Les Etats-Unis ont subi hier vendredi 14 août, une lourde défaite diplomatique au Conseil de sécurité des Nations unies, où ils tentaient d'obtenir l'aval des membres du Conseil, en vue d'une extension de l'embargo sur les ventes d'armes à l'Iran.
En effet, au cours du vote la Russie et la Chine, alliées de Téhéran, ont opposé leur veto, alors que onze pays membres, parmi lesquels la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne se sont abstenus.
Seuls les États-Unis et la République dominicaine ont voté pour.
Le Conseil de sécurité de l'Onu n'a ainsi pas soutenu la résolution américaine visant à prolonger l'embargo sur les ventes d'armes à l'Iran. Cet embargo arrive à expiration le 18 octobre, selon les termes de la résolution de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015 entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne.
"L'incapacité du Conseil de sécurité à agir de manière décisive pour défendre la paix et la sécurité internationales est inexcusable", a réagi furieusement dans un communiqué le faucon secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo.
L'ambassadeur chinois à l'Onu, Zhang Jun, a déclaré à l'issue du vote que le résultat "montre une nouvelle fois que l'unilatéralisme ne reçoit aucun soutien et que le harcèlement va échouer".
Satisfaction à Téhéran
Téhéran s'est moqué de Washington qui n'a pu obtenir qu’une seule voix de soutien, celle de la minuscule république dominicaine.
Pour le président iranien, Hassan Rohani, les Etats-Unis n’ont pas réussi à mettre fin à l’accord « à moitié vivant » de 2015 avec les grandes puissances qui a permis à l’Iran d’échapper aux sanctions en échange d’une réduction de son programme nucléaire.
« Les Etats-Unis ont échoué dans cette conspiration, humiliés », a déclaré M. Rohani lors d’une conférence de presse retransmise à la télévision.
« A mon avis, ce jour restera dans l’histoire de notre pays et dans l’histoire de la lutte contre l’arrogance mondiale. »
« Pendant les 75 ans d’histoire des Nations unies, l’Amérique n’a jamais été aussi isolée », a souligné pour sa part le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères, Abbas Moussavi. « Malgré tous les voyages, pressions et colportages, les Etats-Unis n’ont pu mobiliser qu’un petit pays (pour voter) avec eux », a-t-il ajouté en référence aux efforts du chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, pour rallier des soutiens à la résolution américaine.
Le "Snapback" est illégal
Washington pourrait désormais mettre en oeuvre sa menace de déclencher le "snapback", un mécanisme intégré à l'accord de 2015 sur le programme nucléaire de l'Iran qui permet un retour automatique au régime de sanctions internationales contre Téhéran qui prévalait auparavant.
Des diplomates ont indiqué que les Etats-Unis pourraient lancer ce processus dès la semaine prochaine mais que cela devrait donner lieu à une bataille acharnée, alors que l'administration Trump s'est retirée en 2018 du Plan d'action global commun (PAGC) signé à Vienne en juillet 2015.
"Dans les prochains jours, les Etats-Unis vont donner suite à cette promesse de ne reculer devant rien pour prolonger l'embargo sur les armes", a dit dans un communiqué l'ambassadrice américaine à l'Onu, Kelly Craft.
Un éventuel "snapback" aurait certainement pour effet de tuer le PAGC, alors que Téhéran a déjà commencer à violer des termes de l'accord en réponse au retrait de Washington et à la réimposition de sanctions américaines unilatérales.
"L'imposition de quelconques sanctions ou restrictions contre l'Iran par le Conseil de sécurité donnera lieu à une réponse ferme de l'Iran et nos options ne sont pas limitées", a prévenu l'ambassadeur iranien aux Nations unies.
"Les Etats-Unis et toute entité qui pourrait soutenir ou accepter ce comportement illégal en porteront l'entière responsabilité", a ajouté Majid Takht Ravanchi dans un communiqué.
Plus tôt dans la journée, le président russe Vladimir Poutine a proposé la tenue d'un sommet virtuel avec les Etats-Unis et les parties toujours prenantes de l'accord de 2015 - France, Allemagne, Grande-Bretagne, Chine et Iran - en vue d'éviter une escalade à l'Onu à propos de l'Iran.
La France est disposée à prendre part à cette réunion, a fait savoir l'Elysée.
A la question de savoir s'il participerait aux discussions, le président américain Donald Trump a déclaré à des journalistes: "J'ai entendu qu'il y avait quelque chose, mais on ne m'en a pas encore parlé". (Avec Agences)