de manière apparente?).
Ainsi, le général Awad Ibn Auf, qui avait pris la tête du Conseil militaire de transition formé après la destitution du président soudanais Omar el-Béchir, le 11 avril dernier, a annoncé sa démission 24 heures plus tard. Il a ensuite nommé un autre général, Abdel Fattah Abdelrahman Burhan, comme successeur.
Dès la survenue, le 11 avril, de ce qu’il faut bien appeler un putsch, la rue soudanaise réclamait le départ du général Awad Ibn Auf, numéro deux du régime d'el-Béchir, sous sanctions américaines pour des violations des droits de l'homme au Darfour. Avec ce slogan : «Nous avons fait tomber le premier, nous ferons tomber le deuxième». C’est désormais chose faite!
Mais la crise soudanaise recèle-t’elle pour autant des similitudes avec ce qui se passe actuellement en Algérie ? Selon un diplomate algérien successivement en poste dans plusieurs capitales d’Afrique, cité hier, samedi 13 avril, par un média parisien, «le scénario de la destitution du président soudanais Omar el-Bachir par l’armée, n’est pas comparable à celui du départ du président Bouteflika en Algérie».
D’après ce diplomate qui a gardé l’anonymat, «le général soudanais Awad Ibn Auf utilise peut-être les mêmes éléments de langage que le chef d’état-major algérien Ahmed Gaïd Salah- il a déclaré que l’armée était là pour protéger le peuple- mais l’intervention des militaires ne s’est pas faite de la même manière. Ahmed Gaïd Salah a «recommandé» le départ du président Bouteflika et encore aujourd’hui, il cherche des solutions dans le cadre de la Constitution. Au Soudan, l’armée est allée cueillir Omar el-Bachir à la présidence ! C’est un coup d’état !».
Une analyse contestée par le général soudanais Omar Zinelabidine, un des membres du Conseil militaire de transition, qui a déclaré devant des diplomates africains et arabes à Khartoum «que ce qui c’est passé au Soudan n’est pas un coup d’État militaire, mais une prise de position en faveur du peuple. Nous ouvrirons un dialogue avec les partis politiques pour examiner comment gérer le Soudan. Il y aura un gouvernement civil et nous n’interviendrons pas dans sa composition».
Le nouvel homme fort du régime soudanais, le général Abdel Fattah Abdelrahman Burhan, vient de prendre quant à lui d’importantes décisions. Il a annoncé la levée du couvre-feu, le limogeage du chef des services de renseignement soudanais (NISS), la libération de tous les manifestants arrêtés. Mais en dépit de ces annonces, la rue soudanaise restait mobilisée, hier samedi 13 avril, notamment devant le QG de l’armée.
Une différence de taille sépare les 2 situations de crise algérienne et soudanaise. Si au Soudan, les militaires ont pris directement le pouvoir par le biais du Conseil militaire de transition (dont la durée de vie est prévue jusqu’à 2 ans) en Algérie, le haut commandement de l’armée craint comme la peste de sortir du cadre constitutionnel.
Notons enfin que les jeunes soudanais (qui sont très connectés) ont certainement dû être inspirés par le Hirak algérien. Mais si en Algérie, les manifestations se sont déroulées jusqu’ici dans le calme et sans trop de heurts avec les forces de sécurité, au Soudan, un bilan officiel fait état malheureusement de 49 morts et de nombreux témoignages d’exactions ont été recensés par les ONG.