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Ouverture des comptes en devise et en monnaie nationale : les instructions du Gouverneur de la Banque d’Algérie aux responsables des banques

03-02-2020 15:55  Amel Benabi

Le gouverneur de la Banqued'Algérie (BA), Aïmen Benabderrahmane, a appelé lundi les banques de la place à faire de l'inclusion financière leur préoccupation majeure et quotidienneafin de pouvoir capter l'importante épargne non bancarisée.  

Intervenant lors d'une réunion avec les PDG et les directeursgénéraux des banques activant en Algérie, le gouverneur, installé à lami-novembre à la tête de la Banque Centrale, a souligné que l’inclusion financière"ne doit plus rester un vœu pieux" mais constituer en revanche"la préoccupation, majeure et quotidienne" des banques.

L’ouverture des comptes bancaires, tant en monnaie nationale qu’endevises étrangères, doit ainsi être "facilitée et encouragée",tout comme l’accès au crédit, a-t-il préconisé.

La place bancaire algérienne, avec à peine 1664 agences et un tauxde couverture d’une agence pour 27.587 habitants, alors que la normemondiale, est d’une agence pour 5.000 habitants, se positionne dans unpiètre classement.

Pour M. Benabderrahmane, la situation actuelle du secteur bancaireen Algérie mérite de "s’y appesantir et d’engager une réflexionprofonde à même de permettre à ce secteur de s’émanciper et d’intégrer lesstandards internationaux en termes de Gouvernance, de processus de gestionmais aussi et surtout de mobilisation et d’utilisation de l’épargne".

Ce dernier aspect "doit nous interpeller au plus hautniveau", a-t-il soutenu, en soulignant les faibles performances du secteur en lamatière. Ces contre-performances sont dus "certainement à des facteursexogènes, mais aussi à des pratiques internes, imprégnées de certainsréflexes bureaucratiques, notamment lorsqu’il s’agit de dépôts ou deretrait de gros montants". C'est que les déposants de ces montants hésitent généralement àrecourir à des dépôts importants, de crainte de ne pouvoir récupérer leursavoirs au moment voulu, ce qui induit une méfiance du grand public envers lesecteur bancaire, analyse justement de gouverneur.

Ainsi, il a tenu à attirer l'attention des banques sur lanécessité de mettre en place des mécanismes et une organisation adéquatspermettant "d’éradiquer les pratiques préjudiciables aux intérêts desusagés et de rétablir ces derniers dans leur droit de disposer de leur dépôts àtout moment, comme le requiert d’ailleurs la législation et la réglementationen vigueur".

Les obligations du secteur bancaire, poursuit-il, sont plus quejamais importantes vue la situation économique actuelle du pays qui enrecommande une implication dynamique, innovante et efficace dans le processusdu développement et donc du financement des projets à haute valeurajoutée économique, à travers la captation des ressources non bancarisées. Pour pallier les défaillances, notamment en matière d'inclusionbancaire, il faudrait, selon lui, "regagner la confiance des usagers,des opérateurs et des clients" en passant par une révision des modalités etdes modes de fonctionnement des banques et des établissements financiers.

De plus, l’amélioration de la qualité des services,l’accompagnement des clients dans leurs projets, l’activité de conseils, les actionsrégulières de marketing doivent prévaloir dans les processus de gestionquotidienne des banques et des établissements financiers. Des actions de proximité sont souhaitables, poursuit M.Benabderrahmane, pour familiariser le citoyen avec l’environnement bancaire, mais particulièrement avec les activités bancaires et à l’apportéventuel de ces dernières dans sa vie quotidienne.

La modernisation des banques en réseau, en exercice actuellement en Algérie, doit, en outre, s’accommoder avec la conversion numériquepour capter des parts de marchés certaines. "La digitalisation ne doit plus être une allégorie, mais uneréalité accessible", a-t-il dit en invitant les banques à fairemontre de plus d’agressivité, d’imagination et d’innovation pour asseoir unepolitique de,digitalisation assurée. Et tout comme la gouvernance, la gestion des risques gagnerait àêtre améliorée, notamment en ce qui concerne la norme réglementaire de liquidité, a encore recommandé le gouverneur.

Le non-respect par certaines banques de cette norme est "laconséquence directe de la détérioration de la qualité des portefeuillesdétenus par elles,  ce qui signifie à labase, une insuffisante des dispositifs de ,gestion des risques", a-t-il affirmé. Les risques bancaires sont donc appelés à "être constammentmis à jour et renforcés, à travers notamment une révision de leurcartographie". Pour ce qui est du contrôle interne, leurs processus doivent, àleur tour, être constamment mis à jour. En plus, le système d’information au niveau des banques, doitfaire l’objet d’un plan stratégique validé par le premier organe degouvernance de la banque.

Revenant sur les différents reportings transmis périodiquement parles banques à la Banque d’Algérie, il a rappelé aux responsables desbanques l’obligation légale et réglementaire inhérente à l’existence d’une information fiable, de qualité et à temps mais aussi la pertinence d’intégrer les reportings comptables et prudentiels dans lesystème d’information des banques Commerciales.

 Mais pour réussir tous ces challenges, le gouverneur a misl'accent sur la nécessité d'instaurer un cadre permanent de dialogue et deconcertation avec les acteurs de la place. "Il est utile d’instaurer, voire d’instituer des cadres deconcertation et de dialogue pour permettre l’éclosion de nouvelles perspectivespour la profession à travers un traitement efficace et une prise en chargeoptimale des préoccupations, afin que les entraves qui constituent un freinà l’essor de l’activité bancaire soient définitivement levées",a-t-il soutenu.

Cela ne sera possible qu’à travers un dialogue régulier,responsable, serein et fructueux", a-t-il ajouté en promettant d'organiserdes rencontres de concertations avec les responsables des banques tousles deux mois. 

M. Benabderrahmane a tenu à rassurer les banquiers de l'assistancede la BA et de son accompagnement pour répondre au mieux et dans lesmeilleurs délais aux préoccupations de la place. "Sachez qu’il n’y aura plus d’écueils sans d’interventionrapide et diligente de la part de la Banque d’Algérie", a-t-il encorepromis. (Avec agence)



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