Les services de police judiciaire de la sûreté de la wilaya de Tipaza ont auditionné, mardi dernier, le jeune romancier algérien Anouar Rahmani pour s’expliquer sur le contenu de son dernier roman "La ville des ombres blanches" écrit en arabe et publié sur Internet. La convocation par la police d'un auteur est une première en Algérie. Anouar Rahmani est étudiant en droit , blogueur et écrivain.
L'information est révélée, jeudi, par le quotidien Le Soir d'Algérie qui précise que l' écrivain a été sommé de s'expliquer sur certains passages de son roman, en l’occurrence des lignes où le personnage rencontre un sans-abri appelé Dieu.
Citant l'auteur, la même source, rapporte qu'il a été auditionné pendant de longues heures par les éléments de la PJ de Tipasa. Ces derniers l'ont questionné sur ses croyances religieuses, ses convictions politiques, ses chroniques publiées sur le quotidien El Watan.
A en croire la même source, les policiers lui ont notifié une série de griefs retenus contre lui comme"l'atteinte à l’entité divine et à la religion ainsi que l’utilisation de termes sexuels".
L'auteur a confié avoir refusé de répondre à la question sur ses croyances religieuses en mettant en avant que «nul n’a le droit d’interroger un citoyen sur sa religion et si j’avais répondu, j’aurais renoncé à l’un de mes droits fondamentaux et constitutionnels ».
Anouar Rahmani a réfuté les accusations portées à son encontre en soutenant que l’essence fictionnelle et allégorique de certains passages et en précisant que les vocables dits sexuels (pénis et vagin) étaient des termes quasi-scientifiques que l’on retrouve dans les livres scolaires".
Au bout de son audition, un procès-verbal lui a été établi par les éléments de la police judiciaire, lequel sera envoyé au procureur de la République qui décidera de la suite de l’affaire. Le jeune auteur confie s'attendre à une convocation qui pourrait aboutir à un procès.
Il précise que les chefs d’accusation portés contre lui peuvent lui valoir dix ans de prison ferme tout en soulignant que "ce serait la première fois dans l’histoire du pays qu’un écrivain comparait devant un tribunal pour ce qu’il a écrit dans une oeuvre de création. Si cela se fait, ce sera la porte ouverte à toutes les répressions».