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Il y a un an disparaissait la moudjahida Djamila Amrane-Minne

15-02-2018 15:14  Amine Bouali

Il y'a un peu plus d'un an, le 11 février 2017, disparaissait, à Alger, la moudjahida Djamila Amrane, née Daniele Minne, à l'âge d'un peu plus de 77 ans. Pour commémorer ce triste anniversaire, le service de radiologie du CHU  "Khellil Amrane" de Bejaïa, vient d'être baptisé du nom de la défunte. Nous avons demandé, à cette occasion, au docteur Yama Triki, natif de Tlemcen, qui a exercé depuis 1962, la médecine à Bejaïa et qui a connu la regrettée moudjahida, de nous dire quelques mots sur son héroïque parcours.


"Djamila Amrane, née Danièle Minne, quitta ce monde, nous confie le Docteur Triki, discrète dans sa mort comme elle l'a été dans sa vie. Elle avait émis le vœu d'être enterrée à Bejaïa, dans le carré des Amrane, où reposent Baba Salah, Yemma Aouaouche, ses beaux parents, Ahmed, le plus jeune de ses beaux-frères, et d'autres membres de sa famille. Elle les a rejoint dans le cimetière de cette ville qu'elle aimait tant".


img_5a85a4d2796c8.png"Née à Neuilly-sur-Seine, en France, Djamila s'était établie, en 1947, à l'âge de huit ans, à Tlemcen, en compagnie de ses parents, Jacqueline et Pierre Minne, enseignants et militants communistes. Elle y fréquenta le collège de Slane (actuellement collège Ibn Khaldoun). Sa mère Jacqueline, remariée avec Abdelkader Guerroudj, en 1950, après son divorce (tous les deux seront condamnés à mort, par les tribunaux de la colonisation, pendant la guerre d'Indépendance) est décédée, il y a un peu plus de trois ans".

"Djamila Amrane participa activement à la guérilla urbaine, dès l'âge de 17 ans, à Alger où ont milité également sa mère et son beau-père, dans l'organisation des Combattants de la Libération et du Réseau de Yacef Saadi. Puis elle prit le maquis où elle fut affectée à l'organisation sanitaire de la wilaya 3. Elle fut arrêtée en 1957, au cours d’un accrochage durant lequel fut tuée la chahida Raymonde Peschard" rappelle le Docteur Triki, comme pour ne pas oublier la dette infinie contractée à l'encontre de ces êtres d'exception.

"Après l'indépendance de l'Algérie, Djamila Amrane mena une brillante carrière universitaire à Alger. Menacée durant la terrible décennie noire, elle ira un temps enseigner à l'université de Toulouse. Elle avait consacré sa thèse de troisième cycle à "L'emploi à Bejaïa" et celle de son doctorat d'Etat à un sujet qui lui tenait à cœur, "Les femmes dans la révolution algérienne", une étude qu'elle publia, par la suite, sous forme de deux ouvrages de référence".

Le Docteur Yama Triki témoigne que "l'ambulance qui transportait le corps sans vie de Djamila Amrane, d'Alger vers Bejaïa,  fit une halte inopinée à Ighzer Amokrane où les autorités locales tinrent à lui rendre hommage et où une vieille moudjahida de la région, ayant combattu auprès de la défunte, recouvrit  son cercueil de l'emblème national".

"La cérémonie de l'enterrement fut des plus simples. Après la traditionnelle prière d'adieu, effectuée à la mosquée de Sidi Soufi, une sobre oraison funèbre fut prononcée au cimetière Sidi Abderrrahmane, par le responsable des anciens moujahidines. L'émotion était intense. Une foule dense (où étaient présents l'époux de la défunte, son fils, son frère, son beau-père- le toujours fringant jeune homme, âgé aujourd'hui de 90 ans, Djilali Abdelkader Guerroudj- ainsi que ses amis et la population bougiote) l'accompagna à sa dernière demeure".

Paix à son âme. Que son nom, Djamila Amrane, née Danièle Minne, sur cette terre d'Algérie où elle repose désormais, résonne pour toujours.



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