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Les sous et les dessous de l’ANEP : Larbi Ounoughi dévoile le pot aux roses

06-08-2020 12:05  Djamil Mesrer

Aulendemain de sa nomination à la tête de l’ANEP, après un bref passage commeconseiller du ministre de la Communication, Larbi Ounoughi s’est engagépubliquement à lever le voile sur les grosses magouillesau sein de cette entreprise publique emblèmede la corruption généralisée sous l'ancien régime.

Dansun entretien accordée jeudi aux journaux El Watan et El Khabar, Larbi Ounoughi lève un coin du voile  sur cette mécanique de la corruption qui abrassé des milliers de milliards de lapublicité étatique, permettant à des inconnus sans rapport aucun avec la pressed’édifierdes fortunes pharaoniques et partir aujourd’hui se dorer la pilule sur la côtéespagnole.

Leschiffres révélés par Larbi Ounoughi dans ce double entretien-vérité fera datedans les annales de la presse algérienne où l’omerta mafieuse, quand il s’agitde l’argent de la publicité étatique,est de mise. Des chiffres qui donnent à la fois le vertige, tant on a de la peine à les appréhenderintellectuellement et aussi la nausée, tant ça sent aussi la pourriture morale.

« Quandon a analysé la situation, on a trouvé que l’ANEP pouvait être tout, sauf une entreprise »,confesse d’emblée Larbi Ounoughi quirévèle le pactole de 15.000 milliards de centimes (1,5 milliard d'euros), brassés ces dernières années,dont 4.300 milliards de créances impayées de l’ANEP et plus de 5.000 autres milliardstombés sous le coup de la prescription, donc perdus à jamais.  

Commel’ANEP est devenue une sorte de poule aux œufs d’or, il y a eau depuis 2102 pasmois de 347 agréments accordés par l’administration pour la création de journauxdont 40 titres à des prête-noms et 40 autres la propriété de députés et sénateurs ! C’est dire !

Leplus emblématique d’entre eux étant l’inénarrable Abderahmane Si Afif, député de Mostaganem etprésident de la commission des Affaires etrangères de l’APN à plusieursreprises. Avec deux titres « Manbar E Koura » en arabe et la « Tribunede l’Ouest », Si Afif a pu engranger en huit ans un pactole de...109 milliards de centimes.

Uneautre célébrité nationale, Rabah Madjer, qui n’est pourtant pas dans le besoin.Il est propriétaire de deux titres « El Balagh Erriadhi » et « ElBalagh », encaissant ces troisdernières années 30 milliards decentimes.

Onapprend également à travers les propos de Ounoughi qu’à part quelques journauxqui sont de vrais projets éditoriaux et professionnels, avec des tiragesrespectables, le reste c'est-à-dire la plupart des titres tirent à peine à 2.000 exemplaires, juste pour avoir droit auxpages de publicité. Et une fois imprimés ces journaux , abandonnés à l’imprimerie,prendront le chemin d’une autre mafia, celle de la vente au kilo qui se chiffreaussi en milliards de milliards.

L’anciendirecteur de l’ANEP Amine Ichikr, quant à lui, il a fait très fort. Il a versé l’équivalent de 54 milliards decentimes à sa femme qui est éditrice duquotidien de Reporter, alors que cette relation commerciale pose un « problème d’intérêts », comme le rappelle à juste titre Larbi Ounoughi.  

Eddough,un journal édité par les enfants de l’ex-chef d’Etat-Major, Ahmed  Gaid Salah, s’est vu lui aussi couper lesvannes de la publicité étatique et ducoup a cessé de paraître, faute  de nerf de la guerre.

En tout, c’est pas moins de 107 titres qui ont cessé de paraître.Mais leurs propriétaires ont eu  tout leloisir  de s’en mettre plein les fouilles,pendant que les vrais journalistes se retrouvent aujourd’hui sur le carreau.

Sil’entretien de Larbi Ounoughi  braqueaujourd’hui la lumière sur le pot au roses de l’ANEP, on sent qu’il n’a pastout dit. Mais c’est déjà un pas dans le bon sens en attendant aussi « transparence et vérité » sur lesimprimeries de l’Etat, un autre lieu géométrique de la corruption.   



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