Le projet d’amendement du Code pénal,adopté cette semaine par le Parlement, aura constitué une grosse pomme de discorde dans le secteur de lajustice, au point de faire bouger les lignes, côté magistrats.
Dans ce contexte, et si le Club desMagistrats a eu, samedi, une attitude plutôt soft, traduite par les réserves deson président Saâdedine Marzoug qui a estimé, via un post sur Facebook que les dispositions du nouveau Code visaientà «renforcer l’emprise sécuritaire dans la société», le SyndicatNational des Magistrats (SNM) n’est pas allé avec le dos de la cuillère, loin s’enfaut.
Réagissant, samedi, à son tour, leSNM a, dans un communiqué rendu public, fustigé le ministère de la Justice BelkacemZeghmati, coupable, à ses yeux, d’avoir « faitcavalier seul» dans l’élaboration du projet d’amendement du Code pénal enignorant le Syndicat, chapeauté parIssad Mabrouk (Photo).
Mettant des munitions à ses armes, leSNM dénonce un texte «mal rédigé, avec des dispositions élastiques, constituantune violation du principe de la légalité criminelle qui veut que les faitsincriminés soient clairement définis, afin de préserver les libertés et lesdroits des individus», faisant monter en puissance le propos quand il interpellele président de la République à prendre « des mesures urgentes pourprotéger le juge de tout abus, pression ou interférence qui pourraient influersur son action et décrédibiliser ses jugements et de neutraliser les forces dumal et de la tyrannie qui ont œuvré à utiliser la justice contre les intérêtsdu pays».
Vient ensuite la guerre à terraindécouvert. S’adossant aux cas des deuxprocureurs adjoints à Tiaret et Aïn M’lila placés en détention, dont il dénoncele procédé, le Syndicat y voit un acharnement de Zeghmati contre lesmagistrats «en instrumentalisant des poursuites contre eux et en insistantsur leur emprisonnement pour des considérations de vengeance à cause de leurattitude lors du mouvement de protestation auquel a appelé le SNM le 26 octobre2019», soutient-il.
Et de conclure prévenant que «ces pratiques flagrantes qui serépètent sous l’actuel ministre, constituent une forme de pression sur letravail de la justice et une violation de l’article 166 de la Constitution quiprotège le juge de toute forme de pression et d’ingérence et de l’article 165qui stipule que le juge n’obéit qu’à la loi».
Ainsi, et six mois après une premièresalve, que na pu contenir que l’échéance de la Présidentielle du 12 décembre2019, Issad Mabrouk et ses pairs du SNM rallument la mèche d’un torchon quirisque de brûler fort, cette fois.