Le torchon brûle à nouveau entre lesyndicat des magistrats et le ministère de la justice. En cause, un mémorandum-instruction adressémercredi par l’inspecteur général du département de Belkacem Zeghmati, AbdelkaderHamdane, aux présidents et aux procureurs généraux des tribunaux des 48wilayas, dans lequel il leur exprime sa «grande déception» par rapportà certains verdicts prononcés et décisions judiciaires prises «qui n’ontaucune base juridique».
Le ton de cette fameuse lettre consultéepar nos soins est particulièrement décapant à l’égard des magistrats qui voient leurs jugements rendus au «nom dupeuple» tout simplement discrédités par la chancellerie.
Et la réaction du syndicat des magistratsest tout aussi cinglante, vingt-quatre heures après que le département deBelkacem Zeghmati ait discrédité publiquement leur travail.
Dans un communiqué rendu publicaujourd’hui jeudi, il s’en prend vertement à l’inspecteur général au ministèrede la justice, coupable de s’être «érigé comme une autorité judiciaire enmesure de juger les décisions de justice alors qu’il est un simplefonctionnaire au ministère».
Pour lesyndicat présidé par Issad Mabrouk, cette façon de faire est un «dépassementdangereux des prérogatives juridiques de l’inspection générale et constituentune atteinte flagrante au travail des services judiciaires seuls habilités àjuger et commenter les décisions de justice».
Lesyndicat des magistrats considère ce courrier comme une «preuve de lavolonté du pouvoir exécutif de maintenir ses interférences dans le travail dupouvoir judiciaire dans notre pays».
Tout enappelant les magistrats à ne pas tenir compte de ce mémorandum-instruction qui«contredit expressément les principes de la loi», le syndicat exige duministère son retrait «immédiat et la présentation d’excuses officielles» auxmagistrats de la république du fait que ce document «porte atteinte à leurcrédibilité ainsi que celle de l’institution judiciaire».
De fait,la tension est ainsi remontée d’un cran entre la chancellerie et le syndicat des magistrats après une accalmie d’à peine deux mois dans le sillage du scandalequi a eu lieu à Oran quand des forces de l’ordre firent irruption dansl’enceinte même du tribunal pour s’en prendre aux magistrats qui observaientune grève contre le mouvement décidé par Belkacem Zeghmati.
Notons enfin que lareprise de ce bras de fer intervient au moment oùl’action de la justice est fortement critiquée par la classe politique et lemouvement populaire.