«Narcissisme maladif», «indécence»,«esprit revanchard», «grave dérive», «ambition aveugle», «incohérence dudiscours», «apprentis analystes»…Les mots sont forts. Très forts. C’est unmissile que vient d’envoyer le général de corps de l’armée Ahmed GaidSalah, à tous les officiers supérieurs à la retraite qui oseraient montrerleurs têtes ou hausser le ton.
Sa cible prioritaire et apparente ?Le général-major Ali Ghediri qui s’est distingué ces derniers temps par des interpellations,par voie de presse, de tous les hauts responsables du pays notamment leprésident Bouteflika lui-même et le chef d’état-major de l’armée.
Et visiblement ces écrits ont faittrès mal là-haut au point de susciter une riposte incisive et massive. AliGhediri qui s’est permis d’outrepasser la loi n°16-05 du 03 août 2016, quiastreint les officiers supérieurs de l’armée à la retraite à l’obligation deréserve, en a pris pour son grade.
Et pour cause ! Dans tous ses écrits, il se faisait un point d’honneur de préciser qu’il était un homme légalisteet respectueux des lois des lois de la République, ce qui n’est manifestement pas le cas puisque tout le monde a été étonné delire ses «contributions» et ses interviews de manière régulière depuis le moisde septembre dernier, en violation flagrante précisément de la loi.
On se posait alors légitimementla question de savoir s’il n’était pas mandaté de manière informelle pourporter la voix du commandement de l’armée notamment par rapport à la problématiquede la présidentielle dont les contours restent flous avec l’état de santé duprésident.
La force de la loi
Le silence de l’état-major de l’ANPa renforcé l’idée qu’Ali Ghediri pouvait être une sorte de porte-voix de la hiérarchieface au clan supposément adversaire de la présidence. Ce n’était finalement qu’un calme qui annonçait une grosse tempête.
En effet, lcommuniqué rendu public aujourd’hui par le MDN est une riposte à l'artilerie lourde à l’attaquefrontale du général Ali Ghediri. Et àtravers lui à tous ceux qui seraient tentés de prendre leurs plumes pour réglerleurs comptes ou prétendre peser sur le cours des évènements.
Et ce n’est pas fini. La cible estdésormais à portée de tir. Le MDN promet de la réduire au silence par la forcede la… loi. Le communiqué précise en effet que compte tenu des «agissementsrécurrents qui ont dépassé, par leur indécence, le seuil de l'intolérable,notre institution se réserve le droit de faire appliquer à l'encontre de leursauteurs, les mesures légales appropriées».
Tout porte donc à croireque le général-major Ghediri sera trainé prochainement devant les tribunauxcomme l’a été son ami Benhadid qui s’en était pris lui aussi à Ahmed Gaid Salah parvoie de presse.
Vu sous cet angle, la réaction duministère de la Défense parait tout à fait logique et légitime. Elle est mêmeintervenue un peu en retard du fait que les textes-missiles du général Ghediriont commencé à être tirés depuis le mois de septembre.
Sur les traces de Benhadid
A moins que le chef de l’armée,Ahmed Gaid Salah, ait choisi le contexte pour préparer son coup et faire taired’autres officiers qui pourraient remonter au front pour tendre l’embuscade aucinquième mandat.
Parce qu’il ne faudrait pas être naïf.Au-delà de l’aspect illégal de la chose et où Ali Ghediri est clairement en porteà faux, c’est surtout l’arrière-pensée politique qui a provoqué une chargeaussi violente.
Que le communiqué soit endossé auMDN est signe que l’état-major et la présidence seraient sur la même longueur d’ondesdu fait que le président de la république soit le Ministre de la Défense. C’est en tout cas la première lecture à faire.
On pourrait en déduire que l’optionchoisie pour avril 2019 fait consensus entre les Tagarins et le palaisd’El Mouradia, et il n’en a jamais été autrement. Et l’intrusion du général major Ali Ghediri a en quelque sorte chahuté cette entente pour le meilleur et pour le pire.
Le communiqué suggère égalementqu’Ali Ghediri n’est pas un sniper qui agit seul mais un élément d’une «machinationfomentée par des cercles occultes». D’aucuns penseraient naturellementà l’ex patron du DRS, Mohamed Médiéne dit Toufik dont Ali Ghediri serait le porte-voix et le poulain.
«Les cercles occultes», nepeuvent être d’après la substance du communiqué que les cellules dormantes de l’ex«Rab Ezzayer» dont certains journaux ont annoncé, un brin jouissifs, le retouraux affaires.
Ce violent rappel à l’ordre duMDN semble annoncer la fin de la récréation et augure d’un retour de bâton pour celui qui a volontairement piétiné la loi. Il sonne au même temps comme un coup de sommation pourles officiers actifs ou «passifs» qui seraient tentés d’enfiler à nouveau l’uniformepour aller participer à une embuscade…politique.