Les résultats des électionslégislatives ont souligné un peu plus le fossé qui sépare le peuple de sesélites politiques. Au delà du nombre de sièges glanés par les uns et lesautres, il faut surtout mettre l’accent sur le nombre impressionnantd’algériens qui on zappé ce rendez-vous électoral. En effet, si l’on additionnele faible taux de participation de 28,5 au nombre encore inconnu (?) desbulletins nuls, on aboutira à une grande désaffection populaire. C’est sansdoute le principal enseignement à tirer de ce scrutin qu’on a présenté comme «crucial». La foulen’était pas au rendez-vous. Elle a tourné le dos aux urnes. De fait, leskilomètres de discours de sensibilisation des algériens ne se sont avéré nulsface à des citoyens désabusés par une pratique politique malsaine où l’argentsale, la corruption, et l’arrogance ontété érigés en «valeurs».
Le FLN recule
C’est dire que l’échec esttotal pour toute la classe politique qu’elle soit du pouvoir ou del’opposition. Les algériens ont renvoyé dos à dos les deux camps, leursignifiant que leurs petits jeux ne les intéressent plus. Il faudrait désormaistirer les leçons de ce désaveu populaire.
A commencer par le parti duFront de libération nationale (FLN), qui a été sévèrement sanctionné par lesurnes. Avec seulement 164 sièges remportés, il perd pratiquement 25% de sonscore en 2012. Son bouillonnant secrétaire général, Djamel Ould Abbès, a ététerriblement contredit dans ses pronostics, lui qui promettait un razde marrée et une majorité écrasante. Le FLN a perdu de sa superbe malgré son discours rouleaucompresseur.
Le RND renait…
Le FLN est l’une des grossessurprises de ce scrutin même s’il garde la première place. En revanche son frère ennemi,Ahmed Ouyahia du RND a su mener une campagne pragmatique sans tambour nitrompette en égrenant des propositions concrètes pour régler les problèmes del’Algérie. Son score inattendu de 97 sièges est une grande victoire. Ilenregistre un bonus de près d’une trentaine de sièges par rapport à 2012.
Conséquence immédiate : le FLN de Djamel Ould Abbès sera incapable de former ungouvernement seul. Il est obligé de tendre la main au RND pour articuler unemajorité au parlement. Ils partagent certes le soutien au président de larépublique, mais leurs agendas sont sûrement différents.
Les islamistes laminés
Ahmed Ouyahia et son RND ontrésisté aux coups qui leur sont portés notamment par les «redresseurs». Et lescore engrangé est là pour acter le retour de ce parti au devant de la scène àdeux ans de la présidentielle.
Dans le pôle islamiste, l’alliance MSP n’a pas pu faire mieuxqu’un modeste score de 33 sièges malgré l’euphorie d’Abderrazak Makri quipromettait de damer le pion au binôme FLN-RND.
Avec ses «frères» de l’alliance Al Bina Adala, de Djaballah, lecourant islamiste qui ne représente qu’une soixantaine de siège à l’APN est mishors d’état de nuire.
FFS, PT et RCD : la chute
Il faut noter également la descente aux enfers des partistraditionnels. Le FFS n’en a gagné que 14 sièges dont 8 en Kabylie. Le RCD semble lui aussi orphelin de SaidSadi en enregistrant le pire score depuis sa naissance avec seulement 9 petits sièges seulement.
Il fait moins que le MPA de Amar Benyounès qui a gagné 14 siègesmême s’il a été laminé à Alger où aucun candidat n’a été élu. En revanche leTAJ d’Amar Ghoul a tenu le coup, avec ses 19 sièges, se plaçant ainsi à la 4ème position derrière les indépendants qui ont raflé 28 sièges ! Le parti destravailleurs à lui aussi perdu des plumes en redevenant un petit parti avecseulement 11 candidats élus dont 6 à Alger. Le FrontEl Moustakbal d’Abdelaziz Belaid, arrivéà la 3ème place lors de la présidentielle de 2014, a conforté sa popularité en obtenant 14 sièges dont un àBéjaia.
Tout compte fait, ces chiffres et ces résultats paraissent plusau moins crédibles eu égard aux situations internes de chaque parti et à lanature de son discours. Il reste que le désaveu populaire est cinglant vis-à-visde la chose politique. Et c’est à ce niveau qu’il faudra agir. (photo Reuters)