Les médias algériens et ceux qui les fontc'est-à-dire les journalistes algériens n’ont pas le cœur à la fête aujourd’hui, 3 mai, qui marque la journée internationale de la libertéd’expression.
En effet la crise du secteur des médiaset de la presse n’a jamais été aussi terrible au point qu’elle menace nombred’entre eux de mettre la clé sous porte.
Les professionnels ont presque enviequ’on zappe ce 3 mai qui leur rappelle leur triste condition de journalistes enliberté conditionnelle voire en sursis.
Une année après le Hirak populaire pourle changement du système, force est d’admettre que pas grand chose a changépour le quotidien des journalistes.
Et l’horizon ne s’annonce guère reluisanten termes de liberté d’expression et de la presse, en ce sens qu’il est de plusen plus difficile d’exercer ce métier que ce soit dans les rédactions ou dansl’espace public.
L’impasse politique qui continue malgrél’élection d’un nouveau président qui bute sur un Hirak inflexible, n’a paslibéré les médias, devenus au contraire de véritables armes de destructionmassive entre les mains de l’un et de l’autre.
L’équation se résume à ce terrible duel àdistance entre le nouveau pouvoir et le mouvement populaire.
«Si tu n’es pas avec nous, tu es contrenous ! »
Les médias notamment les chaînes de télévision et lesjournaux privés subissent directement ce Maccarthysme en vertu duquel on lessomme de choisir leurs camps.
Si les télévisions «off shore» tenues légalement en laisse par les autoritésavec leurs statuts «hybride», n’ont pas eu le choix que de rentrertranquillement dans les rangs, certains journaux essayent difficilement de faire de la résistance, alors qu’on vient d’apprendre qu’un journal arabophone à grande audience vient de fermer boutique.
Sachant qu’ils ne pourront survivre àmoyen terme sans la manne publicitaire de l’ANEP, certains éditeurs ont choiside mettre leurs «idéaux» sous le coude pour sauver leurs entreprises financièrementen danger de mort.
Quand aux journaux électroniques, lepouvoir a trouvé un moyen imparable de les faire taire : bloquer l’accès internet aux algériens qui souhaitent les lire !
Ils sont au moins cinq web journaux àêtre black-listés par les autorités au prétexte qu’ils diffusent des faussesnouvelles.
C’est dire que le cœur n’est plus à lafête en ce 3 mai 2010.
Le ministre de la communication, lui-même un ancienjournaliste, a beau répéter, que la liberté de la presse est respectée enAlgérie, les faits sont têtus.
Passons sur la terrible situation socialedes journalistes qui travaillent dans les groupes médiatiques des ex hommesd’affaires aujourd’hui en détention.
Cela fait par exemple neuf (9) mois queles salaires du groupe Média Temps Nouveau, appartenant à Ali Haddad, n’ont pasperçu un traitre sou.
Le gouvernement Djerrad et avant celui deBedoui avaient promis, en vain, de régler la situation.
Des centaines de journalistescontinuent ainsi de faire leur travailsans trop savoir quand est-ce que leur cauchemar va prendre fin.
Pour eux, ce 3 mai 2020, leur rappelle juste leur triste sort de ne pas savoir de quoi sera fait le 3 mai 2021.