Les populations du Rif dans le Nord du Maroc poursuivent leur protestation pour dénoncer la "corruption" de l'Etat et dénoncer "la militarisation" de leur région. En effet, des milliers de personnes se sont, une nouvelle fois, rassemblées, hier soir, dans la ville de la région du Rif, El-Hoceïma. Ils scandaient des slogans hostiles aux autorités marocaines. Ces scènes de protestations ont été largement partagées et relayées sur les réseaux sociaux pour casser ainsi le black-out imposé par le royaume au sujet de cette protestation
Les manifestants scandaient des cris de "Vive le Rif" ou"non à la militarisation". Sur une banderole brandie par les manifestants est écrit " Etes-vous un gouvernement ou un gang?". D'autres brandissaient des drapeaux aux couleurs amazighes. Le rassemblement a été précédé d'une marche
Le leader du mouvement, Nasser Zefzafi a pris la parole sur la place principale de la ville d'El-Hoceïma pour rappeler le caractère pacifique de leur protestation et les principales revendications tout en dénonçant la "corruption" de l'exécutif et des politiciens locaux, les "mafias" locales, "l'esprit de répression" de l'Etat et de ses services de renseignement qui "manipulent les institutions", la "présence massive" des militaires dans la ville, le "sous-développement" de la région, le nouveau gouvernement islamiste et d'autres griefs retenus contre les autorités locales.
Il a, une nouvelle fois, saisi l'occasion pour rejeter les accusations de séparatisme lancées contre le mouvement de protestation des populations du Rif, exigé la "libération" de militants de sa mouvance et la "démilitarisation" de la province.
Le rassemblement s'est déroulé sans incident, et s'est dispersé vers 22H00 locale (21H00 GMT), selon des sources locales.
Selon les autorités locales, les protestataires étaient près de 5.000, dont la moitié était des mineurs et une majorité venait de l'extérieur de la ville et même de la province. Alors que les initiateurs du mouvement parlent de 200.000 manifestants.
D'importants renforts des forces de l'ordre ces derniers jours dans et autour de la ville
Pour rappel, la région du Rif, réputée frondeuse et conservatrice, la province d'El-Hoceïma est le théâtre de manifestations récurrentes depuis la mort fin octobre 2016 d'un vendeur de poisson, broyé accidentellement dans une benne à ordures.
L'incident avait suscité l'indignation dans le pays, qui a pris la forme à Al-Hoceïma d'un mouvement plus social et politique.
Mené par un groupe d'activistes locaux, le "hirak" (la mouvance) pose de nombreuses revendications pour le développement du Rif, qu'il estime marginalisé.
L'Etat de son côté met en avant les importants efforts financiers consentis ces dernières années, et a multiplié les annonces en faveur de l'économie locale. Le ton s'est néanmoins durci ces dernières semaines.
Via les réseaux sociaux, les activistes du "hirak" ont multiplié les paroles de défiance et les harangues contre la "répression" du pouvoir, tandis que l'exécutif a dénoncé les "intox" des militants et annoncé une prochaine riposte judiciaire.